Journée type d’un mec ordinaire

question everythings ordinaire

7h30. Le réveil. Difficile. Encore 5 minutes. Pas envie d’aller au boulot. Comme tous les matins. Pas envie de devoir dire, encore, que non, les modifications sur lesquelles il bosse depuis un mois ne sont pas terminées et que le site n’est pas opérationnel. Pas envie de devoir avouer à demi-mot qu’il n’est pas compétent.

7h45. Il est en retard. Une demi-tasse de café et un bout de pain plus tard, il est dans le métro, l’haleine peu fraîche, mais qu’importe ? Trois quart d’heure de métro, c’est long. Profitant du mouvement d’un passager arrivé à sa station, il se faufile vers une place assise. Parfait, il va pouvoir regarder quelques podcasts téléchargés la veille. C’est pratique ces trucs. Plus besoin de lire la presse spécialisée, de comparer telle ou telle œuvre cinématographique, de se renseigner sur telle ou telle sortie jeu-vidéo. Plus besoin de se faire soi-même un avis. Assis, au milieu de la population active d’île de France, il avale sa dose quotidienne d’infos prémâchées, pré-pensées. Il aura de quoi discuter autour de son sandwich pendant la pause dej. Le trajet n’est pas fini, il va pouvoir écouter une playlist en ligne. Les titres du moment. Ce qu’il faut connaître. Pourquoi écouter un album, un EP en entier, pourquoi passer du temps à chercher des groupes, des artistes, on lui apporte tout sans peine, il n’y a plus qu’à cliquer.

8h45. Il a perdu 5 minutes en instagrammant les restes d’un accident de voiture. 5 likes, 10 likes, 15 likes. Il se sent bien, suffisamment pour filer se planquer derrière son 17 pouces sans enfiler le masque du mec hyper désolé pour son retard, ça n’arrivera plus, promis.

11h30. Son coloc’ l’appelle, un problème avec le chat. Un problème avec le bruit. Un problème avec sa présence. Cet appart’ est une source de problèmes. Il ne se plaint pas, il lui est tombé tout cuit dans le bec, loyer peu cher et plafonné. Il n’a pas eu besoin de chercher, il n’a pas eu besoin de faire la queue derrière soixante dix personnes pour visiter un placard à balais trop cher et mal éclairé. Il voudrait bien en changer, c’est vrai. Mais c’est moins fatiguant d’affronter quotidiennement un colocataire abusif que de passer un mois à éplucher les annonces et à se déplacer.

19h40. Quarante minutes de trop, mais il n’a toujours pas avancé sur son boulot, censé être fini pour hier. Tant pis, on verra demain. Quelques mails plus tard, il est dans la rue, direction le rayon surgelés, il est temps de choisir son repas du soir. Pizza ou patates carrées ? Pizza. C’est plus simple à faire. Pourquoi s’embêter, encore une fois,  c’est tout prêt. Prêt à consommer. Il la digérera devant une série, qu’il n’aura pas vraiment choisie, puisqu’il aura vu sur tel ou tel réseau social qu’elle était incourtounable. Il sera d’accord avec l’avis des critiques, qu’il s’empressera de partager lors de ses prochaines interactions sociales, se sentant brillant et plein d’esprit.

00h20. Il avait prévu de se coucher tôt ce soir, c’est raté. Il se traîne au lit, sans penser à demain. Demain, qu’il faut recommencer.

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