J’ai testé pour vous : la scarification. Et j’ai aimé ça !

Oui, tu as bien lu le titre, j’ai testé : la scarification ! Passionnée de bodmod, c’est-à-dire de modification corporelle, j’ai toujours souhaité aller plus loin que le tatouage, découvrir d’autres pratiques, toutes ces choses qui me font rêver, à commencer par la scar. La scar artistique, cette modification corporelle qui consiste à tracer un dessin avec un scalpel, afin de former une jolie cicatrice. Une pratique très ancienne, qui est de plus en plus connue et appréciée, tout en gardant encore un côté assez underground, contrairement par exemple au tattoo. C’est donc pourquoi j’ai souhaité partager ici mon expérience.

Scarification

Ce qui est saoulant, quand tu parles de scarification, c’est que les gens pensent tout de suite aux ados dépressifs qui se tailladent les veines avec leurs ciseaux de gaucher, au calme au fond de la classe, pendant le cours de math. Parce que les maths c’est tellement nul que ça donne envie de mourir. Mourir d’ennui.
Mais mec j’ai 25 ans maintenant, j’ai trop de responsabilités pour tenter de me suicider (qui payera mes dettes sinon, bordel). Et puis ce n’est pas moi qui me suis scarifiée, non, j’ai fait appel à un professionnel, à un putain d’artiste. Et ouais, je considère la scarification comme de l’art.
Je ne suis pas une grosse tarée, ni une originale, le bodmod, ça marche de plus en plus. Et ça remonte à loin. La scarification, le tongue split, les implants d’aimants, le play piercing, les suspensions, ou que sais-je encore … Les réseaux sociaux aidant, comme pour tout, à démocratiser la chose, à l’ouvrir à d’autres milieux que celui très fermé, et génial, du pur underground.
On me demande souvent pourquoi. Pourquoi est-ce que j’ai souhaité faire ça. Pourquoi ça m’attire. Je ne peux que répondre en mon nom, évidemment pas en parlant pour tous les adeptes du bodmod, qui sont incroyablement variés, à l’image bien justement de ce type d’art corporel.
Pour ma part je dirais donc simplement que j’ai toujours été attirée par ça, cette capacité à modifier son corps, à changer cette image de soi qu’on n’aime pas en quelque chose qu’on va préférer. Certainement pas dans l’optique de plaire à quelqu’un d’autre. A la rigueur par désir de choquer, je l’admets. Mais pour être bien dans sa peau, tout simplement. Pour que l’extérieur soit en accord avec l’intérieur. Une envie aussi de retranscrire des événements qui t’arrivent, que tu as réussi à surmonter.
Scarification
Photo lolilol
Bref, là, ça devient trop pseudo psycho et surtout très intime, c’est-à-dire chiant, alors passons au vif du sujet.
J’ai réalisé ma scar dans un shop, Contraseptik, basé à Strasbourg. Si je suis une très grande admiratrice de Lili, qui y officie, j’ai toutefois souhaité marqué le coup en profitant le la présence d’un autre grand artiste très réputé, Skin Of Steel, venu en guest de Lyon.
Je l’avais contacté sur Facebook pour lui proposé mon projet. Il a très rapidement répondu, et accepté, en me donnant des conseils sur la taille notamment, afin que le rendu soit le mieux possible.
Il me semble que j’ai du attendre au moins deux mois le rendez-vous. En soi, ce n’est pas long. Mais en fait si, je mourrais d’impatience ! Je rêvais de m’en faire une depuis si longtemps !
Quand je suis arrivée au shop le jour J, j’étais incroyablement heureuse ! Et très stressée aussi … Mais j’ai été très bien accueillie, aussi bien par Skin of Steel que par l’équipe de Contraseptik que j’ai eu la chance de brièvement rencontrer.
On a échangé quelques mots puis on s’est rapidement dirigé vers une salle au fond du shop. Nous y voilà !
Au début, c’est comme le tattoo. On nettoie la peau, on prépare les instruments tout neuf, on pose le stencil. Et puis c’est parti !
Alors sur le coup, je ne faisais pas la fière. Allongée dans la petite salle, à côté d’un monsieur qui te regarde, caché derrière son masque, approchant de ses mains gantées un scalpel près de ta cuisse …
C’est surtout que je ne savais pas à quoi m’attendre. On m’avait horriblement mise en garde contre la douleur. Quand je dis « on » j’entends par là mon entourage. Qui ne savait même pas ce que c’était qu’une scar avant que j’en parle. Ces gens-là sont toujours les mieux placés pour te donner des conseils, c’est évident. Alors je m’attendais au pire. Genre hurler, vomir, m’évanouir.
Au début j’ai donc gentiment détourné le regard.
Le scalpel entre dans la peau, très doucement, et le traçage des lignes commence. C’est un peu douloureux, mais c’est tout à fait supportable, même pour une chochotte comme moi. Et la peau ne se sent pas agressée comme sous le coup des aiguilles qui remplissent de gros aplats de couleur. Doux, c’est vraiment le mot. Une douceur légèrement douloureuse.
Tout va bien ! Je peux regarder le dessin progresser, prendre forme, petit à petit.
Scarification
Certes, avec le temps qui passe, et quand tu remontes vers le haut de la cuisse, ça commence à faire un peu mal. Mais si la personne qui te fait ta scarif est vraiment un pro, comme ça a été le cas pour moi, elle va t’aider à gérer le truc. Comment ? En te parlant, tout simplement, pour t’éviter de te focaliser sur la sensation désagréable. En te racontant des blagues, en te demandant de parler de série, de musique, le temps passe plus vite, et plus agréablement.
Tu l’as certainement noté en regardant la photo, deux techniques différentes ont été utilisées pour ma scar. D’abord les simples traits au scalpel, pour l’écriture et le contour du cœur, puis le peeling.
Avant cette deuxième partie, on a fait une pause, nécessaire notamment pour m’anesthésier localement avec un gel. On l’étale, ça picote un peu, on attend quinze minutes, puis on s’y remet.
Et là, oh ! Miracle ! Tu ne sens plus rien ! Que dalle !
Il a pu commencer le peeling, en tirant la peau avec une pince et en l’enlevant progressivement avec le scalpel. Comme dit, à ce moment là, j’étais posée comme jamais, pour faire un clin d’œil à ce bon vieux Maître Gims, sans rien ressentir du tout. Ca passe alors très vite. De toute façon, une scar comme la mienne, c’est très rapide à faire !
Je n’ai pas vu le temps passé. Me voilà déjà avec la scar toute tracée, avec beaucoup de talent, une grande finesse aussi bien dans les lignes parfaitement droites que les arrondis superbement réalisé. Comme je l’espérais. Non, attend, c’était carrément mieux ! Chapeau l’artiste ! Merci d’avoir aussi bien embelli ma cuisse !
Une fois le tout fini, tu reçois une longue liste de conseils pour les soins à tenir, également envoyés par mail, et heureusement, pour éviter les oublis !
Scarification
Car, quand tu parles d’une scarification, impossible de t’arrêter à l’acte en lui-même, il faut évoquer la suite ! Les deux semaines de soins !
Autant j’ai adoré la scarification en elle-même, et j’espère pouvoir m’en faire d’autres, quitte à ne pratiquer que le cutting cette fois-ci, autant les soins, c’est une autre histoire.
En gros, les quatre-cinq premiers jours, tu dois matin et soir bien nettoyer la scar avec de la Bétadine puis te l’arroser de jus de citron. Pour empêcher la cicatrisation. On est ici dans une démarche tout à fait inverse à celle du tatouage. Ensuite on met une bonne grosse couche de vaseline puis on emballe le tout dans du cello.
Je m’attendais à pire pour le jus de citron, les deux premières fois j’ai morflé, ensuite ça allait mieux. Mettre le jus de citron au frigo, pour l’avoir bien froid, ça aide, merci encore à Skin of Steel pour tous ses précieux conseils !
Avoir sa cuisse emballée H 24 dans du cello en revanche, en revanche, c’est chiant, vraiment très chiant. Et la vaseline c’est de la merde, ça colle aux doigts.
Tu enchaînes ensuite avec la deuxième phase des soins. A ce moment-là, libération ! Tu ne gardes le cello accompagné de sa très chère couche de vaseline que douze heures. Le reste du temps, tu laisses ta scar à l’air, après l’avoir nettoyée avec la Bétadine dermique, the yellow one, afin d’assécher la petite miss qui va former ses croûtes.
Les croûtes, que tu dois frotter avec une brosse à dent. A ce sujet je ne trouve qu’une chose à dire : YOLO.
La scar ensanglantée du début laisse donc progressivement place à une cicatrice rouge, en relief, uniforme et régulière, qui est très belle je trouve, en tous cas j’en suis fière !
Au point de la montrer à tous ceux que je rencontre ! (Une excuse de plus pour exhiber sa cuisse à des inconnus, c’est cool.)
On me pose souvent la question du résultat. Et ce n’est pas faute pourtant de l’avoir expliqué en long, en large et en travers. Le résultat final, comme pour toute cicatrisation, il faut attendre. Alors je ne suis pas du tout une professionnelle du milieu mais je ne pense pas faire une trop grosse gaffe en disant qu’une année est nécessaire à cela.
La cicatrice rouge et en relief va, et lis-moi bien pour ne pas poser la question ensuite, devenir un trait blanc, fin, quasiment pas en relief. Du moins pour ce qui est de la cuisse. Sur les côtes, par exemple, la cicatrice est blanche également, mais plus en relief.
Le résultat sera donc très fin, régulier, joli, et somme toute plutôt discret. Bien plus qu’un big tattoo new school !
Scarification
Après deux mois

Avant de clore cet article, qui je l’espère t’aura un peu éclairé sur cette pratique, j’aimerais rapidement évoquer les réactions de mon entourage. Que je craignais beaucoup. Notamment au vu de tout ce qui a pu être dit quand j’ai annoncé que j’allais avoir une scarification.

Au final, tout le monde, même les plus réticents, ont salué la finesse du travail de Skin of Steel et donc la beauté de ma scar. C’est passé aussi bien que si je m’étais fait un autre tattoo ! A ceci près qu’on m’a posé, et qu’on me pose toujours, énormément de question, sur l’acte en lui-même et les soins. Mais c’est toujours fait avec curiosité, respect et même attrait. Et ça, c’est top !
Ma scarification, en conclusion, j’en suis heureuse, et fière ! L’acte en lui-même était tout à fait surmontable. Les soins … On va dire passables. Le résultat est magnifique. Et je suis joyeuse comme une gamine quand je la contemple, chaque jour.
Si tu veux te lancer, je n’ai qu’une chose à dire : vas-y ! Tant que c’est quelque chose de vraiment réfléchi. Et tant que tu fais appel à un vrai artiste, réputé pour son professionnalisme. Conseils de base, mais vaut mieux l’écrire quand même, on est d’accord.

9 commentaires

  • Hank
    Hank

    J’espère que tu l’as fait pour toi et pas juste pour tester pour nous, fidèles lecteurs ! Parce que le gonzo journalisme a quand même des limites 😉

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    • Lulu Inthesky
      Lulu Inthesky

      Ouah ! T’es trop intelligent toi ! Je savais même pas ce que c’était le gonzo journalisme, j’ai été obligée de chercher sur Google. Mdr. J’vais pouvoir épater tous mes potos, merci frère !
      Prochain article ce sera : j’ai testé pour vous : faire du saut en parachute sans parachute. J’ai trop hâte de l’écrire.

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  • Em
    Em

    Ouah ! C’est juste magnifique !! Je viens de prendre rdv avec Skin pour juin (c’est loiiiin), je mourais déjà d’impatience avant de te lire, mais alors là…!!! Ça aura mis combien de temps pour le résultat final, du coup ?

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  • mm
    mm

    bravo,magnifique ce dessin!! j aurais voulu avoir une idée du prix!!??

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  • Clairee
    Clairee

    Un prix ? Es ce légal ? J’ai envie de l’en Faire une depuis 4 ans et tu m’as donné bcp d’infos ! Je cherche donc une personne pour me le faire

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  • Franck Thaureau
    Franck Thaureau

    Bonjour,
    Comment allez vous ? Je viens de lire votre article et je suis intéressé par la scarification depuis longtemps. Serait-il possible de ce contacter pas mail ? En espérant que vous ayez ce message.
    Cordialement franck

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  • Nasreddine
    Nasreddine

    Ou trouver un professionnel?

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  • Pauline
    Pauline

    Après faut juste se retenir de gratter les croûtes des cicatrices

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  • Jin
    Jin

    au début tu dit : « Je ne suis pas une grosse tarée », sauf que comprend que quand quelqu’un ce scarifie par par amour de l’art comme tu dit, c’est parce que c’est la seule manière qu’ils ont trouver pour ne plus penser a leur souffrance moral. alors c’est que mon avis, mais dire ca c’est irrespectueux envers eux. c’était peut être pas ton attention mais les gens peuvent se sentirent comme des malades manteaux a cause de ces mots.
    sinon très bonne article 🙂

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