Je t’aimerai

A toi qui as su me découvrir petit à petit. A toi qui as eu la patience d’entendre et d’écouter mes mots et mes maux. A toi qui as fermé les yeux sur mes maladresses, mes erreurs, mon passé. A toi qui as su me pardonner d’avoir été jeune, inconsciente, débridée.

Tu m’as vue dans des états irréels. Hors de moi. Hors de toi, aussi. Tellement différente de la douceur apparente, une ombre dans le modèle de perfection que tu t’étais forgé. Que j’avais voulu te vendre, comme une marchandise, comme si j’avais été à brader. Si je n’avais pas été humaine, j’ose à peine deviner ce que j’aurais été. Une fleur qui fane. Un arc-en-ciel qui se dissipe. La grêle après la pluie.

Je m’en vais encore cette fois-ci. A trop fermer les yeux pour favoriser l’amour, on en oublie l’évidence même. Avec le temps, ce n’était plus un voile devant nos yeux, mais un véritable brouillard, trop épais pour qu’on puisse l’ignorer. Il était temps, ce jour-ci, de se séparer.

Je te demande pardon une dernière fois, de n’avoir su être celle que tu voyais en moi. Tu as cru en ma bonté simulée, tu as cru en moi comme étant réellement une personne bien. Tu as su être là tout le temps, parfois même un peu trop, mais jamais trop peu.

En silence, j’ai pris ce qui m’appartenait. Une brosse à dents, des vêtements et quelques ustensiles de cuisine, ce qu’on résumera habilement par « des effets personnels ». J’ai pris un bout de ton coeur aussi. Un peu de tes pensées. Beaucoup de ton temps.

Une année ou deux. Ou dix. Un jour, je reviendrai peut-être dans cet appartement qui sent le magnolia, je franchirai peut-être de nouveau ce portillon rouillé. Et je poserai de nouveau ma main sur ta sonnette, comme la toute première fois. Ce jour-là, je serai prête à t’aimer plus que jamais.

1 Comment

  • Bien
    Bien

    J’aime beaucoup, je me suis reconnu dans le « Tu », merci pour ce texte.

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