N°5

***

N°5 dans sa nuque

Ses fesses sur le carrelage

Les cheveux dans les yeux

 N°5 sur mes lèvres

Dos contre la baignoire

L’index à sa bouche

 N°5 sur les joues

Des frissons sur les cuisses

Et son air d’ingénue…

***

Elle était dans la salle de bain quand je l’ai trouvée, j’ai vu tout de suite qu’elle avait chialé, rapport à sa tête de panda. Elle venait de se faire larguer.

J’ai fermé la porte et laissé la fête battre son plein sans moi, me suis assise à côté d’elle, lui ai proposé une gorgée de bière et une clope et l’ai laissée vider son sac…

Pablo était un salaud, il avait promis de l’aimer toujours, de l’emmener avec lui au soleil… et blablabli et blablabla… Tu parles, Pablo elle l’avait rencontré samedi dernier au bord du lac, un hidalgo à deux balles qui l’avait emballée rien qu’avec son accent chantant et ses pecs bien bronzés, ils avaient flirté tout l’aprem’ et quand le soir venu ils s’étaient tous les deux éloignés du feu de camp, tout le monde avait su que Zoé allait passer à la casserole… et voilà, une semaine après, ses vacances terminées, le beau Pablo était rentré chez lui, sans Zoé… pas de quoi en faire un drame ! Les rives du lac en avait vu des générations de Pablo et autres Don Juan de pacotille débarquer le temps d’une amourette saisonnière, et partir comme ils étaient venus sans leur dulcinée mais avec de jolis souvenirs de vacances qui ne manqueraient pas d’alimenter les discussions graveleuses qu’ils auraient avec leurs copains dès leur retour, finalement c’était une sorte de coutume estivale à laquelle les participants se pliaient de bon cœur année après année. Mais Zoé ça l’avait mise dans tous ses états que son beau Pablo soit parti sans elle. Elle qui avait déjà tout réglé comme du papier à musique,  elle allait vivre chez lui, trouver un p’tit boulot tout en poursuivant ses études par correspondance, et puis une fois le bac en poche, ils auraient ouvert une boutique de fleurs, parce que Pablo il aimait ça les fleurs, enfin c’est surtout compter fleurette qu’il aimait… en fait elle aurait voulu aller plus vite que la musique et ce soir son p’tit cœur était tout brisé. Et c’est sur mon épaule qu’elle était maintenant en train de se lamenter, les mecs c’est tous des connards, il m’avait promis de m’emmener pourtant, il m’aimait tu sais, il me l’a dit qu’il m’aimait, il était si romantique, nan vraiment c’est qu’un salaud, de toute façon personne ne m’aime, snif…

Le niveau de ma bière atteignait sa cote d’alerte, ses jérémiades commençaient à grave me gonfler, la musique frappait fort à la porte, et j’allais pas tarder à m’esquiver quand elle a pris ma main…   « Mais toi tu m’aimes, hein dis ?! »  Tu parles d’une question con !

Ça faisait un bail que j’connaissais Zoé, bien sûr que je l’aimais bien, et je mentirais si je disais que j’étais insensible à ses charmes, d’ailleurs j’étais pas la seule, elle faisait baver tous les mâles qu’elle croisait, mais bon, là j’le sentais moyen de lui faire une déclaration d’amour alors qu’elle était en train de se moucher dans ma chemise… « Hein dis, tu m’quitteras jamais toi ? ».  A son regard implorant, la seule réponse qui m’est venue à la bouche est un « Bien sûr que non !»  et pour couper court, je l’ai serrée dans mes bras. C’est étrange, en l’étreignant, j’ai eu l’impression de respirer à un arôme que je connaissais déjà, et quand j’ai demandé ce qu’elle portait, elle a avoué avoir piqué ça à sa mère – no comment sur le pourquoi-du-comment je connaissais le parfum de sa mère, c’est une autre histoire que je raconterai pas ici – « Ça sent bon » elle a dit en me tendant son cou. Moi ce que je sentais surtout, c’est que si elle continuait à se rapprocher de moi comme ça, j’allais finir par déraper, alors j’ai eu un léger mouvement de recul, mais Zoé n’avait manifestement pas envie que je garde mes distances, elle a planté ses yeux dans les miens, ses yeux tout mouillés, tout innocents, tout suppliants… et moi j’ai prié !

Alors, ouais, p’être qu’elle avait trop bu, mais pour ma défense j’dirais que moi aussi, qu’elle était vulnérable et que j’aurais pas du profiter de la situation – à ceci près que c’est elle qui a fait le premier pas en m’embrassant (baiser que j’ai rendu, parce que c’est tout de même la moindre des politesses envers une jolie fille) et le deuxième en venant s’assoir à cheval sur mes genoux, sérieux, qu’est-ce que vous auriez fait à ma place ? – qu’il y a bien d’autres moyens de réconforter les copines et que ma main n’avait rien à faire dans sa petite culotte…  n’empêche qu’en sortant de la salle de bain, Zoé ne pleurait plus !

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