The Conjuring 2 de James Wan, la mort du film qui fait peur…

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Une fois de plus le soit disant grand maitre du film de peur, James Wan a frappé.  Pour le meilleur ou pour le pire?  Le réalisateur qui avait pourtant pas si mal commencé il y a une quinzaine d’années avec le premier opus de Saw et qui s’est depuis taillé une solide (et a mon sens incompréhensible) réputation de maitre du genre. Genre qui lui rapporte beaucoup, mais a qui il ne rend vraiment pas les honneurs, malgré son évident amour pour celui-ci. Après avoir malmené les films d’horreurs 80’s avec ses insidieux Insidious, après avoir ridiculisé les vigilantes flicks à la Bronson avec son infâme Death Sentence, après avoir partiellement réussi le bancale, mais ultra esthétique Dead Silence, il s’attaque à la série des dossiers Warrens. Rapports des deux célèbres chasseurs de fantômes Ed et Lorraine Warren ayant dans les années 70 enquêtés sur un grand nombre de cas avérés de possessions et maisons hantés par des transmigrateurs (nom donné par les parapsychologues aux esprits). Le spin off de ce même film Annabelle eu un franc succès il y a deux ans.

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Si le premier opus est loin d’être la catastrophe à laquelle Wan nous avait habitué auparavant, il souffre néanmoins de la vision plate et théâtrale qu’à son réalisateur sur l’apparence des fantômes. En effet Wan est littéralement incapable de donner une quelconque immatérialité à ses esprits. Je m’explique, je crois fermement aux paranormal, malgré le fait de n’avoir vu aucun fantôme, sauf les quelques rares photos (véritables) et les témoignages de proches, ou autres que j’ai pu entendre, j’ai néanmoins la certitude que la plupart du temps les apparitions furtives de ses esprits ne sont jamais nettes. Si un esprit tente d’être vu, ce doit être incroyablement difficile pour lui de parvenir a se matérialiser, car autant la conscience de ce que fut son corps doit être altérée , mais sa force psychique ne doit pas avoir le potentiel nécessaire afin de se matérialiser nettement. De plus si matérialisation du transmigrateur il y a, pourquoi ses vêtements se matérialiseraient ils. Les vêtements n’ont pas d’âme donc pourquoi les revenants seraient ils habillés ? Mais bon on est pas ici pour débattre sur la matérialité et les fringues des fantômes.

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Chez Wan ce qui pèche dans sa vision des fantômes, c’est leur trop nette matérialité. Ainsi ces derniers apparaissent sans arrêt trop clairement. Et le pire c’est qu’il grime ses acteurs comme des fantômes de foire, maquillage à la limite du théâtre Kabuki et des maquillages de garderie pour Halloween. On a l’impression de pouvoir les toucher. Aucune transparence, rien d’éthéré comme l’avaient brillamment fait Spielberg et Hopper dans le miraculeux Poltergeist (salement remaké récemment). En gros on sent a chaque instant qu’on est face a un comédien déguisé. Constatez par vous même.

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Donc comment James Wan fait il pour foutre la trouille a des millions de spectateurs depuis tout ce temps ? Et bien en utilisant un autre procédé de train fantôme, le jump-scare (en gros sursauter de peur), on attend, on attend et d’un coup alors que pourtant on s’y attend, l’élément terrifiant apparaît et nous fait sursauter. Sauf qu’ici la vrai peur, celle qui se distille dans notre cœur et sous notre peau, n’est jamais au rendez vous. La peur que nous avons ressenti devant des classiques comme l’Exorciste, l’Emprise, the changelling ou Shining.

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James Wan use et abuse de ces procédés filmiques tel un forain naïf qui croit encore a son train fantôme de pacotille. Hors si Conjuring premier du nom était pas trop mal fait, le second opus est une véritable catastrophe qui sombre dans l’esbroufe très rapidement. Accompagné d’une publicité grossière et ronflante allant jusqu’à insinuer que des gens et même des chiens sont morts de trouille à sa vision, le film n’est qu’un vulgaire ramassis de lieux communs , allant de la nonne satanique, au vieillard flippant et autres chaises a bascule bougeant toute seul.

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The Conjuring 2 s’intéresse cette fois au cas Enfield étrange affaire de maison hanté qui fit sensation dans les années 70. Ed et Lorraine Warren se rendent à Londres dans le quartier d’Enfield, pour venir en aide à Peggy Hodgson, une mère vivant seule avec ses quatre enfants, victimes de manifestations. Alors que la famille pense que leur maison est hantée par un fantôme, ils se rendent compte qu’en réalité il s’agit de rien de moins que le diable, Janet, une des filles de Peggy, montre les signes de possession démoniaque, Ed et Lorraine devront donc faire face à cette menace, afin de libérer la jeune fille du diable au péril de leur vie. Brrrrrrr que ça va faire peur. Et bien non ! Si ce n’est qu’une scène avec une nonne fantôme qui est bien réalisé et un peu flippante, mais pas trop non plus c’est pour les kids quand même, le film brille par sa bêtise et son contenu 1000 fois vu et revu. Une chose est certaine rien n’est plus difficile de réaliser un véritable film de fantômes qui fait vraiment flipper. Les cas les plus intéressants commencent à dater ce sont Les autres et le 6 ème sens. Des films où les fantômes sont assez matériels, mais en fait qui sont vu par les fantômes eux même.

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Ici ce n’est que gaudriole et lieux communs. Certes la mise en scène est bonne, car bien que je n’apprécie pas ses films, Wan est un bon réalisateur mais qui a mon sens la vision est celle d’un enfant de 8 ans. Ce qui est terrifiant c’est qu’une fois de plus le public parvient a se chier dessus en regardant ces farces fantomatiques et ne semble même plus savoir qu’un jour de vrais grands films de fantômes ont terrifié des générations de spectateurs. Ce qui est défrisant avec les produits du genre de Conjuring ou Insidious, c’est qu’ils sont d’une légèreté assez navrante, n’innovent en rien et n’ont au final jamais la véritable intention de vraiment faire peur grâce à autre chose que l’effet de surprise. Certes cela fonctionne parfois, mais à la longue les ficelles sont usées et n’ont plus aucun effet sur le spectateur non profane. Cependant la réalisation est correcte, les costumes et décors parfaits et le casting composé de l’excellent Patrick Wilson et de la talentueuse Vera Farmiga qui campent parfaitement le couple Warren. Malheureusement les faux pas scenaristiques, le mauvais goût de James Wan en matière de maquillage et les sempiternels lieux communs font de cette suite un film largement en dessous du premier opus qui ne brillait pas non plus par son originalité et ses grandes qualités.

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Donc voila je vous en conjure, si vous avez un tant sois peu de respect pour le genre, vous même ou pour l’art de se faire peur, n’allez pas donner vos brousouffs a the Conjuring 2 et allez plutôt vous taper un grand huit de la mort dans un parc d’attraction.

1 Comment

  • Sweet Judas
    Sweet Judas

    Je suis d’accord pour dire que ce deuxième opus est un gros échec, quelque soit le point de vue… Pourtant, j’avais bien aimé le premier (ainsi qu’Insidious, premier du nom) qui me semblaient sortir un peu du lot auquel on avait droit ces dernières années. Mais là, non vraiment, je ne comprends pas. Bon, ça n’atteint pas la nullité d’Annabelle, certes, mais à mes yeux, on en est pas loin. L’esthétique ne rattrape pas les longueurs du film (2h, était-ce nécessaire ? Je ne pense pas) et la résolution finale est d’un navrant… « Valak retourne en enfer, t’es méchant » et pouf! Tout rentre dans l’ordre. Déception, quoi.

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