Le dernier homme sur terre

«  A la vue de cette multitude de visages blêmes tournés vers lui, Neville s’avisa tout à coup qu’à leurs yeux, c’était lui le monstre. C’est la majorité qui définit la norme, non les individus isolés ».

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J’entame une brève période zombiesque et autres monstres en tous genres à l’heure où les prix littéraires de cette rentrée 2013 ont d’ores et déjà été prononcés. Provocation, certes, mais pas seulement.

Nous aurons tout le temps de parler de ces fameux prix plus tard, révoltée que je suis que Toussaint ne l’ai pas eu, ce fichu Goncourt (je vous aurais bien fait une critique des quatre saisons avec Marie, merde).

Bref. Vous regardez avec passion The Walking Dead, et moi aussi, bien entendu. Passionnée de zombies depuis le visionnage de la série, j’ai longtemps cherché des films à la hauteur, mais ce fut peine perdue : d’une manière générale, les films de zombies sont d’un niveau plutôt pathétique, et les grosses productions ne me ravissent que par la qualité des effets spéciaux, quand l’histoire, elle, est complètement délaissée. Allo ? Y’a un scénariste à bord ?

 

Et l’évidence m’est tombée dessus. Pourquoi ne pas lire un bon gros classique du genre, quand on sait que les premiers scénaristes d’un film sont souvent… les écrivains.

Je me suis envoyé Je suis une légende sans trainer et mon ravissement fut complet, total, absolu. Même si au lieu de zombies on est face à des vampires (…alors que franchement, avec Twilight, j’avais un très mauvais à priori sur la chose). Même s’il n’y a pas d’images et donc pas d’effets spéciaux. Même si les rebondissements sont minimes. Ca fonctionne.

 

L’histoire, vous la connaissez certainement si vous avez vu le film du même nom avec Will Smith (mais y’avait un scénariste ou pas du coup ?). N’empêche que si vous fouinez un tant soit peut sur Internet, vous découvrirez très vite que tous ceux qui vu et lu Je suis une légende ne jurent que par le bouquin. Je fais pas exception L’intrigue est on ne peut plus classique : une maladie contagieuse à infecté le monde entier, créant des vampires aux allures humaines mais décimant ce qui reste de la population. Là où on s’éloigne du scénario habituel, c’est qu’il ne reste qu’une personne sur terre, un dernier humain qui n’essaiera pas de s’en sortir mais patientera autant qu’il le pourra dans ce monde dévasté, sortant la journée et se barricadant la nuit dans sa maison. Tout l’intérêt du livre réside dans ce qu’ici il n’y a évidemment pas d’effets spéciaux complètement dingues ni de rebondissements à faire se dresser les cheveux sur la tête. La question posée est existentielle : à quoi bon continuer à vivre quand on en connait l’issue, et seul de surcroit ?

Notre héro se fera bien un ami, un chien qu’il aimera profondément, comme dans le film, devenant rapidement sa seule raison de vivre, mais qui le prolongera plus intensément dans la solitude au moment de sa mort. Ces questions nous touchent bien entendu, puisque par extension, on peut parfois avoir l’impression de vivre dans un chaos sans nom, d’être seul au milieu de la multitude et de ne pas savoir quelle direction prendre dans sa vie… Je suis une légende nous apprend en réalité la résilience.

 

Ce roman fascinant m’a donné envie de continuer à découvrir le genre, mais également à me poser la question suivante : pourquoi les monstres (vampires, zombies…) nous fascinent-ils autant ? Pourquoi prend-on autant de plaisir à être dégoutés par eux ? Je vous en parlerai très vite, mais il semble bien que même en constituant une altérité destructrice de l’humanité, ils soient en même temps nos doubles dans un monde qui n’a ni queue ni tête.

 

«  On n’entendait aucun bruit, à part celui des pas de Neville et le chant absurde des oiseaux. « Jadis, pensa-t-il, je croyais qu’ils chantaient parce qu’ils étaient heureux de l’harmonie du monde. Je me trompais : ils chantent parce qu’ils n’ont pas de cervelle… » »

 

Titre : Je suis une légende

Auteur : Richard Matheson

Editeur : Folio

ISBN : 978 207041807 7

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