Twixt, Francis Ford Coppola


Il y a quelques jours, je suis allée voir Twixt… et il y a certaines choses que j’aimerais qu’on m’explique.

On m’avait dit que c’est le dernier film de Monsieur Coppola, qu’il y a Elle Fanning dedans… et honnêtement on ne m’en avait pas dit plus. On aurait peut-être dû.

On aurait pu me prévenir que Val Kimer a pris 20 kilos, et qu’il les a tous pris dans la face. On aurait pu me prévenir que le mec responsable de l’éclairage avait démissionné, offrant ainsi au spectateur une lumière est étrange, venant de face, crue, presque blafarde. J’ai eu l’impression d’être dans un épisode de télé-réalité lugubre ou dans une scène d’Arrested Development (ce qui, avouons-le, aurait été nettement mieux). Mais on ne m’a pas prévenue, et  je suis rentrée dans la salle de cinéma naïve comme une enfant qui va à son premier spectacle de poneys, mon pop corn salé en main, le regard fiévreux, la paupière humide, impatiente de découvrir le dernier opus d’un de ceux que je considère comme un réalisateur de talent.

Mais tout cela, ce n’est encore rien comparé à ce qui attend le spectateur innocent une fois que l’on quitte le monde réel pour celui des songes, lorsque Hall Baltimore (Kilmer) se laisse emporter par son imaginaire délirant carburant au bourbon et à la littérature du XIXème siècle. La lumière blafarde devient un clair-obsur surréaliste, teinté de bleu et de noir que viennent réveiller une touche rouge (Elle Fanning) ou orange par-ci par-là. La caméra balaye les paysages désolés d’une Amérique révolue dans laquelle le protagoniste erre en quête de réponses à des questions aussi profondes et existentielles que : qui a tué la petite V, pourquoi l’éditeur refuse de me faire une avance… mais surtout : qui s’est dit que déguiser Edgar Allan Poe en Charlie Chaplin était une bonne idée.

Etrange et incongru tel le rêve d’un ivrogne en quête de frissons, Twixt narre sans beaucoup de talent la quête existentielle d’un écrivaillon raté avec un penchant pour la bouteille, culpabilisant du décès de sa fille, et qui va en trouver une autre (de fille, pas de bouteille) dans les forêts lugubres d’une petite bourgade ricaine.  Des parallélismes peu subtils alimentés par un psychologisme facile, des acteurs au jeu théâtral, presque faux, un éclairage calamiteux sur lequel je ne reviendrai pas… Sorte d’allégorie d’eros et thanatos sur fond bleuté, Twixt est un film bancal, maladroit et étrange ; Au final, décevant de la part de quelqu’un comme Coppola, qui nous a peu habitués à des films de si peu d’envergure, et qui livre un film dans lequel on le retrouve finalement très peu, comme s’il avait été fait par un autre. Par ses thèmes de prédilection et leur exécution naïve, son aspect inabouti et maladroit, et sa gamme chromatique gothisante, Twixt ressemblerait presque à du Tim Burton réussi. Mais même si un mauvais Coppola reste mieux qu’un bon Burton, Francis… je ne comprends pas.

5 commentaires

  • @SuziMontana
    @SuziMontana

    Je suis complètement d’accord avec toi.
    Moi j’ai trouvé que c’était un sin city 1er prix.

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    • xYohmx
      xYohmx

      Ah oui c’est vrai.

      Dans le même genre de comparaison, on peut dire que « la vie aquatique » c’est un mauvais rip off des dents de la mer. Ou du monde du silence.

      M’enfin… Passons.

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  • Gatrasz
    Gatrasz

    Ah ? Hé bien moi, je n’en attendais pas plus, ce qui signifie que j’ai beaucoup aimé. On peut effectivement trouver moche l’éclairage, les cadrages ou les acteurs ; on peut aussi comparer avec ses autres films…ou bien prendre Twixt comme il est. Un film d’ « auteur ». D’écrivain, quoi : ce qui importe à Baltimore ce n’est pas l’histoire elle-même (ni les éléments de la vie de Coppola qui se cachent derrière) mais la difficulté à la raconter. De ce point de vue, le film est à mon avis très vrai, même s’il sacrifie un peu la forme au fond.

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  • xYohmx
    xYohmx

    Et quand on sait que son fils s’est tué dans un accident de bateau, la « forme » devient un prétexte selon moi.
    Non pas que la mort de son fils légitimise quoique ce soit hein.

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  • Gatrasz
    Gatrasz

    C’est vrai (dix ans après) ; on se contrefiche de la vie privée de Coppola (qui a pourtant bien pourri la promo, hein). Peut-être même des vampires, d’Elle Fanning et d’Edgar Allan Poe aussi ; ce qui reste, c’est juste l’histoire de cet écrivain qui s’acharne à écrire des histoires ridicules de sorcières à 2 francs alors qu’il crève d’envie au fond de parler de sa fille sans savoir trop comment. A croire que le prétexte du surnaturel un peu nunuche c’est juste celui choisi par Hall Baltimore pour son bouquin, naze parce que ses histoires sont nazes, et montré comme tel par Coppola. Et ça, ça m’épate.

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