Calzedonia-Mauboussin : nues et (pas) culottées

Cet été, vos regards affûtés n’ont pas échappé à ces deux publicités qui ont envahi notre quotidien, que ce soit dans notre cher métro que dans nos rues. N’y trouvez-vous pas une ressemblance assez frappante ? Etrange.  Comment 2 pubs vendant deux produits différents peuvent à ce point ce resssembler ?
Je vous livre ici ma réflexion à ce sujet.

pub calzedonia

pub mauboussin aevc elsa zylberstein

Comparaison

Que ce soit pour Calzedonia (tiens ça sonne comme une pizza italienne, oui je n’ai pas pu m’en empêcher. D’ailleurs c’est une marque italienne) ou pour Mauboussin, on est en présence d’une femme nue, assise et jambes croisées le regard vers le passant, la chevelure belle et lumineuse. Seules les teintes (et la mention du prix) de l’affiche diffèrent :
– concernant la publicité Calzedonia, l’affiche est colorée dans des teintes chaudes, la femme est sensuelle et surtout naturelle. Pour information, la mannequin, c’est Alejandra Alonso, très connue en Espagne, qui a défilé pour Dolce Gabbana en Italie.
– concernant Mauboussin, les couleurs sont froides, Elsa Zylberstein a le teint blafard quasi maladif (Certains diraient qu’elle a toujours une sale gueule). On dirait une statue de cire. Aucune expressivité. Un visuel d’hôpital.

Mais quel est le rapport entre un sac et un collant ? Aucun, si ce n’est de parler de féminité et d’attirer les regards des hommesOh pardon, des femmes, suis-je bête, puisqu’il s’agit d’articles féminins.

Alors oui, voici de retour l’éternel questionnement sur la femme nue dans la publicité.
En l’occurrence, deux belles femmes aguichantes et nues pour vendre un sous-vêtement et un accessoire de mode. Pour le collant ça peut se comprendre. La pudeur importe peu. On suggère, on attise les sens. Chez Calzedonia, le produit est mis en valeur, par la mise en avant des jambes, il est difficile de ne pas remarquer l’affiche.

Mais pour un sac ???? Je me pose la question, vous vous êtes sûrement posé la question aussi. D’ailleurs je serais ravi d’avoir l’avis des femmes à ce sujet. Ces publicités vous touchentelles ? Vous sentezvous concernées ? Est ce que vous allez courir acheter ce sac ? N’hésitez pas à poster un commentaire à ce sujet.

A titre de comparaison donc, j’ai été stupéfait de cette ressemblance de la pub de Mauboussin, qui est pour moi un non sens.

Que faut il comprendre ?

Dans la publicité de Mauboussin, il faut comprendre que « Elsa Zylberstein s’habille d’un sac ». Oui c’est évident.

Mais on pourrait faire la même pub avec n’importe quoi ! La quintessence du vêtement ou de l’accessoire est de se suffire à lui-même et donc d’être porté nu, soit. Seul problème à mes yeux, c’est que le produit ne s’insère pas dans la réalité.

Vous allez me reprocher que la pub est faite pour rêver, construire un imaginaire. Oui, à un détail près : on ne parle pas d’un parfum mais d’un objet tangible. Il ne se confronte à rien ici car il n’est pas mis en valeur.
Le produit est en second plan ! Ce qui frappe au 1er regard, c’est bien Elsa nue et abusivement retouchée. Mon regard c’est arrêté net. J’ai mis du temps à comprendre (oui 2 secondes, mais ces 2 secondes en temps d’accroche publicitaires sont longues). J’ai donc vu le sac qui se trouvait là posé comme par magie. Ah d’accoooooord ! C’est pour un sac !!! Ah oui, superbe idée ! C’est classe ! Et puis, faire poser une célébrité, pourquoi pas, mais surtout ce qui est mis en avant, ce sont plus les jambes et ses pieds, que le sac soyons honnêtes, comme dans la pub Calzedonia (et perso ça me donne plus envie d’acheter un collant là).
Et justement vu la position de ses pieds, je suppose qu’il a fallu encore passer du temps pour les retoucher. Que de perte de temps inutile. On en vient plus à retoucher le modèle que le produit. Y a comme un souci là non.

Et puis en faisant mes petites recherches sur le web, je suis tombé sur un article de ce blog, le bullshit ultime selon moi, ça pue le post sponsorisé à plein nez. Je vous laisse boire ces paroles :

« Déterminée et gracieuse, Elsa pose avec beaucoup d’humour (où est l’humour ? j’en rigole encore tiens) avec un sac cabas, en toile enduite et cuir, prénommé « Simplement Elsa ». Mauboussin l’a créé à l’image de cette actrice passionnée, (Mauboussin à une sale image alors) authentique, libre et moderne. Sylvie Lancrenon capte ces atouts majeurs et offre une harmonie parfaite (on parle de juste équilibre ?) entre Elsa et le cabas Mauboussin. Un tableau lumineux et poétique ( ???) à l’esprit bucolique ( ???) comme l’inspire souvent la Maison joaillière. La nudité en tant qu’intégrité… ».

Eeuhhhh… vous pouvez répéter : poétique et bucolique ? C’est cela,oui ! Je pense qu’on ne doit pas regarder la même image. Autant d’argument pour faire avaler un pauvre visuel, c’est pathétique. Ils feraient mieux de se contenter à vendre des bijoux.

Ou se trouve la créativité ?

Etre vendeur, c’est une chose. Faire dans la banale nudité, car cela va forcément marcher, sans effort de réflexion, c’est une autre chose. Il est bien connu que toutes les femmes portent un sac à main tout en étant nues, dans une position en jambes croisées qui ne doit pas être des plus confortables. La workinggirl CSP+ se retrouve t-elle dans cette publicité ?

Les agences sontelles à ce point à court d’idées pour vendre un sac de luxe ? Enlever le sac, placezy un yaourt Bio et c’est réglé : vous avez la prochaine pub de Danone ! Bah ouais, facile et  « pas cher », c’est la pub qu’on préfère.

C’est un fait : La femme nue y est devenue d’une telle banalité qu’on la place pour vendre tout et n’importe quoi. Vous imaginez un homme poser nu pour une paire de chaussettes ou un sac ? Tiens imaginez Garou, qui pose nu avec sa montre Mauboussin au poignet ! Bah quoi ? Pourquoi ne pas l’avoir fait ? Oh ce jour arrivera, vous me direz.
Ca m’attriste. Comprenez bien que je ne suis pas outré de la nudité, mais bien de l’absurdité et de l’inadéquation des visuels à l’objet vendu.

Je me permets ici une petite aparthée à propos de cette femme objet nue retouchée. Deux courants depuis les années 60, se sont largement relayés et complétés pour dénoncer cet abus : le conservatisme et le féminisme. Je peux vous inviter à lire cet article dénonçant « Une publicité sexiste signalée aux Chiennes de garde » dont je laisserai chacun se faire son propre avis.

Pour conclure

Mauboussin veut proposer le luxe accessible à tous. Pourquoi pas. Cela est ce une raison de faire dans le nu systématique au point de tomber dans la banalité la plus totale, et la pauvre qualité visuelle.

Au final, quand on voit ces deux pubs, je vous le demande : qu’est ce qu’on vend ? Les charmes d’une femme, ou l’accessoire ? Les deux car l’un ne va pas sans l’autre ? On en parle d’ailleurs sur ce billet

 Que l’on marque les esprits, soit, mais visuellement on atteint le point 0 de la créativité.

Je m’interroge…

Merci à Ornella (@LibertyBellzzz) qui m’a apporté son avis et ses corrections.

2 commentaires

  • stefiegraphie
    stefiegraphie

    Mauboussin ne fait qu’une réedite d’une pub Lonchamp datant de 2006 avec Kate Moss (qui était blacklistée des média alors pour cause de prise de drogue).
    Voici le lien pour la (re)découvrir : http://tinyurl.com/p5j33an

    On y voit une photo du mannequin, nue, dévoilant un sensuel grain de beauté. Une photo qu’on pourrait trouver naturelle, indéniablement sensuelle, peut-être prise au saut du lit ou après…. 🙂

    Une photo très travaillée, léchée, Moss est certainement retouchée, finement maquillée mais elle fait « naturelle ».
    On joue alors sur les photos des tabloïds d’alors qui la montrait totalement défoncée ou du moins pas très fraîche. En 2006 Lonchamp s’est fait un énorme coup de pub en prenant le risque de faire poser le mannequin maudit d’alors.

    On ne ressent pas de fraîcheur, de naturel ou de sensualité sur cette photo ultra-retouchée et peu réaliste de Mauboussin, la pauvre actrice semble avoir la tête détachée du corps sans compter la position improbable.

    Je vois quelque chose de froid, de calculé, qui veut faire « comme du luxe » mais qui n’en maîtrise pas les codes.
    La marque a encore besoin de travailler sa com’ si elle veut être crédible.

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  • C
    C

    Simplement je me demande par et pour qui sont fait ces publicités…
    Pour ma part en tant que femme je boycotte les marques provocatrices. Calzedonia et Prima Dona sont les dernières en date mais je me rappelle bien la campagne qui en plus de vendre leurs modèles nous donnaient des leçons. Vous vous rappelez ?

    Chers publicitaires, n’oubliez pas que c’est aux femmes avant tout que vous vendez vos produits. Nous n’avons pas envie de voir des femmes aguichantes à tous les coins de rue.
    On aime être belles et suivre la mode en « regardant », mais tout est dans le style qui doit avoir des limites.

    Vous avez tous pensé à Aubade pour le donneur de leçons ?

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