S. Carey, face B de Bon Iver

S. Carey

 

 

Toute personne de bon goût se doit d’aimer Bon Iver. C’est un fait. Néanmoins tout le monde n’est pas obligé de savoir que le groupe américain est composé de Justin Vernon, Mike Noyce et Sean Carey. N’ayant pu avoir une interview du grand, géant, génial Justin Vernon, et ce-dernier n’ayant dans tous les cas aucune actualité, je me suis tourné vers l’autre tête pensante d’Eau-Claire, Wisconsin : Sean Carey (aka S. Carey en solo).

En effet, Sean Carey a sorti son nouvel album, ‘Range of Light’ sous son nom de scène : S. Carey. Il s’agit du deuxième album du musicien après ‘All We Grow’ en 2010, qui avait, à l’époque, été plutôt bien reçu par la critique.

Nous ne sommes pas ici pour nous mentir : pas de fourvoiement donc, on reste largement dans l’univers Bon Iver. La recette est connue et au point maintenant. Ce qui marque et fait office de signature, c’est d’abord la pureté du son proposé. Le travail en studio est phénoménal. Pas de place pour la petite fausse note, le bruit de fond ou l’imperfection qui pourrait faire la différence. Et ce point manque peut-être aux albums de S. Carey, à qui l’on pourrait attribuer un manque de charme, d’authenticité même. Si je voulais être un peu désagréable, je dirais que certaines chansons sont carrément plates. Mais je suis quelqu’un de très agréable.

Connaisseurs de Bon Iver, vous remarquerez donc la touche Carey dans l’album éponyme du groupe. Tandis que le premier ‘For Emma, Forever Ago’, entièrement composé et écrit par Justin Vernon, était nettement folk, chaud et réconfortant, le deuxième avait lui un côté moins accessible, plus travaillé, plus pur. Je vous conseille d’ailleurs d’aller jeter un coup d’oeil à ce live aux AIR Studios pour vous rendre compte de la qualité imposée par Carey au groupe tout entier : https://www.youtube.com/watch?v=A9Tp5fl18Ho.

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : nous ne sommes pas en présence d’un sous-Vernon ou quoi que ce soit d’autre. Il s’agit plutôt d’un complément, d’une autre face de ce nouvel indie-folk haut perché. Le piano, par exemple est très présent chez S. Carey. C’est vraiment le fil conducteur de l’album. Pour le reste, le côté planant est toujours là, et la nature n’est jamais bien loin. Le message est souvent positif, l’américain est quelqu’un de très calme, posé, réfléchi. Ces traits de caractère transparaissent dans ses textes, et même jusque dans les mélodies.

S. Carey essaye tant bien que mal de se créer une identité propre à travers des projets solo qui ont, pour l’instant, du mal à sortir de l’anonymat. Ne serait-ce que pour mieux comprendre l’évolution de Bon Iver, il est bon de s’intéresser à ce personnage qui partage la vie artistique de Justin Vernon depuis sept ans. Merci à lui d’avoir accepter de répondre à quelques questions.

 » – Tu n’es pas encore connu en France, pourrais-tu te présenter s’il te plait ?

(S. Carey) – Je m’appelle Sean Carey, j’ai un groupe et un projet musical nommé S. Carey. J’ai passé les sept dernières années à jouer des percussions, du piano, et à chanter avec le groupe Bon Iver. J’ai aussi travaillé sur mes propres chansons, et mon premier album ‘All We Grow’ est sorti en 2010. Mon deuxième LP ‘Range Of Light’ est sorti le 1er avril cette année.

Quels sujets traites-tu dans tes chansons ? Est-ce que tu essayes de faire passer un message en particulier ?

– J’écris sur beaucoup de sujets différents, néanmoins il est vrai que mes textes tendent à mettre en avant la beauté naturelle du Monde, ma famille, la pureté de l’amour, des expériences que j’ai vécues ou encore des lieux qui comptent ou ont compté pour moi.

Le piano et la guitare semblent être tes instruments de prédilection, est-ce un choix délibéré ?

– J’ai l’habitude d’utiliser ces instruments comme bases pour mes chansons, mais mon instrument de prédilection, et celui avec lequel je me sens le plus familier, reste la batterie. J’ai une licence en percussions classiques et je joue de la batterie depuis mes 10 ans, c’est donc le domaine dans lequel je me sens le plus à l’aise.

As-tu déjà joué en France avec ton projet S. Carey ? Une tournée en Europe est-elle prévue ?

– S. Carey n’a jamais joué en France, mais nous le ferons très bientôt ! Nous entamons notre première tournée européenne en Mai, nous jouerons à Paris le 3 juin.

Est-ce que tu pourrais nous parler de ta relation avec Justin Vernon ?

– Je savais à l’époque que Justin recherchait un batteur, j’ai donc appris absolument toutes les chansons de Bon Iver à la batterie et au chant, c’est comme cela que j’ai commencé à jouer avec lui. Je connaissais tout les titres par cœur. Ma démarche l’a impressionné, je me suis senti connecté à sa musique. C’était quelque-chose que je n’avais jamais ressenti, en tous cas pas aussi fort. On a donc commencé à jouer ensemble, et le tout premier concert de Bon Iver fut joué chez nous, devant 80 personnes ; je n’ai pas arrêté de jouer avec lui depuis. Justin Vernon prend une grande place dans ma vie depuis sept années maintenant. Il joue d’ailleurs du banjo, de l’orgue et de la guitare dans mon nouvel album ‘Range of Light’. Tu peux notamment l’entendre dans « Crown the Pines » et « Fleeting Light ».

As-tu vraiment participé à créer l’univers de Bon Iver, ou est-ce que tu t’en es imprégné ?

– J’ai participé à la création du deuxième album de Bon Iver, ‘Bon Iver’. Je me suis occupé de la batterie, des percussions, et je chante dans la plupart des chansons. Ce fut un long processus, plusieurs mois. De temps en temps il m’arrivait de vouloir trainer un peu, me reposer, profiter… On s’est quand même pas mal amusé, c’est toujours sympa d’être en studio.

As-tu d’autres projets en cours ?

– Actuellement je me consacre plutôt à un travail de producteur. Ma dernière production en cours est l’EP d’un groupe new-yorkais, Doe Paoro. Tu peux aller voir ici : http://www.middlewestmgmt.com/artists/doe-paoro/ « 

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