Jour noir

Malgré l’eau glacée sur la gueule, je reste blanche… comme un cul (dirait maman). Je dirais même plus, un cul de cadavre qui n’a pas baisé depuis longtemps ! Ce matin le miroir de la salle de bains me renvoie un reflet d’outre tombe. Non, sérieux, je commence à (me) faire peur…

Dehors la ville lavée par l’orage est encore tiède et moite. Quand je sors, le ciel me plaque au sol.

Au bar, méchant coup de barre. Une putain d’envie qu’Elle se glisse derrière moi quand je suis en train d’écrire, que je ne puisse m’échapper à sa merci…

Mais les mots jouent au flipper dans ma tête, roulent, rebondissent et finissent par sombrer… et mon carnet est aussi livide que moi ! J’essaie de bouffer l’atmosphère avant qu’elle ne me bouffe. S’imprégner, se fondre, tout goûter pour mieux rendre… Les bribes, les éclats de voix, les rires, les chaises qu’on tire, les verres qu’on choque, les cuillères qui font teinter les tasses, l’odeur du café chaud, l’or des bocks, les journaux qu’on  déploie, les croissants frais, les regards en coin, le sourire des filles, les volutes en terrasse… Mais l’inspiration joue à l’arlésienne et mon stylo suspendu est en mal d’apesanteur. Rien à rendre, que l’évidence d’ une copie blanche, du vide sans encre sympathique… Elle ne viendra pas… J’ le sens. J’ le sais. J’ me tire !

Forcément quand j’ suis dehors le ciel se barre en flaques. La flotte sur la gueule, encore… qui colle les cheveux au visage et m’empêche d’y voir clair.

Et l’envie d’Elle se repointe, une envie irraisonnable qui suinte et s’insinue partout, si présente que l’espace d’un instant j’ai cru sentir sous souffle dans mon cou… C’était la pluie, maudite pluie…

Ça m’apprendra à vouloir sortir quand il fait jour !

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