Restless- à la vie, à la mort

Restless de Gus Van Sant-USA-1h35- 21 Septembre 2011

Annabel (Mia Wasikowska) est amoureuse de la vie et de la nature. Elle rencontre Enoch (Henry Hopper), traumatisé par la mort de ses parents. Elle est en phase terminale de cancer, lui oscille entre le monde des morts et des vivants, passant son temps dans les enterrements. Lorsqu’elle lui apprend qu’elle va mourir, il lui propose de l’aider à se préparer à cette mort prochaine. Ils profiteront des derniers instants d’Annabel pour vivre un amour adolescent, furtif et déjouer la mort.
A l’heure du succès du sublime La guerre est déclarée de Valérie Donzelli et Jérémie Elkaim, c’est avec plaisir et un certain pincement au cœur qu’il faut absolument retourner dans les salles voir ce film traitant du même sujet : La tumeur au cerveau chez une jeune personne. Avec un même sujet, les réalisateurs font un film singulier, en adoptant un angle de vue et un style très différent qui n’ont en commun que leur talent et leur sensibilité.

C’est encore avec brio et une grande finesse que Gus Van Sant traite de l’adolescence après Elephant et Paranoid Park. En s’intéressant à cet univers, le réalisateur aborde la thématique douloureuse de la mort, de la répétition temporelle, de la frontière entre corps et esprit, des fantômes… Dans Paranoïd Park, Gus Van Sant joue avec le temps. Lorsqu’Alex écrit son journal intime, sa pensée se disperse, un événement important fait ressurgir un événement caché et enfouit dans la mémoire du jeune garçon. Dans Restless, Enoch est aussi hanté par la mort, principalement celle de ses parents. Il vit dans un temps qui lui est propre, entre la vie et la mort, jouant en permanence sur cette frontière.
La caméra toujours aussi légère et fluide de Gus Van Sant emmène le spectateur dans une ambiance singulière, romantique (mais pas neu-neu) et mortuaire (pas glauque non plus) aux couleurs automnales. Grâce à cette atmosphère et aux décors, le réalisateur est en parfaite adéquation entre son histoire et l’univers dans lequel sont plongés les personnages et par conséquent les spectateurs. Si la résonnance burtonienne et les influences romantiques Baudelairienne participent grandement à la singularité de Restless, c’est aussi la rencontre, le choc entre la personnalité lunaire d’Enoch et d’Annabel et la manière dont Gus Van Sant aborde la mort en traitant le sujet de front mais du point de vue de deux adolescents, qui contribue à l’originalité du film. Ils sont liés par cette mort qui hante la vie du jeune garçon et qui, pour elle, n’est qu’une finalité. L’émotion des personnages transcende l’écran sans tomber dans le pathos ou le mélodrame. Il n’est pas question de lutte, d’injustice, d’espoir mais du temps qu’il reste, du temps que l’homme a ou aura pour vivre, comme ces oiseaux qui ne font que passer.
L’ex ballerine, Mia Wasikowska signe un de ses plus beaux rôles et grâce à sa sincérité, elle donne une grande force et fragilité à son personnage. Elle apporte une dimension poétique, dévoilant la grande sensibilité du personnage qui vacille entre force et fragilité, sans aucun excès. Ce n’était pas un rôle évident, loin du larmoyant, de Mélanie Laurent (pour la rime, entre autre…). Cette performance promet encore de très beaux rôles à venir pour cette jeune actrice !
C’est aussi un plaisir de découvrir le talent de la progéniture de Denis Hopper, qui par sa sensibilité à fleur de peau, ses prises de risque, pourrait presque naviguer sur la vague « Born to be wild » dans le film de Gus Van Sant.

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