[Critique] « Flee », un docu animé entre espoir et mémoire

Les confidences d’un réfugié afghan, retranscrites par la magie de l’animation.

Amin a 36 ans et vit au Danemark, mais son histoire commence bien au-delà des frontières européennes. Très jeune, la guerre le force à quitter son pays pour la Russie où la situation est à peine moins instable. Privé d’une partie de sa famille, vivant dans l’angoisse, Amin débarquera sur le Vieux Continent au terme d’un parcours du combattant parsemé de coups du sort. S’il se confie aujourd’hui à son ami Jonas (le réalisateur et scénariste du film), c’est pour exorciser ses vieux démons mais également lui révéler d’autres secrets cachés.

Flee

Flee est un film qui vient de loin. Sélectionné à Cannes en 2020, la pandémie annule l’évènement. C’est finalement en janvier de l’année suivante que l’œuvre fera sa première mondiale, au festival de Sundance. Dès lors, les prix pleuvent : à Sundance donc, mais aussi à Annecy et jusqu’aux Oscars où le film est nommé pour les prix du meilleur film international, du meilleur documentaire et du meilleur film d’animation. Un triplé unique dans l’Histoire. 

 

L’animation du film, en partie réalisée en France, est néanmoins la partie la moins convaincante de Flee, pas assez innovante pour être vraiment remarquable. On ne retrouve pas la valeur immersive de Valse avec Bachir (2008), autre référence du documentaire animé. Mais Flee se démarque par un côté pédagogique assumé, et c’est tout à son honneur. Un dossier a d’ailleurs été confectionné pour accompagner les élèves de collège & lycée dans leur découverte de cette histoire qui brasse tant de thèmes, à la fois éternels et contemporains : la découverte de soi, l’intégration, le communautarisme…

Flee

Avec son récit gigogne, Flee reste un témoignage poignant. Les choix qu’a dû faire Amin l’amènent aujourd’hui à se questionner pour explorer son avenir et, enfin, arrêter de fuir (qui est le sens du verbe « to flee » en anglais). C’est ce que souhaite aussi son petit ami Kasper et le récit se double alors d’une émancipation personnelle. On n’oubliera pas la scène où Amin découvre un club gay, tout comme on n’oublie pas les premières fois qui comptent le plus. Ces instants d’autant plus marquants qu’ils viennent lestés du poids des angoisses, des soupçons, des regards… Un poids qui enfin s’envole dans une détonation musicale. Amin retrouve alors l’insouciance de l’enfant qu’il était, dansant dans les rues de Kaboul.

Jonas Poher Rasmussen signe un film heureux et apaisé, jamais complaisant. Après une première diffusion télé sur Arte en début d’année, le voici qui passe par la case ciné (d’habitude, c’est dans le sens inverse). Alors, ne le laissez pas filer.

Flee sort au cinéma le 31 août.

 

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