Peut-on dire du mal du Hellfest ?

Pari gagné pour Ben Barbaud : tout le monde parle du Hellfest. Mais dans la cohorte des reportages élogieux, les voix dissonantes ont du mal à se faire entendre.

On va pas se mentir, le Hellfest a marqué des points cette année (et pas seulement parce que j’y suis allé pour la première fois). Le Hellfest a bien cartonné parce que plein de médias en ont parlé. C’est cool, non ? Cependant, quelque chose m’a un peu gêné dans cette couverture médiatique et ce ne sont ni les habituelles imprécisions et maladresses de la presse grand public (confusion sur les sous-genres, erreurs sur les noms, accentuation du e de metal ou oubli du premier h de thrash), ni les live report parfois un peu lapidaires des webzine spécialisés qui utilisent une trame usée jusqu’à la corde pour raconter le festival à travers les différents concerts vus.

Omerta?

Non, ce n’est rien de tout ça. Ce qui m’a vraiment gêné, c’est que tout le monde dise seulement du bien du Hellfest et ne se pose pas de questions qui fâchent. Certes, on a eu comme chaque année les attaques de ce collectif qui milite pour l’interdiction du Hellfest dont je vous livre une savoureuse publication :

dire du mal du hellfest

Mais ces extrémistes de l’autres bord mis à part, tous les médias semble s’être entendus pour n’aborder leur reportage Hellfest que sous l’angle « Le plus grand festival de Metal de France = youpi ». Pourtant quelques sujets un peu conflictuels méritaient un éclairage.
On pourrait par exemple aborder la question du glissement progressif du festival Metal « par les fans pour les fans » vers un événement grand public et familial (raison pour laquelle les médias mainstream étaient présents alors qu’on ne les verra probablement pas à l’Xtreme Fest, au Backwood Festival ni au Fall of Summer).
On pourrait aussi s’interroger sur l’appauvrissement de la setlist qui recyclait pas mal de groupes déjà venus les années précédentes : le festival parviendra-t-il à faire le plein s’il n’est plus en mesure de proposer des inédits ?
Parler de l’augmentation régulière du prix du billet : qu’est-ce qui la justifie ?
Envisager l’avenir : si le festival a (presque) épuisé la réserve de groupes inédits capables de faire venir le public en masse, compte-t-il se tourner vers des groupes plus Rock (Muse a fait le Download UK en 2015) ou bien revoir la jauge de public à la baisse en se recentrant sur le Metal pur et dur ? (vu les investissements sur les installations, vous avez la réponse à la question, mais elle mérite quand même d’être posée et à ce jour, les réponses de Hellfest Production sont assez évasives).
Se demander si la bière vendue dans les bars du festival était ou non coupée à l’eau ?
Parler de l’épineuse question du parking ?
Aborder la pérennisation de la marque « Hellfest » à travers des opérations de promotion tout au long de l’année : c’est déjà le cas avec le Kult et les Warm – up, mais à l’instar de ce que fait le Wacken, est-il possible que le Hellfest développe ce volet promo et la diversification de ses activités?
Etc.
Certes, ce sont des sujets qui nécessitent un peu plus de travail journalistique qu’une immersion d’une demi-journée au bar VIP du festival, mais ça intéresserait sûrement plein de gens (à commencer par moi), qu’ils soient ou non fans du Hellfest.

Heureusement, il reste encore quelques irréductibles pour oser prendre la pose face caméra et balancer leur vérité. En l’occurrence, voici Max Yme, musicien et metalleux qui tire à boulets rouges sur le Hellfest. Sa vidéo n’est pas un tissu de conneries, elle est bien argumentée et fait réfléchir. Bien sûr, on adhère ou pas au propos et même si on ne va pas lui envoyer Amnesty International, le mec ose quelque chose qui va quand même bien à contre-courant. Car contrairement à la plupart des haters du web, Max Yme s’avance à visage découvert, et ça, c’est déjà énorme et de plus en plus rare, donc chapeau l’artiste. La vidéo a déjà été vue 16.000 fois et elle fait le buzz. Max Yme en a publié trois autres pour démonter les clichés du Metal. C’est bien foutu, bien documenté, bien acide aussi, bref, que tu sois un TRVE metalleux ou un novice, je te conseille de regarder tout ça…

C’est mon dernier billet Hellfest, je crois que je sature un peu sur le sujet et que ça commence à tourner en rond. Le meilleur moyen de changer d’air serait peut-être tout simplement de tourner la page jusqu’à l’année prochaine et de s’intéresser à d’autres sujets passionnants, comme les prochains festivals de l’été, les concerts de la rentrée, les JO et le Tour de France…

dire du mal du hellfest

(illustrations édifiantes empruntées au site http://provocshellfestcasuffit.blogspot.fr/)*

(*)Je précise que je ne fais pas l’apologie de Provoc Hellfest, les illustrations sont plutôt là pour montrer qu’en ce moment, les principales critiques à l’encontre du festival semblent émaner de ses plus fervents détracteurs.

1 Comment

  • Hank
    Hank

    Publication partagée sur la fanpage facebook du Hellfest et supprimée dans les 10 minutes.
    Ce qui confirme bien qu’on ne peut décemment pas aborder les sujets qui fâchent avec les principaux intéressés. Ce qui est bien dommage.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *