Les Animaux fantastiques : Les Crimes de Grindelwald de David Yates, un retour en demie teinte

Il y a déjà presque deux ans la géniale JK Rowling richissime et talentueuse créatrice des aventures d’Harry Potter, décidait de donner une nouvelle vie au monde merveilleux qu’elle créa voici déjà presque 20 ans. Nous ne nous étendrons pas sur les aventures scolaire et périscolaires du binoclard le plus célèbre de l’histoire de la littérature et du cinéma, car sa saga est supposément termine, mais sur le monde étendu que la Dame a créé autour du jeune sorcier. Et autant dire qu’au même titre que pour l’univers de Star Wars, l’univers étendu autour de Potter a littéralement plus d’intérêt que tout ce qui gravite dans la grande école de Poudlard.

Et à mon sens avec le premier épisode des créatures Fantastiques JK Rowling a réussi à adapter sa mythologie à un univers plus adulte avec un brio plus que certain.  En particulier en se concentrant sur les aventures d’un anti-hero attachant, dont le comportement quelque peu antisocial frise l’autisme, j’ai nommé Newt Scamander en français Norbert Dragonneau (bravo au responsable de cette traduction ridicule) fabuleusement interprété par le comédien Eddie Redmayne. Personnage timide, introverti et possédant une grande aversion pour les humains qu’ils soient sorciers de sang pur ou bien simple moldus, leur préférant la compagnie des animaux et en particulier ceux qui comme le titre l’indique ont des propriétés fantastiques. Située dans les années 1920, l’action nous plongeait dans les arcanes du monde des sorciers extérieur à Poudlard. Plus précisément dans l’Amérique, des chapeaux feutres, de l’élégance et des sulfate uses camembert. Un dépaysement bienvenu qui nous permettait de découvrir la prohibition sous un autre plan de réalité.

 

Grindelwald

En 1927, quelques mois seulement après son arrestation par le ministère de la magie des Etats Unis, Gellert Grindelwald s’évade et souhaite rassembler des sorciers de « sang-pur » afin de régner sur les moldus. Le célèbre Albus Dumbeldore, un professeur renommé de l’école de sorcellerie de Poudlard, en Angleterre, semble le seul en mesure de l’arrêter. Les deux hommes, anciens amis d’enfance, seraient devenus ennemis depuis un accident au cours duquel la jeune sœur de Dumbledore aurait perdu la vie. Ce dernier accepte la mission et fait alors appel à son ancien élève Newt Scamander, qui a fait ses preuves en ayant déjà su déjouer les plans du mage noir. C’est l’occasion pour Norbert de retrouver ses amis Tina, Queenie et Jacob, à l’heure où le monde magique se fragmente plus que jamais.

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Donc que ressort-il de ce nouvel opus des aventures de Newt Scamander et de ses comparses du premier épisode ? Au final il serait abusé de dire que ce nouvel opus est meilleur que le précédent, car si la photo est sublime, les décors superbes, les acteurs comme toujours formidables, le film bien que regorgeant de bonnes idées reste assez bâclé en terme de mise en scène, victime d’un montage épileptique abominable, de cadrages qui feraient penser à une gerbille en surdose de caféine ce qui rend parfois salement illisibles les scènes d’actions qui sont en plus souvent bondés de créatures en CGI virevoltantes. Il est aussi à déplorer un manque flagrant de transitions entre les différents lieux et surtout très peu d’expositions de lieux en amont. On se retrouve grâce à une ellipse brutale au fin fond d’un caveau sans avoir vu au préalable les protagonistes pénétrer dans le cimetière. Ce qui dans certains films ne serait pas forcement dérangeant si l’on connait déjà les lieux, mais lorsque nous sommes supposés découvrir avec émerveillement les reconstitutions de certains lieux que nous ne connaissons pas vraiment cela fait plutôt économie de bouts de chandelles.

 

Malgré ces détails techniques et quelques légers trous scénaristiques, le film du vétéran de la saga David Yates reste un bon épisode, qui s’enfonce dans une certaine noirceur à l’image des derniers épisodes de la saga Potter. Le film ne manque pas de magie et de merveilleux, mais se concentre plus sur les personnages qui sont ici pour la plupart en proie au doute. Un épisode plus noir, plus dépressif en même temps c’est normal, on est à Paris cette ville de malheur, mais qui nous offre la possibilité de voyager plus en profondeur au travers de la société des sorciers qui d’une certaine façon est un reflet disons-le de suite plus radieux de notre société teinté d’aigreur, de rejet de la différence et autres manies de détruire tout ce qui nous entoure. C’est d’ailleurs ici le message porté par le personnage en titre de ce film le soit disant vilain sorcier et ex amant de Dumbledore (si si) Gellert Grindelwald ici campé par un Johnny Depp qui est pour le coup parfait dans le rôle du méchant de service. Autant dire que cela faisait un bon moment que le sulfureux comédien n’avait pas été aussi bon. Il n’est d’ailleurs pas le seul membre du casting a tirer son épingle du jeu. Car si tous les comédiens sont géniaux, Redmayne en tête, Judd Law qui campe un Dumbeldore de la cinquantaine, classe jusqu’au bout des ongles est génial. L’étoile montante Zoé Kravitz est ici remarquable et commence à véritablement montrer l’étendue de son talent.

 

Les enjeux sont ici assez inintéressants et mènent de façon assez évidente à ce qui deviendra le règne du au final peu charismatique Voldemort. L’histoire du siècle dernier risque d’être fortement revisitée dans les épisodes à venir. JK Rowling qui scénarise le film, donne toujours une grande place à l’image de la parité Homme/Femme, à une société bien moins patriarcale que la nôtre, souvent plus diverse que la nôtre à l’époque. Les sorciers semblent avoir depuis un moment dépassé les jugements raciaux et autres. Et c’est au travers de ce monde parallèle au notre bien plus reluisant qu’évoluent des personnages qui auraient plus mérités d’être approfondis. Car le film regorge parfois de trop de sous intrigues qui ne permettent pas forcement de mieux développer certains des protagonistes. Le film semble avoir été victime de pas mal de coupes au montage et  cela se ressent un peu et aurait largement mérité au moins trente minutes de plus.

Mais au final ce second épisode reste un bon film, qui malgré certains défauts, nous offre de très bons moment et nous plonge dans un univers autrement plus intéressant que le notre. Il va de soi que le film n’est qu’un pont vers le troisième volume d’une série qui devra compter 5 films disséminés entre 1927 et 1945.

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Dommage que les créateurs n’aient pas prévu de visiter les différentes décennies qui suivent, car il aurait été assez fun de découvrir nos sorciers dans les 50’s, 70’s et 80’s. En tout cas, JK Rowling n’a pas fini de nous faire rêver, mais il serait je pense judicieux de confier les rênes de la saga à quelqu’un d’autre que David Yates qui est au fil des ans un devenu un pantouflard fonctionnaire de la saga. Personnellement j’adorerais une série TV se situant dans l’univers adulte de Harry Potter et mettant en scène les enquêtes de ce dernier qui pourrait toujours être interprété par Daniel Radcliff alors qu’il est devenu Auror (équivalent d’un flic) et menant des enquêtes sur fond de magie noire et traités sous un angle plus adulte, sombre et impliquant des crimes en lien avec la magie noire et autres faits fantastiques. Un peu à la façon des aventures du sombre et génial héro de chez DC John Constantine.

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Les Animaux Fantastiques 2 : Les crimes de Grindelwald reste un spectacle de qualité et ravi quand même le fan de ce monde que je suis, malgré ses défauts techniques évidents. En outre JK Rowling à l’instar de ce que fut George Lucas avant qu’il ne se tire au bazooka dans le pied avec son infâme prélogie, tient toujours avec talent la barre de son navire univers et ne semble pas prête de s’arrêter. Et c’est tant mieux.

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