Doggybags : la BD qui poutre Machete

Parlons BD. Parlons de ce médium à la fois très ancien et terriblement jeune. Raconter des histoires en images, en utilisant l’ellipse, ça date d’avant l’Antiquité. Et pourtant, la BD actuelle se traîne une sale réputation de truc pour gamins, de divertissement inutile, de sous-culture. Si depuis quelques décennies les auteurs cherchent à changer les stéréotypes (Gotlib en son temps, avec l’underground américain, le gekiga japonais, l’Association, l’immense Alan Moore…) et qu’on produit de plus en plus de BD d’auteur, jusqu’à saturation du marché français, il est indéniable que ce qui se fait/vend le plus, c’est le mainstream, l’heroic fantasy, la baston, plutôt qu’une critique sociale autobiographique en noir et blanc racontée en indirect libre. Vous savez quoi ? Moi, j’aime la sous-culture, j’aime les super-héros et les gerbes de sang, j’aime les BANG ! et les nymphettes de papier. Ça ne m’empêche pas de savoir quand on me vend de la merde ou bien du rêve.

C’est pourquoi j’ai adoré Doggybags. Doggybags, c’est trois auteurs complets du label 619, les trublions rock’n’roll d’Ankama Editions, Run, Guillaume Singelin et Florent Maudoux, qui s’associent pour recréer l’ambiance macabre et déjantée des fumetti/comics old school, dans un trip tarantinesque de fun poussé à bout, de références digérées et recrachées sans aucun second degré , ce sont trois histoires courtes et complètes pleines de tripes et de mollards. Des histoires intelligentes malgré tout, une fille qui lutte contre sa nature (de louve), une mère qui protège sa fille (d’une triade chinoise très Mortal Kombat), un flic qui fait son boulot (mais pas jusqu’au bout).

Chaque auteur se débrouille très bien dans ce format court (une trentaine de pages) une narration punchy et immersive porté par un dessin à chaque fois maîtrisé, mais sans que la virtuosité graphique ne vienne altérer l’esprit rock, couillu, frondeur,bref ce qu’on pourrait appeler french touch. Car un dessin trop léché aurait desservi le propos. Ici, on danse sur le fil du rasoir entre parodie et pastiche, il fallait un trait, un encrage et une couleur à l’avenant, d’une souplesse à se rompre, d’un sérieux décontracté à couper le souffle.

Oui, j’ai aimé Doggybags d’amour. Oui, je suis peut-être trop lyrique quand j’en parle, mais je suis deadly serious. Il ne conviendra pas à tout le monde, c’est sûr, mais les vrais sauront. En attendant, la prochaine fois que vous entrerez dans une librairie spécialisée ou pas, jetez-y un oeil, vous vous rendrez service. Vous aurez un aperçu de l’avenir de la BD française.

Maxence

 

 

 

 

 

 

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