Louise en hiver, tisane et rêverie

Les nominations aux Oscars 2018 sont récemment tombées et la catégorie films d’animation met en compétition 5 d’entre eux, dont deux de la Century Fox, Ferdinand et Baby Boss ; et un Pixar : Coco. Même si ce dernier est un excellent film d’animation, ce n’est pas le sujet de cet article. Comme toute bonne pépite, il est difficile de tomber par hasard sur Louise en hiver. Et sans les recommandations hivernales d’un ami chercheur d’or, j’aurais sans doute ignoré jusqu’à son existence.

La gare de Biligem

Oeuvre de Jean-François Laguionie sortie en 2016, Louise en hiver a été présenté en avant-première à l’occasion du festival international du film d’animation d’Annecy. L’auteur nous conte la solitude d’une vieille femme qui se retrouve coincée sur une presqu’île de Normandie à la fin de la saison estivale.  Alors certes, tout le monde a déjà raté son train une fois dans sa vie. Mais ici, il s’agit vraiment du dernier train jusqu’à l’été d’après. Une fois l’élément déclencheur déclenché, on s’attend à ce que la mémé rencontre des zombies, pille les magasins ou devienne folle. Hélas (ou pas d’ailleurs) ce n’est pas ce qu’il se passe.

Un peu plus classiquement, Louise éprouve les réactions attendues d’un individu seul dans un environnement vide. Elle réagit à tous les bruits, elle bascule dès la première nuit dans la paranoïa, à cause d’une tempête qui ne tarde pas à se déclencher. Toute sa maison qui paraissait si paisible quelques minutes auparavant devient subitement hostile et inquiétante. Loin d’être née de la dernière pluie, elle décide très vite de s’installer un campement sur la plage pour lutter contre sa situation.Les rêves de Louise

« Le temps est bon, le ciel est bleu »

Très vite, deux choses peuvent intriguer. Tout d’abord, même si le titre éponyme souligne le fait que l’histoire se déroule en hiver, le climat ne semble jamais vraiment difficile. Les conditions paraissent toujours propices à une promenade au bord de la plage ou dans les falaises. S’il pleut régulièrement,  occasionnant d’ailleurs des fuites dans sa cabane, Louise n’est jamais directement en danger. Elle peut ainsi laisser dériver son esprit et invoquer ses lointains souvenirs. Sans aucune source de distraction. C’est là la deuxième chose qui intrigue : la complète solitude de Louise. En dehors d’un chien qui, tel son Vendredi, va lui tenir compagnie et même dialoguer avec elle, il n’y a pas un chat à Biligen. Cela confère à la ville une ambiance fantasmagorique et offre à Louise tout l’onirisme dont elle a besoin. Il s’agit en effet d’un récit qui mêle souvenirs et rêverie jusqu’à la confusion des deux.

La plupart des souvenirs de Louise appartiennent en réalité à Jean-François Laguionie. Ce sont ses falaises, ses souvenirs d’enfance en Normandie qu’il décrit dans les souvenirs de son héroïne et l’aspect autobiographique n’en est que plus touchant et poétique.

Louise et Pépère le chien

Un bijou d’animation

Loin d’être une experte en technique d’animation, cette plongée dans l’univers de Laguionie a été pour moi un réel plaisir esthétique. Chaque plan a été dessiné par le réalisateur sur du papier à grain et le choix des couleurs offre un rendu proche de celui de tableaux. Même si le film ne dure qu’une heure quinze, le mouvement est lent et le temps semble soumis au reflux des vagues. Le mélange des genres entre peinture et animation sublime la poésie et la simplicité des intentions alors même que les films d’animation en vogue se reposent sur la fluidité de l’image de synthèse.

Parenthèse réconfortante, Louise en hiver a la douceur d’un chocolat chaud réhaussé d’une touche de cannelle. Si vous possédez un cœur, peu importe votre âge, cela peut vous toucher. 

 

 

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