Uncharted / very very bigger than life 

Alors que la sortie du film Uncharted est pour bientôt, Sony continue de lifter les jeux phares de sa console Playstation avec la sortie d’un lot de deux titres pour le prix d’1 destiné à la PS5 baptisé Uncharted : Legacy of Thieves Collection, dans lequel on trouve Uncharted 4 et Uncharted : The Lost Legacy. Cette conjoncture d’actualité cinématographique et vidéoludique est une occasion idéale pour revenir sur une licence calibrée pour en mettre plein la vue.

uncharted film
Affiche du film tiré de la licence

C’est le studio Naughty Dog qui signe le développement de la licence depuis 2007. Pour les profanes, Naughty Dog est aussi à l’origine du jeu The Last Of Us dont la réputation n’est plus à faire tellement cette œuvre à fait couler d’encre et rencontrée un plébiscite assez inédit dans l’histoire récente du jeu vidéo.

Tous les principaux héros de Naughty Dog (© Naughty Dog)

Uncharted narre les mésaventures spectaculaires de chasseurs de trésors qui parcourent des sites incroyables dans le monde entier à la recherche d’artefacts de grandes valeurs. Le leitmotiv des game-designers est de saisir le joueur pour déclencher chez lui en effet wow ! La surenchère est telle qu’Indiana Jones fait figure de badaud dans un voyage réservé aux séniors. A titre de comparaison, Uncharted est le Fast & Furious de l’exploration archéologique. A la manière de la fameuse bancable série de films d’action automobile, ils sont aussi dans une logique d’escalade permanente qui donne des mises en scène toutes plus impressionnantes les unes que les autres.

Petit cimetière de bateaux du XVIIIe siècle, les musées paieraient cher pour avoir ça

D’ailleurs, il serait pertinent d’accoler un sticker sur les boites à destination des archéologues comme pour les disques olé olé, avec la mention « Archaeologist Advisory Traumatic Pictures». En effet ce jeu contient des images qui pourraient donner des crises de tétanie aux passionnés de fouilles historiques : dès que les personnages trouvent une ancienne sublime cité inexplorée, plutôt que de la signaler auprès de l’UNESCO, ils ont la manie de bouger des trucs et des leviers qui font immanquablement tout s’écrouler dans un fracas inouï ! Sans parler de ces mercenaires qui ont la fâcheuse habitude d’arriver systématiquement en premier et qui tirent sur tout ce qui bouge avec des lance-roquettes (faut-il leur rappeler qu’une fouille se fait plutôt avec une brosse à dent et un pinceau ?). Comment font-ils à ce propos pour être là avant les héros ? Alors que les protagonistes ont passé des heures à escalader des parois glissantes, les méchants connaissent toujours un meilleur chemin !

Et tous ces cadavres semés au gré des différentes pérégrinations qui ne semble pas émouvoir à outre mesure les personnages principaux. Pourtant, les traits psychologiques des héros se sont affinés d’épisode en épisode grâce à des dialogues bien écrit. Les relations amicales et familiales sont décrites avec justesse.

Ces magnifiques enluminures ne vont pas résister longtemps aux balles de calibre .43

Bref, ces arrangements avec la réalité sont le prix à payer pour vivre une expérience vidéoludique stimulante. Car il faut bien le reconnaitre, suivre une aventure de Nathan Drake imprime la mémoire sur le long terme. Que le joueur qui ne se souvient plus de la scène d’intro avec le train de l’épisode 2 aille consulter un neurologue illico. Le sens de la mise en scène du studio Naughty Dog est magistral, et tant pis si les situations ne sont pas plausibles. Le jeu vidéo est le média de l’extraordinaire qui a le droit d’être totalement « bigger than life ». Au demeurant, la technologie est au service de cette idée-là vu qu’elle participe à rendre le jeu diaboliquement envoutant. C’est incroyablement beau et vivant. La série Uncharted a toujours été la vitrine technologique des différentes générations de consoles grâce à des graphismes à la pointe de l’époque. Toutefois, cette progression technique peut se confronter à une question théorique. En effet, à mesure que les graphismes deviennent de plus en plus photoréalistes ou que les décors tendent vers un naturalisme impressionnant, plus il y a un risque de dissonance cognitive entre une réalité crédible et l’exagération de celle-ci. L’image du réel entre en contradiction avec la grandiloquence scénographique. C’est probablement le seul écueil difficile à contourner lorsqu’on joue aux épisodes les plus récents de la licence. Il faut en permanence accepter que la crédibilité s’efface au profit du divertissement. Mais une fois que l’on a signé le contrat tacite qui lie le joueur et le créateur, le divertissement est total et inoubliable.

National Geographic ou Uncharted?

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