Sur la route

Elle avait le visage noyé de larmes.

A peine ses collants enfilés qu’elle pleurait déjà. Le temps de nouer ses chaussures, d’enfiler un cardigan noir, les larmes trempaient son cou, glissaient sur son buste.

Son mascara avait tracé des sillons noirs sur ses joues creuses, sa vue était brouillée par les larmes. Pourtant, elle n’avait même pas mis un pied dehors.

Elle aurait pu attendre d’arriver au cimetière.

Elle se serait rappelé de ce dernier mois.

Il a suffit d’une seconde, une minute, un flash. Les choses s’arrêtent si vite, l’imprévu est si déroutant.

Un accident est si vite arrivé.

Elle connaît par coeur les infirmières du service de réanimation, les couloirs sombres, la machine à café. Le néon qui ne marche pas. L’odeur de mort en suspens.

Les hauts-le-coeur, pour finir par vomir et ne plus manger.

Et puis à un moment, elle a attendu les mots « c’est terminé ». Qu’on a prononcé quelques heures plus tard.

Cela faisait quatre ans de relation fusionnelle, quatre ans qu’elle portait dans son coeur, les traces d’un amour si fort. Elle se voyait déjà en blanc sur l’autel de l’église. Elle se voyait déjà enceinte avec des fraises dans le réfrigérateur. Elle se voyait même dans une maison de retraite, lui à ses côtés.

Maintenant, elle ne voit plus rien.

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