(Whis)Skylab

Si les larmes sont la tendance de cette rentrée 2011, le nouveau film de Julie Delpy pourrait bien l’inverser. Une petite brise bretonne souffle dans les salles française. Jetez vos mouchoirs bien imbibés depuis le dernier et lamentable Canet et savourez ce délicieux (Whis)Skylab.

1979. Aux environs de Saint Malo, la veille de la chute du satellite Skylab, une famille nombreuse se réunit afin de fêter l’anniversaire de la grand-mère. Le film ne repose pas sur un scenario rocambolesque mais sur une situation simple : une grande réunion de famille. Ce type de situation a suscité l’intérêt de nombreux cinéaste, tel Vinterberg avec son fameux Festen. Loin d’être un film sur l’inceste façon Dogme, Skylab, porte néanmoins un regard fin sur la famille, les individus et leurs pensées divergentes desquelles ressortent les enjeux sociaux de 1979.

Julie Delpy prend le parti de commencer son film en 2010 dans un Eurostar. Karin Viard et sa famille se heurte à des passagers aigris. La réaction négative de ces personnes entraine alors Karin Viard dans ses souvenirs passés. Elle se souvient de son voyage en famille lorsqu’elle était enfant en direction de Saint Malo. Ce procédé de flashback qui gâche souvent un film n’atteint en rien Skylab. Julie Delpy donne un sens aux propos de 79, évalue leur portée actuelle tout en évitant l’éternelle « ce n’était pas terrible mais c’était quand même mieux avant » que Bonnello n’a pu s’empêcher de faire pour L’Apollonide. Le film se situe deux ans avant l’élection de François Mitterrand dont il est question dans le film. Ce n’est surement pas un hasard avant les présidentielles. Une rivalité gauche-droite se dessine dans le film et prend son sens avant l’échéance de 2012. Derrière cet humour apparent, Julie Delpy cherche à donner matière à réflexion à son public.

Dans cette ambiance festive, découle de l’alcool  des grandes problématiques  telles que l’égalité des sexes, la différence, les élections, la guerre, le racisme… Tous les sujets dignes d’une grande réunion de famille sont soulevés. Ce n’est pas avec l’originalité du sujet que la réalisatrice excelle mais grâce à son humour et à ses choix de réalisation. Elle arrive avec brio à dresser un portrait de famille tout en faisant émerger des personnalités distinctes sans tomber dans la caricature. Avec cette galerie de personnages mis à disposition, il aurait été aisé de perdre le spectateur au milieu dans son méchoui (plat principal du film).

Même si le film souffre de quelques longueurs, Julie Delpy gagne le pari d’un film piquant, intelligent et drôle comme elle avait su le faire pour Two days in Paris. Si le film ne vous décroche pas le moindre sourire, remettez en question votre sens de l’humour et faites des Ch’tis le film numéro un de votre dvdthèque.

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