Oscars : Hollywood joue son avenir et sa réputation sur un choix inédit

« CODA » ou « The Power of the Dog » ? Tout se jouera dimanche dans un cliffhanger digne d’une série télé.

D’un côté, Le Pouvoir du chien : le western rugueux de Jane Campion. L’histoire de Phil et George, deux cowboys du Montana d’il y a 100 ans, aux prises avec un environnement plus qu’hostile. Leur chemin croise Rose et son fils Peter, eux aussi marqués par une vie plutôt aride. Du roman de Thomas Savage, Jane Campion extrait la sève vénéneuse pour un film qui fonctionne beaucoup sur le non-dit et le hors-champ. Il est difficile d’évoquer d’emblée toutes ses subtilités qui en font une œuvre à la fois simple et complexe. Il suffit de voir le nombre de vidéos YouTube intitulées « Power of the Dog Ending Explained ! ». Vainqueur des Golden Globes et des Oscars britanniques, The Power of the Dog est disponible sur Netflix.

De l’autre, CODA réalisé par Sian Heder et dont le titre est un acronyme pour « Child Of Deaf Adults ». On connaît la chanson : une adolescente grandit dans une famille où tout le monde est sourd (la mère, le père, le frère) sauf elle. Elle prendra son envol par la musique, une passion que ses proches parviendront à ressentir. C’est donc un remake de La Famille Bélier, gros succès chez nous en 2014, la différence étant que les parents sont ici interprétés par deux comédiens sourds. La matriarche Marlee Matlin avait été sacrée Meilleure Actrice aux Oscars en 1987, ouvrant la voie aux comédiens malentendants tels que Troy Kotsur, qui joue ici le père. Pelotonné dans son canapé, on pleure, bien sûr qu’on pleure à cette histoire simple et touchante. Couronné à Sundance et choisi par les guildes américaines (comédiens, scénaristes et producteurs), CODA est disponible sur Apple TV+ (1 semaine d’essai gratuit).

Alors oui, huit films supplémentaires sont en lice pour la timbale. Mais face au palmarès des deux œuvres précitées, on voit mal la surprise provenir des autres candidats, quand bien même ils seraient réalisés par Steven Spielberg (West Side Story), Paul Thomas Anderson (Licorice Pizza) ou Guillermo del Toro (Nightmare Alley). Quant au japonais Drive My Car, c’est déjà un petit miracle de le voir rouler dans cette course. En un joli clin d’œil, la langue des signes joue également un rôle important dans ce très beau film. On pense aussi à notre coup de cœur primé l’an dernier : Sound of Metal.

Par moments, CODA m’a rappelé Little Miss Sunshine (la famille qui court emmener la petite dernière à son audition). Les deux films ont gagné quasiment les mêmes prix mais, en 2007, LMS avait perdu l’Oscar face aux Infiltrés de Scorsese (un remake !). Cette fois, CODA pourra-t-il aller jusqu’au bout avec son image de Petit Poucet paradoxalement porté par la plus grosse entreprise mondiale ? Ou bien c’est une œuvre sur notre monde toxique et ambigu qui lui damera le pion ?

Quoi qu’il en soit, en étant chacun écrit/réalisé par une femme et diffusé principalement en streaming dans le monde, ces deux films ont déjà écrit l’Histoire.

La 94e cérémonie des Oscars se tiendra à Los Angeles dans la nuit du dimanche 27 mars. Elle sera diffusée en direct et en crypté sur Canal+.

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