R.I.P, le groupe de Doom qui enterre le Doom

R.I.P est un groupe de Doom Metal américain qui opère un retour aux origines en proposant une musique directement inspirée de la scène qui a donné naissance au courant. La différence avec les autres albums Doom wannabee? On te l’explique right now

La semaine dernière sur le groupe facebook du Hellfest, j’ai assisté à une prise de bec mémorable, épique et finalement assez conne entre une spectatrice qui vient pour la première fois au festival Metal de Clisson et demandait quels groupes de Doom sont à voir pour découvrir le Doom et une fan de Doom intransigeante qui l’a rembarrée en lui expliquant que ce n’est pas juste une musique mais un état d’esprit et qu’il faut passer par une longue intronisation pour pleinement apprécier le Doom. Vous voyez, le genre citadelle imprenable ou secte pour initiés (un live report pour se faire une idée plus précise :Live report de Jex Thot au Glazart le 22/09/15). Cette réaction viscérale et sincère manque malheureusement un peu de discernement car tous les groupes de Doom ne sont pas taillées dans la même boue et je dirais même que, ces temps-ci, il y en a de plus en plus qui feraient mieux de prendre du recul par rapport à leur projet artistique.

Le Doom actuel ressemble de plus en plus à une vaste fumisterie

Si nombre de groupes se réclamant du Doom citent allègrement BLACK SABBATH dans leurs référence, ils ont parfois perdu de vue que les premiers albums de BLACK SABBATH développaient une ambiance reposant sur la musique, le chant, les paroles et un certain climat. Ce postulat étant admis, il ne suffit pas d’une rythmique coulée dans le plomb, un growl enroué et une guitare léthargique pour sonner Doom. Si l’on avait tendance à oublier tout cela à l’écoute d’une production actuelle aussi encombrée qu’uniforme, les portlandais de R.I.P remettent les choses au clair avec leur debut album, In The Wind.
R.I.P In the wind 2

« Après des années passées à matraquer Portland et sa région avec leur son tranchant, Fuzz (chant), Angel Martinez (guitare), Jon Mullet (basse) et Willy D (batterie) ont décidé de laisser sur bande leur propre testament Heavy Metal, laissant dans leur sillage un amas de carcasses chancelantes. In the Wind referme le cercueil sur les tendances et exhume l’esprit Doom originel : pourquoi être obsédés par la lenteur et les riffs sous-accordés, quand il s’agit avant tout de mort, terreur, cuirs usés et morceaux heavy au possible. » (extrait du dossier de presse)

R.I.P – In The Wind : une chronique

Le disque est habillé d’un artwork splendide et glaçant signé par Adam Burke où la mort pose devant une immense nécropole noyée dans un brouillard polychrome. C’est sinistre, sulfureux et très rétro. Mais rassurez-vous, c’est du rétro respectueux, pas un de ces projets vintage moisi comme il en pousse treize à la douzaine de nos jours. Si R.I.P tire sans doutes possibles son essence de BLACK SABBATH, ST VITUS ou PENTAGRAM, In The Wind est tout sauf un tribute aux gloires du passé. R.I.P n’est pas non plus un de ces groupes qui utilisent le vintage comme argument marketing en mode “on joue sur du matos qui a servi à l’enregistrement de tel vieux nanard”. Au contraire, R.I.P a manifestement compris que c’est souvent dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, à condition d’y ajouter quelques jeunes carottes. Ici, il sera donc question d’une musique aux relents Sabbathiens, portée par une rythmique lourde comme il faut, enveloppée par une guitare qui balance des riff de killer comme “Tremble” et son petit air de “Green Machine” (KYUSS), “Black Leather”, l’un des morceau les plus Heavy de la galette ou “Smoke & Lightning”. Clair, le chant envoie des paroles morbides et glauques à souhait avec des intonations bien choisies, à l’image de ce que faisait si bien le Ozzy Osbourne de l’âge d’or du Sab. Les morceaux prennent leurs temps pour installer leurs ambiances en dépassant souvent les 6 minutes mais évitent de sombrer dans un train train lénifiant, R.I.P ayant également le bon goût d’alterner les ambiances et les tempos comme sur “In the wind part 2” et son solo cristallin ou plus encore sur “The Tombstone”, un court interlude instrumental joué à la slide guitar. Bien produit sans être surproduit, bien naturel et organique sans sonner comme du DIY enregistré dans un soubassement inadapté, bien construit et équilibré, In the Wind est un debut album d’une étonnante maturité.

Sorti en mars 2016 chez Totem Cat Records, l’album n’est pas disponible sur toutes les plateformes de streaming. Il est diffusé sur Youtube, le voici…

La page facebook du groupe : https://www.facebook.com/R.I.P.P.D.X/

R.I.P In the wind 3

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