Campagne AIDES : « Que faut-il dire à votre enfant si il demande ce que font les messieurs ? »

Sérieusement le buzz autour de la campagne AIDES m’a bien fait rigoler car j’estime que l’indécence, la morale et la vertu sont des une notion à géométrie variable. Ce qui me fait le plus rire dans ces situations, ce sont les gens qui demandent quoi dire à leur enfant qui les interrogent sur le sens de l’affiche. C’est toujours l’argument ultime des détracteurs et il est pourtant bien naze.

Plutôt qu’un article moralisateur sur le buzz autour de la campagne AIDES comme vous en avez déjà lu partout ailleurs, je vais vous raconter deux histoires drôles.

Première histoire

C’est une petite fille qui va acheter du pain avec sa grand-mère. Sur le seuil de la boulangerie, il y a deux chiens qui sont en train de forniquer. Intriguée, la petite fille demande : « Dis mamie, ils font quoi les chiens, là ? » Gênée, la grand-mère bricole une réponse acceptable : »Et bien, le chien du dessous était perdu, il a demandé son chemin au deuxième chien qui lui montre comment rentrer chez lui. » La petite fille rétorque :  » Si on peut plus demander son chemin sans se faire enculer, on est mal! »

Deuxième histoire

C’est une dame qui appelle la police parce qu’il y a un exhibitionniste dans l’immeuble d’en face. Le flic arrive chez elle, traverse l’appartement, regarde par toutes les fenêtres et dit qu’il ne voit rien. La dame lui répond : « là non, mais si vous grimpez sur la cuvette des wc et que vous vous mettez sur la pointe des pieds, vous le voyez très bien à travers la petite lucarne ».

La morale de la première histoire c’est qu’on croit toujours devoir préserver nos enfants mais ils en savent plus que l’on pense. Il n’est donc pas forcément utile de vous demander comment réagir s’ils posent une telle question si par ailleurs vous les laissez regarder la télé, surfer sur internet ou juste aller à l’école…En outre, lorsque vous avez des enfants, vous disposez d’une réserve immense de bonnes réponses à ce genre de questions, vu qu’ils vous la posent environ 20 fois par jour. A moins de vivre dans une bulle, les enfants sont exposés à toutes sortes d’images et c’est justement à nous, les parents, de donner du sens à ces images. Une image n’est pas indécente en soi, c’est le contexte et notre propre sensibilité qui la rendent indécente. Ainsi, trouvez-vous vraiment la campagne Aides plus choquante que ce tableau de Gustave Courbet ?

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L’un est cloué au pilori par les ligues de vertus et l’autre est accroché aux murs des musées. Ce sont les mêmes bonnes âmes qui ont considéré que Madame Bovary était un roman pornographique ou qui ont collé des slips en plâtre sur les statues classiques grecques et latines. Statues classiques dont la gestuelle n’est pas sans rappeler celle de l’affiche AIDES qui fait tant jaser.

La morale de la deuxième histoire c’est qu’on voit ce que l’on a envie de voir et que l’on fait parfois un scandale de choses qui n’en méritaient pas tant. Comme les films de Virginie Despentes….ces affiches ont bénéficié d’un bon coup de projecteur et soulevé les promoteurs contre les détracteurs, mais en auriez-vous entendu parler autrement ? Est-il normal qu’une cause soit obligée de choquer pour faire parler d’elle ? Est-il normal que des gens considèrent encore aujourd’hui que le SIDA est une maladie qui ne touche que les homos et les drogués (et donc que, dans une certaine mesure, ils le méritent bien ?).

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