Métaphysique du rock #13 Week-end à Brive

Le mois de novembre est traditionnellement l’occasion pour Brive-la-Gaillarde d’accueillir la foire du livre. Ceux qui font la rentrée littéraire viennent à la rencontre d’un public ravi de se faire dédicacer des livres par des gens qu’ils ne connaissent pas et qu’ils ne liront pas. Un concept qui a fait ses preuves.

Le cynisme étant devenu mainstream, tâchons de nous intéresser à d’autres aspects. Ainsi, vous serez ravis d’apprendre que ce salon littéraire est également remarquable par la présence de ses stars. C’est pourquoi de longues files d’attente se sont créées pour saluer les Amélie Nothomb et autre François Hollande. Mohamed Mbougar Sarr aussi, Goncourt oblige (d’ailleurs, si je puis me permettre, c’est le premier Goncourt que je trouve enthousiasmant depuis longtemps). Marlène Schiappa et Jean-Michel Blanquer n’étaient pas là. Un esprit taquin y verrait l’occasion de mettre en balance leur talent d’écrivain avec la régurgitation d’une soupe de lettres alphabet mais l’ambulance s’est déjà bien faite mitrailler la carrosserie.

D’autre part, certains auteurs s’exprimaient dans le cadre de conférences. Ce qui a permis à Philippe Manœuvre, présent pour Flashback acide, de parler de rock. D’ailleurs (je digresse une dernière fois et rentre dans le vif du sujet, promis), l’animateur était surprenant. Franchement, rater l’interview d’un mec qui a mené pléthore d’interviews dans sa vie, ça m’a fait penser à un lycéen option cinéma qui explique à Godard comment faire un film parce qu’il a lu trois numéros des Cahiers du Cinéma.

Quoi qu’il en soit, ce fut toute de même l’occasion de quelques envolées lyriques manœuvresques. C’est cool quand même d’écouter un passionné, surtout quand la passion est partagée. Malgré tout, la liesse du moment allait être nuancée par une question toute légitime, qu’en est-il du rock aujourd’hui ? Constat sans appel de Philman, le rock est mort. Dans le sens où les majors ne signent plus de groupes de rock depuis longtemps et qu’il n’y a plus de groupes qui rassemblent comme ont pu le faire ceux de jadis, détaille-t-il.

J’ai trouvé ça bouleversant. Comment ce truc indéfinissable, cette entité qui intéresse tant de gens peut-elle être morte ? Est-ce qu’aujourd’hui aimer le rock c’est courir après des chimères ? Puis, il sait de quoi il cause. J’ai donc cogité. Je trouvais cet aphorisme trop triste pour l’accepter et le déni arrivait sans tarder. Est-ce que le rock façon CBGB est mort ? Sûrement. Est-ce qu’on aura un nouveau Bowie ? Sûrement pas. C’est définitivement triste. Mais est-ce qu’on s’en tamponnerait pas un peu le coquelicot dans le fond ? C’est ça le rock, non ? Créer sa propre histoire, ses propres riffs. Évidemment qu’on n’aura plus jamais de mouvement de foule comme on a pu en avoir avec les Beatles. Seulement, tant que des illuminés voudront faire des chansons en fumant des clopes, c’est que tout n’est pas perdu.

Au mois d’août, Nick Cave et les Limiñanas seront à Rock en Seine. Un monde où on peut le même soir entendre « The mercy seat » et Lionel Limiñana plaquer des accords, ce monde, je refuse de lui enlever l’étiquette rock. Plus encore, j’ai dans l’idée que tant qu’au moins un individu sur terre trouvera plus bandant le « ONE TWO THREE FOUR » des Ramones que la neuvième de Beethoven, alors le rock sera bien foutrement vivant.

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