Écoute prolongée : L’adresse – 47Ter, un endroit qu’on oublie pas…

47Ter est un groupe de rap qui sort de l’ordinaire. Tout d’abord, ce genre de formation n’est plus de mise aujourd’hui, avec MC et Beaters/DJ unis. Le rap fait désormais la part belle aux individualités. Et à forcément du mal à sortir de l’ego-trip.

Un groupe qui sort de l’ordinaire car il a commencé sur YouTube avec « On vient gâcher des classiques », un exercice de style qui a eu ses heures de gloire, il y a trois-quatre ans.

Un groupe qui sort de l’ordinaire, car le blase de ses membres sont Miguel, Blaise et Pierre Paul. Pas exactement ce à quoi tu t’attends quand tu écoutes les dernières production rap. Non, 47Ter est un groupe venant des Yvelines (Bailly) et ses membres sont tous des babtous. Amis depuis l’école. Limite (sûrement) bourgeois. Ces blancs-becs ont des instrus souvent cross-over entre disco et piano dramatique en passant par des beats plus hip-hop, tmts ma caille. Pierre Paul a un flow qui varie entre le ragga et le hip-hop classique plutôt trap. Très doué pour un p’tit blond à lunettes.


De gauche à droite : Blaise, Pierre Paul et Miguel. Des enfants du ghetto qui font plutôt enfants du gotha.

Très souvent les textes sont drôles et empreints d’une certaine sensibilité, bien plus fendard et réfléchi que certaines prod’ actuelles. Il a toujours une pointe d’ironie et de surprise, voire une certaine candeur qui me touche, amateur de rap démarrant sa quarantaine (rien à voir avec le / la COVID-19).

L’adresse », c’est un album qui défend un endroit, un « tiéquar », une zone aux milles rêves; le 47Ter, c’est le numéro de la salle des fêtes de Bailly (78, bb) où les trois amis d’enfance se retrouvaient pour descendre des Kro. Où ils rêvaient à l’avenir tout en ayant lâché la fac. Cet album s’adresse à ceux qui n’ont pas peur de sortir des sentiers battus en termes de hip-hop ou de pop, comme toi cher lecteur ou lectrice assidu.e.s.

Les thématiques sont variées et parlent de cet avenir qui tarde à venir, d’histoires d’amour déçues, de choix de vie et de drogue (mais d’une façon morale et ingénieuse).


Le 47Ter, à l’adresse

Mon titre number one est « On avait Dit » : un béat léger, un chouilla disco, plutôt léger et dansant. Assez festif, il parle des plans que l’on s’fait et qui réussissent et des milliers de vies que l’on rêverait de vivre. Positif et groovy, comme un tube disco des 70’s. La recette est connue, mais on s’en lasse (quasi) pas.

Mon titre number two est « Côte Ouest » qui est une balade romantique où le rapper s’adresse à sa dulcinée en lui faisant toutes les promesses possibles et inimaginables afin de ravir son cœur. En termes de beat, on est dans de la country trap, c’est très chatoyant et l’on s’imagine bien des WE en Vendée à kiffer comme des vrais poids lourds du rap game. Tu vois, 47Ter est tout sauf un groupe sérieux. Pas le genre à faire croire à une street cred’. Il n’en n’ont pas. Remarque : si c’est pour faire croire que t’es un grand trafiquant, alors que ton seul fait d’arme est le braquage d’un taxi, il ne vaut mieux pas en avoir. Cherchez et vous verrez de qui je parle…

Mon titre number three est « Chaque soir », un titre plus dramatique et intimiste. On est sur de la trap évanescente, plus du cloud rap mélancolique. La thématique est celle de la plongée vers l’enfer de la guédro. Un truc qui frappe en plein cœur : une fille qui rassure sa mère, l’absurdité de l’addiction et un twist final qui te fera rougir les yeux, comme la fumée d’un bédo trop chargé.

Tu l’auras compris, mon poto, ma keupine, je te conseille cet album. C’est album drôle, éclectique, sensible et plein d’énergie. Et puis, j’aime que ce côté blanc-becs de l’ouest parisien qui assument leur absence de vie difficile dans le ghetto… Pour s’approprier un genre qui était le pré carré de soi-disant racailles, et les battre à leur propre jeu.

47ter
Saturday Night Tiseurs

Disponible dans les meilleures échoppes de streaming ou chez les disquaires pour les puristes.

Bisous mon ou ma bukowskien.ne!

 

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