« Ce qu’il reste d’horizon » : un livre mélodieux

À quoi seriez-vous prêts pour changer de vie ? Avec son nouveau roman, Frédéric Perrot confirme son art de transformer nos malheurs en bonheur teinté de mélancolie.

Son précédent ouvrage « Cette nuit qui m’a donné le jour » était ma claque de l’an dernier. Je dis « claque » mais on parle plutôt ici d’une caresse, une étreinte, un pincement au cœur qui nous rappelle que notre vie se déroule là, maintenant, et que chaque battement est unique. Dans son dernier livre (le troisième), l’auteur nous cueille une nouvelle fois avec son héros aux parents subitement décédés. Sa crise inattendue de la quarantaine va le bouleverser et nous surprendre tandis que nous l’accompagnons dans ses pérégrinations.

On fait quoi quand ça ne va pas ? On s’entoure des gens qu’on aime, mais qui sont-ils vraiment ? Avec son regard grave et fantaisiste, Frédéric Perrot nous accompagne dans une danse sous la pluie. Il manie la langue avec délectation, remplit son livre (à la fois court et dense) de pensées heureuses, d’aphorismes qu’on aimerait noter pour les conserver, de rencontres qui peuvent changer votre journée et donc votre vie. C’est exactement ce que fait son héros quand il tente d’y voir plus clair et, pour cela, ouvre son logement vacant à des inconnus. Parce qu’être seul à plusieurs, c’est quand même plus drôle.

Offrez-vous un moment de joie partagée avec ce livre. Une fois refermé, vous aurez envie d’en parler. Par sa prose limpide et enjouée, « Ce qu’il reste d’horizon » m’évoque les rythmes d’une chanson qu’on fredonnerait pour se donner du courage, ou juste parce qu’il fait beau finalement derrière les nuages. Rencontres improbables et musique chaloupée : impossible de ne pas évoquer la connexion musicale qui lie Frédéric Perrot aux texte chantés. Il y a quelques mois, l’écrivain rédigeait le carnet de bord d’un atelier musical d’une semaine embarquant Gaël Faye, Grand Corps Malade et Ben Mazué. 7 jours, c’est « Ephémère » (c’est aussi le nom de l’album) mais ça donne lieu à plein de moments qu’on voudrait garder. Notre auteur est bien le chaman de ces instants : jamais mièvre, il sait les convoquer pour nous les faire (re)goûter. Haribo, c’est beau la vie. Et comme disait Johnny : qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie. Mouais, je vais plutôt terminer sur une autre « Envie » : celle de Ben Mazué, justement, dont les paroles résonnent incroyablement avec le travail de Frédéric Perrot.

« Ce qu’il reste d’horizon » est en librairie le 1er février.

 

Assez de me plaindre, assez de me détester
Assez de m’éteindre, assez de me rabaisser
Assez de me complaire dans mes états d’âme tristes
Assez de ce qui est emmerdant tout en haut sur mes listes
Évidemment que tout va pas, que tout va pas s’évaporer
Ça fait longtemps que tout là-bas, je l’ai vu s’élaborer
Le plan, la carte, pour prendre la vie comme il faut
40 ans et ma charte, c’est que tout recommence à zéro
[…]

Désormais, désorm-désormais, j’vais désarmer les regrets
J’vais profiter des cimes sans m’épancher sur les creux, vrai
[…]
J’ai la moitié d’ma vie encore
Ce sera la meilleure moitié
Car je sais faire les bons efforts
Et prendre la vie et la briller
Prendre la vie et la soulever
Prendre la vie et la déplier
Prendre la vie par la vérité

[…]

C’est pas l’espoir qui sauve, qui guérit … C’est l’envie (c’est que l’envie)
Trouve des gens, trouve du temps, trouve des moments-clés
Trouve des rêves, trouve des trêves, trouve des projets (trouve)
Trouve des lieux, trouve des creux, des bras qui te rassurent
Trouve les cieux, trouve le pieu pour briser ton armure
Trouve la chance et l’innocence quand elles croisent ton chemin
Et prends l’absence pour ce qu’elle est, l’envie de quelqu’un, l’envie
C’est tout c’qui compte, il faut l’alimenter
Et si ça monte en toi, il faut laisser monter

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