La bête de Zidrou & Pé un œil nouveau sur une créature mythique du 9 ème art

Pour une fois je ne vais pas vous parler de 7ème art, mais de 9ème art avec un coup de cœur de bande dessinée que j’ai eu avec « la bête » de Franck Pé et Zidrou. Leur idée traiter de façon réaliste une créature culte du monde du 9 -ème art Franco-Belge en changeant son contexte et son époque, ce personnage c’est le Marsupilami. Crée en 1953 par le génial André Franquin, le Marsupilami est une sorte de créature marsupial à la fois mammifère et ovipare doté d’une immense queue préhensible de prés de huit mètres de long servant de moyen de déplacement, d’outil et d’arme venue de Palombie un pays fictif imaginé par Franquin dans les aventures de Spirou et  Fantasio.

Ici Zidrou et Pé traitent de la créature de façon réaliste et parfois même quelque peu terrifiante. En plaçant l’histoire quelques années après la seconde guerre mondiale dans la banlieue de Bruxelles, le duo donne une profondeur et une véritable consistance au personnage ce qui s’avère être un choix narratif fort judicieux, car le résultat possède un découpage ultra cinématographique.

marsupilami

marsupilami

La bête raconte donc, sous un jour nouveau l’histoire de cette créature légendaire capturée dans la forêt Palombienne par des Indiens, puis vendu à des trafiquants d’animaux exotiques qui débarque au port d’Anvers. Réussissant à s’enfuir, la bestiole arrive à Bruxelles et est recueilli par François, un gamin élevé par sa mère et passionné d’animaux dont le quotidien est loin d’être facile. C’est alors le début d’une belle amitié et d’une aventure initiatique pour ce duo incongru.

Au-delà de son histoire qui traite avec finesse de l’après-guerre et de ses conséquences sur certaines femmes vis-à-vis de ce qu’elles ont dû faire pour survivre durant la guerre. Elle traite parfaitement de la mise à l’écart d’un enfant par les autres qui se moquent de lui. Un enfant qui noie sa solitude dans sa passion irraisonnée pour les animaux et leur sauvetage. Autant vous dire que votre serviteur à la même tendance à récupérer les petites bêtes en danger. Cette histoire m’a donc grave parlé. Cette rencontre avec cette bête sauvage inconnue est salvatrice pour ce gamin, rêveur à la générosité sans bornes. Ce gamin pourrait avoir été une version de Franquin enfant qui aurait rencontré cette bête mystérieuse et en aurait fait des années plus tard le personnage de bédé que nous connaissons tous bien.

Ce qui fait la force de « la bête » c’est son découpage ultra cinématographique qui fait que cette bande dessinée se lit comme on regarde un film. Et autant dire que voir transposer sur grand écran cette œuvre fabuleuse, serait ultra intéressante. Ça serait toujours mieux que d’adapter notre patrimoine du 9ème art en les massacrant comme on en a malheureusement l’habitude. Franquin à par trois fois été cinématographiquement souillé au travers des adaptations foireuses de Gaston Lagaffe, Spirou et Fantasio et justement le Marsupilami. En fait cette bédé, de par sa  construction est un film en elle-même et donc se suffit en elle-même tant la qualité du scénario est au rendez-vous, sans parler des dessins absolument magnifiques dont chaque planche est une merveille.

Émouvant, drôle et parfois flippant, cette relecture est un bijou qui a mon avis est le parfait cadeau à tout fanatique de bande dessinée. Un tome 2 est déjà en route et autant dire qu’une fois la lecture terminée vous n’aurez qu’une idée, lire la suite.

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