Dans la brume de Daniel Roby le brouillard se dissiperait il enfin sur le cinéma de genre Français?

Dans la brume

Le cinéma Français est comme vous le savez assez avare en films de genre, et en plus de cette avarice, la qualité en la matière n’est pas souvent au rendez vous. Oh il y a quelques réussites dans le film de genre hexagonale. Ici, je parle du genre mais englobant, le fantastique, l’horreur, la SF et l’action un peu barrée). Il y a eu le génial Total Western d’Eric Rochant, le sympathique Dobermann de Kounen, La cité ds enfants perdus de Jeunet et Caro, le rigolo Frontières de Xavier Gens, le génial Calvaire de Fabrice Du weltz, le terrible Mutants de David Morlet, l’efficace Night Fare de Julien Seri, Goal of the dead de Poiraud et Rocher et j’en passe pas mal d’autres. Certains assez réussi, et une grande partie de ce qui reste est souvent une catastrophe.

Ce n’est pas forcément la faute de leurs réalisateurs qui font souvent preuve d’une grande qualité de mise en scène, mais ces films sont souvent mal écrits, trop ressemblants à leurs modèles américains et surtout souvent mal joués par des acteurs plus concernés parce que l’on pensera d’eux s’ils se fourvoient dans un film de genre que par la crédibilité de leurs jeux. Mais le pire du pire sont vis à vis du cinéma de genre ce qu’il y a de pire. Tous persuadés que ce type de projets porté par des Français ne peux pas fonctionner, tous terrifiés à l’idée et la quasi certitude que le film ne fera pas les entrées escomptées, tous radins en terme de budget et tous préférant produire des erzats de succès outre atlantique. Résultat un cinéma de genre quasi mort né, ou si il passe entre les filets de tout ces préjugés et parvient finalement à naitre ressemble le plus souvent à un enfant qu’on a bercé trop près du mur ou qui comme Cinoque dans les Goonies est un peu trop tombé de son berceau.

 

Car il faut savoir que lorsque l’on arrive chez un producteur, la gueule enfarinée, un scénario sous le bras, on se voit vite reçu avec un sourire géné et condescendant et l’on entend souvent des phrases comme : « ça ne peut pas marcher », « Ce n’est pas ce que les Français désirent voir », »il n’y a pas de public pour ce type de produits ». Alors que 200 mètres plus loin sur les Champs Elysées ou dans les cinéplexes des files d’attentes de 80 mètre emplissent les trottoirs pour des films de genre Américains, anglais ou espagnol. L’un des plus gros succés en Espagne fut le jour de la bête de Alex De La Iglesia. Le Pacte des loups ou le 5 eme élément si mauvais soient ils n’ont t’ils pas cartonnés en leurs temps. Nous sommes pourtant le pays de Méliés, de Jules Vernes, de Maupassant, de Gerard Klein, de Stefane Wul, de Barjavel. Il y a des centaines de bouquins, de bédé à adapter (et pas comme nous adaptons ou plutôt massacrons notre patrimoine Franco Belge), il y a de quoi inventer, oser, créer. Mais non, nous laissons cela aux autres et nos producteurs continuent à produire des films intimistes « fais moi l’amour », avec des jeunes actrices qui jouent les compagnes nues et dépressive d’acteurs quadras ou quinqua s’engueulants dans des duplex de Parisiens fortunés. Ou alors des comédies minables qui feraient se retourner dans leurs tombe Gerard Oury ou Claude Zidi. Le cinéma Français fut grand, mais la qualité s’y fait rare depuis quelques décennies.

Parfois le cinéma de genre hexagonale nous sort de bons petits films. Et cette semaine est sorti un bon petit film de genre. Dans la Brume de Daniel Roby nous raconte l’histoire de Anna (Olga Kurylenko) et Mathieu (Romain Duris) un couple plus ou moins séparé mais vivants proches de leur fille atteinte d’un mal incurable et obligée de vivre dans une bulle. Un jour, une brume venant des égouts décime les passants. Ce phénomène parvient à inonder toute la capitale, laissant les habitants coincés aux derniers étages des bâtiments et sur les toits. Au jour le jour, ils tentent de survivre malgré le manque de nourriture, d’électricité et d’informations. Le couple tente de tout faire, malgré la brume mortelle, pour sauver sa fille…

Alors cette nouvelle et timide incursion dans le genre à la Française est elle meilleure que la moyenne? Et bien oui car Daniel Roby réalisateur Quebecois (tout s’explique tout est meilleur au Canada, sauf pour les bébés phoques) parvient à coller une sacré tension dans son film et nous tient par les gonades du début à la fin. La brume en titre aurait pu laisser présager qu’il s’agirait d’une pale copie du magistral the Mist de Franck Darabont (encore un français tiens, il est né à Gerardmer) ou du Fog de Carpenter, mais il n’en est rien. Porté par des acteurs convainquant, le film est d’une redoutable efficacité et se donne les moyens de nous montrer des images chaotiques comme rarement vues dans une production cocoriquesque. Si son principe de survival pré apocalyptique reste simpliste, il n’en est pas moins ultra efficient et l’on s’identifie immédiatement aux personnages. Ce sont des gens normaux, pas des héros, mais de simples parents qui se refusent à abandonner leur enfant. Dans la brume ne possède pas de beaucoup de personnages, mais le peu qu’il y a à l’écran est touchant, en particulier le couple de petits vieux interprété par l’excellent Michel Robin (le présentateur de la version française de Fraggle Rock) et Anna Gaylor qui campent un vieux couple tendre et bienveillant.Je me suis pris à la vue de ce film a rêver à l’idée que le chef d’oeuvre de René Barjavel soit un jour adapté au cinéma. Ce qui pourrait avec un budget confortable et des équipes concernées par le produit, pourrait être fabuleux.

Je n’ai aussi pu m’empêcher durant toute la projection de penser a un autre film pré apocalyptique dont je vous ai déjà parlé, le démentiel Miracle Mile de Steve De Jarnatt. Car sans vouloir trop en raconter Dans la brume est un film résolument nihiliste et assez fataliste. Bon une chose est certaine bien que cette brume mystérieuse soit terrifiante elle a pour bon côté de tuer plus des trois quarts de la populace Parisienne ce qui en soit n’est pas un mal pour l’humanité. A mon sens seul la fin du film n’est pas incroyable. Certes c’est surtout a ce moment que le côté science fictionnel est à son plus fort, mais a mon sens, ça tombe un couille à plat.

Cependant, dans la brume est un très bon point pour le cinéma de genre en France et nous prouve que quand on se sort un peu les doigts du cul, qu’on arrête de trouiller, on peut produire de très bonnes choses en la matière. Je ne peux que vous encourager a aller voir Dans la brume qui est à mon sens l’un des meilleurs films de ce type fait en France depuis un bon moment. Pourvu que ça dure.

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