Paranoia de Steven Soderbergh une plongée dans la folie via un Iphone…

 

Steven Soderbergh est un réalisateur assez inclassable, tantôt faiseur, tantôt créateur, toujours sur la brèche en matière d’innovations et ultra prolifique. Sa filmographie est ultra hétéroclite et a fait du bonhomme un des réalisateurs importants de ces 30 dernières années. Dans toute sa filmo, il y a forcement un de ces films qui nous a interpellé, parfois excellent, parfois mauvais, mais toujours pertinent.

Depuis son excellent Sex, mensonges et vidéo en 1989, en passant par son Kafka en 1991, Traffic, Erin Brockovitch, son fabuleux remake de Solaris (si si), ses bouffonades bling bling  Oceans Eleven, Tweelve et Thirteen, son moyen Contagion, son fabuleux Ma vie avec Liberace, Soderbergh a su s’imposer autant par la qualité que par la quantité. Et c’est non sans une certaine appréhension que je suis allé voir son dernier né Paranoia.  Le long métrage se déroule dans un hôpital psychiatrique et entièrement tourné avec un IPhone 7 et l’application FILMIC pro. Un long métrage tourné avec un smartphone, en effet au delà du culot et du médium, ça laisse toujours un peu dubitatif. En même temps ce ne serait pas une première car en 2015 le réalisateur Sean Baker réalisait avec un Iphone le film Tangerine et les images étaient fort intéressantes.

Paranoïa nous raconte l’histoire de Sawyer Valentini (Claire Foy) une jeune femme qui se retrouve placée contre sa volonté dans une institution psychiatrique où elle est confrontée à sa plus grande peur, celle d’être poursuivie par celui qui la harcèle depuis des années. Sur place elle se retrouve face à lui, mais est-ce réel ou un fantasme dû à son imagination et à sa paranoïa ?

Après un démarrage quelque peu déstabilisant dû au visuel très épuré de l’image. Il faut dire que Soderbergh n’a pas poussé les effets d’étalonnages et en est resté à une image assez limpide, on se prend vite à son jeu. Le film ne s’embarrasse pas de trop de fioritures et va rapidement au sein de son propos. Et très vite ce thriller commence à s’épaissir et on se complaît aisément au sein de ce suspense bien maîtrisé. Le film est quasiment dénué de musique ce qui renforce l’aspect cinéma réalité. Question réalisme c’est celui de la situation du personnage principal qui pose parfois questions. Peut on réellement interner de façon aussi arbitraire une personne sans son consentement, en tout cas ce qui nous est donné à voir dans le film nous fait nous poser des questions. Ce n’est pas le seul élément qui parait un peu grotesque, mais sous ses airs de films expérimental, ce qu’il est après tout, (Paranoia est une expérience filmique du point de vue de la technique), le film de Soderbergh possède plus un sujet traité de façon série B qu’en profondeur et avec l’intelligence d’un film comme Vol au dessus d’un nid de coucous, ou d’un Shock Corridor. Qu’a cela ne tienne, on rentre vite malgré les incohérences dans cette histoire de fou qui au final se révèle assez bien ficelée.

L’interprétation est parfaite, Claire Foy en tête, secondée par une Juno Temple enlaidie et bien barrée et on a le plaisir de retrouver l’excellent et trop rare Joshua Leonard qui était l’un des héros de Blair Witch Project et qui n’a eu de cesse depuis plus de 20 ans de cachetonner dans d’obscures DTV. Ici Leonard est parfait en dingo obsessionnel et obsédant et ne tombe pas dans la caricature du dingue de service lambda.

Sans être un grand thriller Paranoïa reste un film plus qu’honorable, qui ne fait pas tache dans la filmographie de son auteur et qui a aussi le mérite de nous faire découvrir les possibilités techniques qu’un tournage au smartphone peut nous offrir. Personnellement je me suis procuré l’application Filmic Pro pour mon Android et j’avoue avoir été bluffé par ses fonctionnalités qui poussent le capacités déjà fortes intéressantes de ces machines.  

 

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