Call of Duty : Vanguard vs Hell Let Loose

Le nouveau Call of Duty se déploie comme un tir de barrage sur la pointe du Hoc : il est là pour tout écraser, mais tombe à côté.

Chaque version se vend pourtant par dizaines de millions depuis 2003, il est le blockbuster des triples A. Initialement consacré à la seconde guerre mondiale, les développeurs ont aussi proposé des théâtres d’opérations futuristes et contemporains, allant du très ennuyant au plus impressionnant. C’est donc un retour aux sources pour cet épisode baptisé Vanguard dans lequel l’action du mode solo se déroule entre la Normandie et Hawaii dans les années 40. Le joueur va incarner les membres d’une improbable unité spéciale composée d’une russe, d’un australien, de deux américains dont l’un est noir (le chef) et l’autre blanc. En revanche, malgré ce vernis progressiste, Call Of Duty ne cherche pas à faire évoluer l’épaisseur du scénario et la profondeur de la narration. C’est pourtant par là qu’il faudrait commencer.

Finalement, Call Of Duty est le Fast and Furious du jeu vidéo : le seul leitmotiv est la surenchère et la grandiloquence du spectacle.

De ce point de vue-là ils sont très fort, c’est indéniable. Toutefois, il y a une expérience intéressante à faire pour mieux se rendre compte du rapport conservateur que le mode solo de Call of Duty entretient avec la violence.  

Hell Let Loose, le danger est partout.

Sorti il y a quelques temps sur console, Hell Let Loose est un jeu uniquement multijoueur, c’est à dire sans récit, qui se situe lui aussi pendant la seconde guerre mondiale (de là à dire que l’autre point commun est l’absence d’histoire, il n’y a qu’un pas). Le studio australien qui a développé ce jeu après une opération sur Kickstarter a mis en avant l’aspect réaliste du projet. Après l’avoir lancé sur sa console, Il suffit d’une poignée de minutes pour ressentir un sentiment de vulnérabilité sans précèdent. Si la comparaison avec le réel n’est absolument pas possible depuis son confortable canapé, les développeurs sont quand même parvenus à nous faire imaginer le pire de la guerre : la soudaineté de la mort, la fragilité de la vie, les orages d’aciers terrifiants, le sentiment d’être encerclé par une insaisissable menace permanente. A ce titre, une attention particulière a été portée aux environnements sonores, rarement le son d’un obus n’aura exprimé un tel funeste présage dans un loisir vidéoludique.

En fin de compte, Hell Let Loose est plus un jeu dans lequel il faut rester vivant qu’un énième shoot où on doit tout faire péter.   

De cette manière-là, le studio Black Matter change notre vision de la guerre et de l’héroïsme, c’est en cela que Hell Let Loose est un jeu moderne. C’est l’avatar vidéoludique de la série TV Band of Brothers qui avait aussi fait avancer notre regard dans ce domaine. Il y a d’un côté un jeu qui flatte une violence héroïque avec ses personnages qui foncent dans le tas en défouraillant sur tout ce qui bouge (Call of Duty) et de l’autre un jeu qui nous fait éprouver une violence effroyable.  

Spec Ops : The Line ou le Apocalypse Now du jeu vidéo

Il y a presque 10 ans, un jeu avait pourtant réussi à concilier le fond et la forme en apportant un questionnement inédit sur notre connexion à la violence. L’inoubliable Spec Ops : The Line, édité par 2K Games, a fait un bide parait-il à sa sortie. Sans doute que les gamers n’étaient pas prêts en 2012, mais le monde évolue heureusement et on peut doucement rêver d’une collaboration entre les créateurs de Hell Let Loose et de Spec Ops pour réinventer Call Of Duty.  

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