Histoire d’un tube #4 : « Roxanne »

Voici déjà le quatrième épisode de la série Histoire d’un tube. C’est fou comme le temps passe et comme je prends toujours autant de plaisir à vous raconter les petites histoires qui font les grands succès musicaux. Aujourd’hui, je vous invite à découvrir la genèse du premier grand titre du mythique groupe anglais The Police : Roxanne.

Sting
Sting

You don’t have to put on the red light

Octobre 1977, Paris 9ième arrondissement. Sting se morfond dans la chambre d’un hôtel sordide proche de Pigalle. Pour sa première tournée hors d’Angleterre, The Police joue au Nashville Club où le public est froid et assez peu enthousiaste. Nous sommes en pleine période punk. La musique se doit d’être violente et basique, les paroles revendicatrices et impertinentes. Voilà pourquoi le groupe peine à convaincre, avec son style rock teinté de jazz et de reggae ainsi que ses textes plutôt softs. Sting se surprend même à regretter l’époque où il n’était encore que Gordon MT Sumner, bassiste et contrebassiste du groupe The Phoenix Jazzmen.

You don’t have to sell your body to the night

Ce premier groupe ne faisait que des reprises de grands classiques de jazz et ne se produisait que dans de petits pubs londoniens. Le public était calme là aussi, mais le style musical interprété ne se prêtait pas à la folie furieuse, donc tout était raccord. C’est en 1972 que le leader des Phoenix Jazzmen surnomme son ami Sting (dard en français). Est-ce à cause du pull rayé noir et jaune qu’il enfilait souvent lors des représentations et qui le faisait ressembler à une guêpe ? Ou plutôt à sa propension à accueillir beaucoup de filles dans son lit déjà à l’époque ? L’histoire reste floue sur ce sujet…

You don’t have to wear that dress tonight

Mais revenons dans cette chambre d’hôtel, en ce mercredi soir pluvieux. Sting, dont le moral est donc en berne, contemple les gouttes qui ruissellent en formant comme des cicatrices sur sa petite fenêtre sale. Son attention se porte sur le va-et-vient des prostituées dans la rue d’en face. Les affaires ont l’air de marcher. L’une d’entre elles alpague ses clients juste en dessous de l’affiche de la pièce de théâtre « Cyrano de Bergerac », dont le personnage féminin principal apparait en grosses lettres rouges : Roxane. Sting oublie alors son spleen, prend son stylo et son carnet qui le suivent partout et se met à écrire.

You don’t care if it’s wrong or if it’s right

Les mots s’écoulent aussi vite que la pluie sur les vitres. Le narrateur déclare son amour à une prostituée et lui demande de cesser son activité pour vivre avec lui. Sting joue avec la métaphore de la lumière rouge qui, à l’époque des maisons closes, indiquait que la demoiselle était prête à recevoir ses clients. Le gros du texte est écrit en moins de 20 minutes. La basse en mains, l’auteur-compositeur mettra à peine plus de temps pour trouver le riff entêtant que l’on reconnaît entre tous, près de 45 ans plus tard.

I won’t share you with another boy

Six mois après, The Police est revenu depuis longtemps à Londres et se retrouve en studio pour travailler les titres Peanuts et Roxanne. Au moment d’enregistrer la voix sur cette dernière, Sting, légèrement fatigué, décide de s’assoir sur le piano derrière lui, pensant que le rabat de protection du clavier était fermé. Mais il n’en est rien et ses fesses jouent une note inconnue et discordante, ce qui ne manque pas de faire rire le chanteur. Son micro étant ouvert, la prise a été enregistrée et, contre toute attente, retenue ! D’ailleurs, si vous avez la curiosité d’écouter les 8 premières secondes de l’introduction de Roxanne, vous entendrez distinctement l’incident.

So put away your make up

Comme vous en avez pris l’habitude, je vais terminer cet article en vous proposant un cover du tube du jour. Les reprises de Roxanne sont légion et, après quelques recherches, c’est celle d’Eléa que j’ai choisi de mettre en avant. Par son originalité, par l’appropriation particulière de la chanteuse, la douceur des sons, elle s’est naturellement imposée à mes oreilles et à mon avis subjectif comme la meilleure. Bonne écoute et à très vite pour une nouvelle Histoire d’un tube.

4 commentaires

  • Ralia
    Ralia

    Bravo pour cette article qui regorge d anecdote improbable sur cette chanson mythique !!

    Répondre
    • Ralia
      Ralia

      Oups cet article

      Répondre
    • Charlie
      Charlie

      Oui, bravo à notre auteur adoré l’Homme des Cavernes ! Ravi que cela vous plaise, et merci pour lui.

      Répondre
    • L'homme des cavernes
      L'homme des cavernes

      Merci pour ce commentaire. Certaines de ces anecdotes étaient connues de tous ou presque, mais peut-être y en a-t-il qui seront un découverte pour les lecteurs.

      Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *