La forme de l’eau de Guillermo Del Toro romance humide dans un aquarium…

Depuis près de 25 ans un sympathique et rondouillard Mexicain du nom de Guillermo Del Toro a pour profession de foi de mettre à l’honneur le fantastique avec plus ou moins de réussite, mais avec toujours un amour sincère et véritable pour le genre fantastique et en particulier pour les monstres….

Les monstres créatures tantôt mauvaises, tantôt bonnes. Le cinéma les a mis en lumière jusqu’à la corde. En ce qui me concerne mon monstre favori est celui de Frankenstein crée en 1818 par Mary Shelley. Et il est aussi le maître étalon de monstres tragiques chez Del Toro. Ce grand passionné du fantastique et du merveilleux vit le fantastique à tel point que sa maison est un véritable musée consacré à sa passion (voir les deux photos du bonhomme). Avec Cronos un premier film qui sortait des sentiers battus et réinvente le mythe du vampire, Mimic second film qui sera un calvaire pour lui, le a mon sens catastrophique surestimé et ringardissime Blade 2, Le singulier l’échine du diable, le très beau (et je n’ai pas toujours pensé ainsi) le Labyrinthe de Pan, le sympathique Hellboy, le bien plus réussi Hellboy 2, le fendard Pacific Rim et le finalement pas si terrible Crimson Peak. 

Après des projets TV plus ou moins bon comme the Strain ou la sympathique série animée Troll Hunter et une flopée de productions estampillées Del Toro que je trouve souvent affligeantes comme L’Orphelinat ou encore Mama. Del Toro nous offre ce qui est a mes yeux son meilleur film en tout cas du point de vue technique. Car si il est bien, il n’est absoluement pas original.

La forme de l’eau qu’est ce que ça raconte ? Modeste employée d’un laboratoire militaire ultrasecret, Elisa jeune femme de ménage muette mène une existence solitaire. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une créature humanoïde et mystérieuse sur laquelle le gouvernement expérimente. Elisa va se lier d’amitié avec la créature et tenter de lui rendre la liberté, sans pour autant oublier d’en tomber amoureuse au passage.

Lors de l’annonce de ce projet je me suis dit tiens, il nous pond un spin off de Hellboy centré sur la jeunesse de son acolyte amphibie Abe Sapiens. Et rapidement il est devenu évident qu’il n’en était rien. Il va de soi que Guillermo Del Toro tout passionné de monstres qu’il est, a ici offert un bel hommage à la créature du Lagon noir de chez Universal Monsters car son film d’une certaine façon pourrait en être la suite. Le film est présenté dans divers festivals ce qui est étrange pour un film fantastique et rafle progressivement tous les prix possibles. Bon candidat aux Oscars 2018

la forme de l'eau

Comme toujours la mise en scène est ultra soignée, la photographie magnifique et la direction d’acteur au poil. Tout irait donc pour le mieux pour Guillermo Del Toro si le film n’avait pas déclenché plusieurs polémiques. En effets il y a quelques semaines le réalisateur Jean Pierre Jeunet (à mon sens un des seuls Français du 7 ème art a s’être sorti les doigts du cul pour faire quelque chose qui change dans notre cinéma national) écrit une lettre un peu cinglante à Del Toro l’accusant de plagiat ce qu’explique ici l’intéressé :  « Je lui ai dit : ‘Tu as beaucoup d’imagination, beaucoup de talent. Pourquoi aller piquer les idées des autres ?’ Il m’a répondu : ‘On doit tout à Terry Gilliam. Selon lui, il ne vole rien aux autres, c’est Terry Gilliam qui nous a tous influencés. Mais bien sûr. Quand il pique la scène du couple assis au bord du lit qui danse avec les pieds, avec la comédie musicale en arrière-plan à la télé, c’est tellement copié-collé de Delicatessen qu’il y a un moment où je me dis qu’il manque d’amour-propre.’ »

Bon il est vrai qu’à la vision de ce film, il est difficile dés les premières secondes de ne pas penser à l’univers si codifié et onirique du frenchie, entre la musique de Desplat qui rappelle furieusement celle des films de Jeunet, entre la photographie aux teint bleu vert,  mais quand même exempte des plans fish eye ou grand angle si chères à Jeunet, les teintes verdâtres, les éléments de décors issus de l’appart d’Amélie Poulain. Il est évident que malgré la maestria de Del Toro, ça fait un peu mal au cœur. Sans parler en effet de deux scènes qui a mon sens sans plagier car ce qu’il s’y déroule n’a pas la même finalité, font repenser à des scènes de Delicatessen et Amélie Poulain. Mais personnellement et après maintes réflexions et discussions avec des cinéphiles éclairés je ne considère plus vraiment que ce soit du plagiat de la part de Del Toro. Malheureusement le sort s’acharne sur le réalisateur Mexican car quelques jours plus tard Guillermo se retrouve accusé de plagiat d’une pièce de théâtre de 1969 de Paul Zindel dramaturge Américain disparu en 2003. La pièce racontait comment une femme de ménage dans un laboratoire de l’armée se liait d’amitié avec un dauphin et tentait de le libérer de ses geôliers. Bon OK, je sais mais à ce train là le film « la forme de l’eau » serait donc aussi un plagiat éhonté de « Splash » ou « Sauver Willy »? Non, les buts et enjeux ne sont pas vraiment les mêmes et son traitement.

la forme de l'eau

Cependant il est indéniable que ce film est un superbe film, sans aller à crier au chef d’œuvre, il reste le plus maîtrisé de notre poupin Mexicain. De plus l’approche du film est nettement moins enfantine que d’habitude chez lui. Certes « le Labyrinthe de Pan »  traitait de la guerre au travers des yeux d’un enfant, mais en général le reste de sa filmo reste assez adulescente. Disons que ça à beau être beau, onirique, rempli d’un amour profond pour le genre, ce n’est pas non plus d’une profondeur abyssale. Remarque ça m’arrange car vu que moi non plus je ne suis pas très profond à part en connerie, je serais obligé après la séance de prendre des airs inspirés et de chercher des théories profondes afin de ne pas trop passer pour un con. « La forme de l’eau »  ne déroge pas à cette règle de pseudo profondeur grand publique, mais est emmené par des personnages savamment écrits, extrêmement attachants et magnifiquement bien joués. En tête de liste l’incroyable Sally Hawkins qui interprète Elisa tout en finesse, le formidable Doug Jones qui interprète l’amphibien d’amour et qui est l’un des éléments fondateurs de la filmographie du mexicain, le suivant depuis longtemps sur ses films. Doug Jones acteur polymorphe qui tel un Boris Karloff des temps modernes a su s’imposer comme l’un des plus grand interprète de créatures en tout genre au cinéma. L’homme interprète grâce a sa carrure atypique et à son talent corporel des créatures diverses et variées, mais joue aussi parfaitement la comédie dans un grand nombre de productions et sans tonnes de latex sur la trogne. le casting est aussi composé du toujours génial et trop discret Richard Jenkins (qui a enfin eu droit a un premier rôle avec le merveilleux drame the Visitor) en voisin vieux garçon gay qui est foutrement attachant. Le méchant de service est aussi génial qu’il est lourd dans son rôle de bad guy, interprété par le charismatique et (pour moi) terrifiant Michael Shannon son personnel de chef de projet malsain, mauvais et retord. Disons que c’est un vrai méchant de chez méchant de BD. Il n’a rien pour lui. Donc c’est un pied pas possible à jouer pour cette ganache de porte malheur de Shannon qui s’en donne à cœur joie, sans pour autant cabotiner. Au passage si un jour Guillermo Del Toro a envie d’adapter le chef d’œuvre de Mary Shelley, Michael Shannon ferait un merveilleux monstre de Frankenstein d’autant que dans le livre l’infortuné personnage est intelligent et parle contrairement à la magnifique version popularisé par Boris Karloff. Le reste du casting dont l’actrice Octavia Spencer est terrible en collègue grande gueule de l’héroïne et les acteurs David Hewlett et  Michael Stuhlbarg sont tout aussi bons.

 

Un autre élément singulier dans ce film, c’est le traitement du personnage principale, et une mise en avant de la sexualité onaniste assez inattendue de la part de Guillermo Del Toro. Et qui et assez finement incorporé dans la structure du personnage que la censure ne semble pour une fois pas avoir été choquée. En tout cas au delà de toutes ces polémiques son film reste un must see, mais à mon sens malgré toutes ses qualités le film ne devrait pas être l’élu des Oscars dans la catégorie meilleur Film. Meilleurs maquillages, réalisateur, acteurs si ils veulent, mais pas meilleur film. Où alors à titre de geste envers la communauté du fantastique.

la forme de l'eau

En tout cas « La forme de l’eau » est un joli film a voir, agréable, drôle, parfois touchant mais qui ne brille pas par son originalité. Une chose est certaine, Del Toro risque fort de voir ses projets de longue date sortit du développement hell.

2 commentaires

  • sebastien nuzzo
    sebastien nuzzo

    Ce qui me surprendra toujours est la manière dont les Médias sont prompts à relayer les pleurnicheries répétées de Jean Pierre Jeunet et font ostensiblement silence sur les deux courts métrages en lien ci-dessous, pillés par ce même JP Jeunet !
    Les films :
    https://www.youtube.com/watch?v=uFhSa7ltLe0
    pour tout ce qui est autour du photomaton, du personnage principal et de l’esthétique.
    https://www.facebook.com/sebastien.nuzzo/videos/91976629770/
    Pour le nain de jardin et le concept : « réparer les petits malheurs de la vie ».

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  • Le Waw
    Le Waw

    Trop trop fort… Ça tu vois-je ne savais pas. Perso pour Jeunet que j’adore quand même. Ce n’est qu’une broutille face à l’autre affaire.

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