Coup de Cœur

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Frankie goes to Las Vegas

En 1982, Francis Ford Coppola fort de l’immense succès critique et commercial des Parrains 1 et 2 et d’Apocalypse Now, décide de s’atteler à un nouveau projet, financé par American Zoetrope, la boîte de production qu’il a fondée avec Georges Lucas. Devant à l’origine coûter environ 2 millions de dollars, le film va faire exploser son budget et atteindre les 25 millions, une somme astronomique pour un tournage de l’époque. Empli d’une bonne dose de substances psychotropes et d’une mégalomanie sans limites, le réalisateur a pour ambition avec ce film de réaliser une véritable fresque de l’Amérique, en décrivant les tribulations d’un couple de la classe populaire. Jugé « vain » et « prétentieux », le métrage connaîtra un véritable flop et ruinera son auteur/producteur en ne rapportant que 600 000 dollars, ce qui marquera un véritable tournant dans la carrière de Coppola, obligé de rembourser ses dettes en acceptant de nombreuses commandes. Alors que vaut ce film oublié de sa carrière à l’aura désastreuse ?

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Car il faut bien le dire, l’ambition de peinture sociale du film est clairement ratée. Partant d’une trame narrative simpliste, la séparation d’un couple en une nuit, le métrage ne va que surfer sur cet alibi pour nous emmener clairement dans d’autres sphères. En effet, les marivaudages, qui constituent l’enjeu scénaristique de 9 films français sur 10, ne sont clairement qu’un prétexte pour arriver au vrai mobile de cette entreprise: les délires visuels de son auteur. Prenez Les Nuits de la Pleine Lune de Rohmer, calqué sur le même schéma et sorti à la même période, ajoutez à ce bouillon terne une bonne dose de colorants artificiels, passez le au shaker et vous obtiendrez un breuvage acidulé et rafraîchissant.

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Tourné intégralement en studio, Coup de Cœur se révèle être un trip expérimental esthétique : les acteurs évoluent dans un Las Vegas au décor volontairement factice, aux éclairages extrêmement travaillés et l’atmosphère suinte agréablement les néons des eighties. L’histoire ne se prend donc jamais au premier degré, transformant les personnages en marionnettes inconsistantes d’une sublime maison de poupées. Mais l’élément qui transcende cette patine visuelle ensorcelante est la musique du film. Composées et interprétées par Tom Waits, les chansons parsèment l’intrigue, évoquant les sentiments des personnages et leur permettant parfois de se livrer à des danses groupées à la manière d’une comédie musicale. Car vous l’aurez compris, le film est hystérique, le jeu des acteurs cartoonesque, et le fil narratif soumis aux secousses mélodiques. Les habitués de Coppola, Teri Garr et Frederic Forrest incarnent avec énergie et humour le couple en crise ; le sympathique Raul Julia ( le mari de la Famille Adams) et la jeune beauté Nastajssa Kinski jouent les tentateurs d’un soir avec panache.

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Bilan : pour le réalisme social on repassera, mais pour le reste c’est rythmé, sympathique et très très très joli.

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