VCMG, l’échappée expérimentale de deux Depeche mode

Le public connaît bien sûr Depeche Mode, beaucoup moins les artisans de cette musique. La puissance de ce groupe ne tient pas tant à son frontman, David Gahan, qu’à ceux qui en construisent le son : Vince Clarke (Erasure, ex-membre et fondateur de Depeche Mode) et Martin L. Gore (Depeche Mode).

VCMG, c’est tout simplement les initiales de Vince Clarke et Martin L. Gore, réunis pour la première fois depuis 1981 dans un duo inespéré. On n’invente pas l’eau chaude : techno, minimaliste et plutôt gras, Lowly nous rappelle que les sons électroniques d’aujourd’hui viennent de loin. Les deux compères n’ont pas à prouver leurs qualités, ils font partie de ceux qui ont embrassé la vague électronique bien avant son essor actuel !

Mais pourquoi préférer VCMG au DM d’aujourd’hui ? Hé bien c’est parce que Gahan est avant tout un interprète, et ses qualités d’écriture ne valent vraiment pas celles de ces deux-là. Or, il s’immisce de plus en plus, au gré des albums, dans les compositions.

Mon problème avec le Depeche Mode actuel, dont je suis un inconditionnel de la première période (qui va, disons, jusqu’à Violator (1990) avec des perles comme Enjoy the SilencePersonal Jesus, Clean), c’est que leurs albums ont perdu ce qui faisait leur marque de fabrique : de belles chansons avec des sonorités électroniques bien marquées, catchy, très empreintes de new wave voire de minimal synth, tout en y mêlant des influences plus rock : un bon compromis entre pop et expérimentations sonores. Je pense à Construction Time Again  (1983), mais aussi et surtout à Music for the Masses  (1987), un de leur plus aboutis avec Violator.

Or, là, avec Delta Machine ou encore Sounds of the Universe, on a une sorte de soupe mielleuse avec la voix de Gahan qui prend tout l’espace – bien sûr, tout n’est pas à jeter, il y a des tentatives, mais s’il n’y a qu’une chanson sur 12 qui vaille le coup, à quoi bon ? Le groupe fait du surplace, voire du suivisme, alors qu’il a la carrure pour porter la musique bien plus loin qu’il ne le fait, peut-être par peur de ne pas voir son public suivre …

Un exemple avec Heaven, qui est assez insupportable tellement on dirait un remake de Blue feat. Elton John, et autres soupes romantiques que Chérie FM adore nous passer en boucle.

Alors, avec VCMG, certes, on ne révolutionne pas la musique électronique actuelle, et pourtant, entendre des sons empreints de l’esthétique de Depeche Mode dans des tonalités bien plus expérimentales et techno, c’est jouissif ! Et puis, sans voix, cela donne une texture tout à fait particulière qui donne à se concentrer sur le travail de Clarke et Gore plutôt que la voix de Gahan.

Je vous invite donc à savourer ce morceau et à en écouter d’autres, pour vous faire votre propre opinion. DM restera DM coûte que coûte à mes yeux, mais j’ai décidé de faire une croix sur leur derniers albums, de peur de finir par les détester.

Une dernière pour la route ?