Les Rougon-Macquart #2 – La curée

La curée, deuxième roman du cycle des Rougon-Macquart, parle de la mutation de Paris engagée par Napoléon III et le baron Hausmann et des magouilles immobilières associées à ces travaux qui ont permis à des spéculateurs peu scrupuleux de s’enrichir sur le dos de la bête.

Le Paris Hausmanien qui fait bander les touristes et les parisiens réac qui s’opposent à tout projet d’urbanisme qui viendrait dénaturer les jolies façades en pierre de taille et les perspectives imparables comme la rue de Rivoli ou le boulevard Malesherbes date du second empire.

la curée

Le Lieu

L’aventure se déroule à Paris, entre l’hôtel particulier de Saccard, grosse meringue suant le fric vite gagné, construit le long du Parc Monceau, le Palais du Louvre, l’Hôtel de Ville, le bois de Boulogne où l’on parade en calèche, les boulevards où on s’encanaille, les théâtres et les restaurants. C’est le gai Paris des nantis qui sert de toile de fonds à La Curée. Le Paris des miséreux, celui que les nouvelles artères viennent creuser et aéré n’est que survolé. C’est le sujet du roman, mais ce n’est pas là qu’il s’y déroule.

Les personnages

Aristide Saccard est le personnage central de l’histoire. C’est un peu le Bernard Tapie de la saga. Un être vil, lâche, manipulateur et sournois. C’est un Rougon, et comme tous ceux de sa race, il est attiré par l’argent. Fils de Pierre Rougon et Félicité Puech, frère du ministre Eugène Rougon, Aristide détourne le nom de sa première femme, Angèle Sicardo et le tourne en Saccard. Arrivé de Plassans à la naissance du second empire, il est placé par son frère à l’hôtel de ville. C’est à la demande dudit frère qu’il modifie son nom, pour ne pas éveiller les soupçons. Angèle décède, Sicardo devient Saccard, l’argent commence à rentrer. Il épouse la fille d’un aristocrate désargenté, Renée Béraud du Chatel. Belle chose oisive et romanesque, Renée s’entiche bien vite de Maxime, le fils de Saccard, dont elle fait sa chose, le genre garçon poudré qui s’y connait plus en toilettes que ta meilleure amie….les années passant, Maxime devient l’amant de sa belle mère…une bien jolie petite famille.

Contexte historique

Au tournant du dix neuvième siècle, le baron Hausmann est chargé de travaux de remodélisation de Paris, ces travaux consistent à percer des avenues larges et connectées entre elles pour aérer la ville, raser les bouges saumâtres mais aussi permettre à la troupe de circuler plus facilement pour parer à toute insurrection, nuit des barricades ou émeute populaire. Sous la supervision du bon baron, la ville de Paris va préempter les immeubles situés sur le tracé des futurs axes, tracé tenu secret pour éviter que des petits malins leur brûlent la priorité et acquièrent les terrains situés sur les tracés pour les revendre à bon prix. Mais comme d’habitude avec ce genre d’arrangement, il y a toujours des petits futés qui contournent la règlent et se régalent sur le dos du contribuable. Aristide Saccard est de ceux-là. Ce n’est pas un Rougon pour rien! Dans la chronologie de la saga, la Curée se déroule entre 1855 et 1860.
Pour aller plus loin, tu peux consulter cette belle série d’images tirées de l’émission « Le dessous des cartes » consacrées au relooking de Paris par Hausmann et Napoléon III : Le dessous des cartes.

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Tout est en place, le rideau se lève sur…

Un hôtel particulier d’un luxe tapageur, un petit jardin, une façade qui dégueule de bas relief, une serre tropicale, un escalier majestueux. Tous les détails suintent l’opulence. La maison d’Aristide Saccard lui ressemble. Il est de ceux qui n’ont pas la victoire humble. L’argent lui brûle les doigts, il faut en mettre plein la vue à tout le monde…la vie de Saccard, c’est les affaires. Louches de préférence. Les affaires sur lesquelles il a bâti son immense fortune, les affaires qui lui ont ouvert les portes du pouvoir, les affaires qui lui ont permis d’acheter l’une des femmes les plus désirées de Paris. Mais Saccard n’en a cure, comme un enfant gâté, tout caprice assouvi perd de son sel, et l’homme saute d’une affaire à une autre. Il est trop gourmand, il ne pourra bientôt plus payer ses créanciers. Il suffit qu’une affaire foire et c’est tout son édifice qui s’effondre. Un édifice qui repose sur du vent. Sur du rien.

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Pendant ce temps, Renée se berce de toilettes, de promenades au Bois de Boulogne en compagnie de son mignon, le joli Maxime, cette petite chose rustique qu’elle a façonné à son image, petit garçon précieux qui a grandi dans les boudoirs, au milieu de ces dames qui le trouvaient si mignon. Renée s’ennuie, et elle s’en va tromper son ennui dans les bras veloutés de Maxime. Saccard l’apprend et ça l’amuse. Il n’en veut même pas à son fils qui abandonne la pauvre Renée à ses illusions et ses regrets. Tel père, tel fils. A la fin de l’histoire, Saccard est sur la corde raide, ça sent la ruine, mais qui sait avec ce genres de bonshommes, il a toujours un tour dans son sac et bien malin qui pourrait prédire comment le gredin finira. Il n’y a pas de justice pour la canaille.

La cerise sur le gâteau

La scène où Maxime invite Renée à dîner dans le salon privé où il saute habituellement ses maîtresses. Le regard de connivence du maître d’hôtel et la désillusion de Renée quand elle réalise où elle se trouve.
Le dernier paragraphe du roman qui révèle que Renée meurt en laissant une ardoise de plusieurs centaines de milliers de francs chez son tailleurs, ardoise que Saccard laisse à son beau-père le soin de régler.

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