La colère

Son visage, d’habitude si beau, est déformé par la rage. Ses traits si fins sont devenus grotesques, laids et peu gracieux. Ses lèvres pulpeuses s’écartent bien trop, pour laisser échapper des sons similaires à des insultes, des piques, des violences verbales puis pointues que des lames. Ses yeux sont devenus si petits, si perçants, le noir qui les rendait si beaux ne renforce que son côté hargneux. Penche en avant, ses poings sont tellement serrés que ses ongles parfaitement manucurés transpercent les paumes de ses mains.

La voir ainsi te rappelle une scène de Cashback. Elle te blesse avec ses phrases, et tous ces sujets, verbes et compléments sont semblables à des petits poignards transperçant la couche de ton intégrité, de ton amour propre et de ta fierté.

Il y a dix mois, tu ne voyais pas la rupture comme ceci, tu ne voyais pas ces attaques si violentes, tu ne savais pas que finalement, les mots blessent autant que les coups, tu aurais préféré une baffe à cette insulte, un coup de pied à celle-ci, un verre brisé à ce mot.

Dieu sait que la colère apporte du vocabulaire, si tu avais su, tu aurais pris une petite amie moins intelligente. Tu en viendrais même à compter le nombre de synonyme à abruti, voire à les classer et les répertorier.

Impuissant, tu comptes les secondes avant le lancer d’assiettes, le renvoi de la bague au visage, les claquements de porte, et la fatidique phrase : « Je passerai chercher mes affaires plus tard. »

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