Tu ne t’es jamais posé de questions. Les choses te paraissaient si naturelles, si spontanées, tu aurais même pu y attribuer l’adjectif “normal” si les autres ne t’avaient pas fait comprendre que c’était le contraire.
Petit, tu avais aussi ton amoureuse dans la cour de récréation, tu lui donnais des bonbons et elle te faisait des bisous après. Tu as grandi, tu as trouvé des filles belles et radieuses, tu as atteint l’âge où le corps change, tu as suivi les leçons d’éducation sexuelle en même temps que tes petits camarades, tu as appris l’existence de ces maladies qui ôtent des vies, et des précautions à prendre.
Avec le temps, tu as rencontré des gens. Des filles, des garçons aussi. Normal. Et pour toi, c’était très naturel que Mathieu t’attire plus que Sophie. Ce n’est pas le sexe d’une personne qui décidait du fait que tu la trouves fantastique. Intéressante. Passionnante. Sexy. Que tu aies envie d’être auprès d’elle, nuit et jour. Chaque heure, chaque minute, chaque seconde.
Les autres ne pensaient pas comme toi. Tous. Pas à la même échelle. Certains étaient tolérants. D’autres ignoraient. Certains te crachaient dessus, t’insultaient dans la rue. Les jours passant, tu as compris que tu étais “différent”. Quand tu en as parlé à tes amis, tu t’es souvenu d’une chose, qui restera gravée dans ta mémoire : “Ce n’est pas parce que tu es attiré par le même sexe que tu es malade, fou, ou moins bien que les autres. C’est la nature qui en a décidé ainsi. Mais ce ne seront sûrement pas les autres qui décideront si tu es heureux ou non.”