Flic ou Voyou, héritier des tontons flingueurs?

Flic ou Voyou est peut-être le meilleur Bebel de la période mégalo. Porté par les dialogues d’Audiard, un casting d’enfer et une bonne histoire.

Nous sommes en 1979 et le film est réalisé par Georges Lautner, d’après le roman de Michel Grisolia, « l’inspecteur de la mer ». Les dialogues sont de Michel Audiard. Lautner / Audiard, le duo de choc des Tontons Flingueurs ou des Barbouzes. Hélas, si les tontons est LE film de dialogue archi connu, vu et revu, Flic ou Voyou ne jouit pas de la même notoriété. Alors qu’il mérite sa place au panthéon des films à texte et pourrait même être considéré comme le digne descendant des tontons, seize ans plus tard. C’est du GRAND Bebel. L’acteur est au mieux de sa forme. Il cabotine certes un petit peu, mais dans la limite du raisonnable. On est bien loin du cabotin de Joyeuses Pâques, Le Guignolo ou l’As des As. Et puis à l’époque, quand on faisait un polar à texte, on faisait avant tout un polar. Une intrigue solide, de la castagne, des poursuites en bagnole et un casting de malade mental.

Que du beau linge, que des gueules qui collent tellement bien à leur personnage qu’il est difficile de les en dissocier. Charles Gérard en vieux flic à la retraite, Marie Laforêt en baronne riche et délurée, Julie Jezequel en adolescente à baffer, Claude Brosset et Georges Géret en parrains locaux, Jean-François Balmer et Tony Kendall en flics ripoux, Michel Beaune en tenancier d’un hôtel borgne, Miche Peyrelon en homme de main un peu précieux, Michel Galabru en commissaire timoré et l’inénarrable Philippe Castelli en inspecteur de permis de conduire. Les cascades sont de Rémi Julienne et la musique d’Alain Sarde. Du lourd.

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Le commissaire Stanislas Borowitz (Jean-Paul Belmondo) est envoyé à Nice pour mettre fin à une guerre des gangs entre deux mafieux locaux ; l’Auvergnat (Georges Geret) qui s’occupe du jeu et de drogue « De Marseille à Menton, tout ce qui tombe sur un tapis vert rebondit plus ou moins dans la poche de l’Auvergnat. Il a maqué tous les jeux, même la pétanque » et Achille (Pierre Brosset) qui s’occupe plutôt de racket et de prostitution. Achille a acheté plusieurs flics, dont les inspecteurs Ray et Massard « le plus dangereux c’est Ray, le plus con c’est Ray. L’autre c’est Massard » (Tony Kendall et Jean-François Balmer) et le commissaire Bertrand. Or ce dernier devenant gênant ou gourmand, Achille orchestre son assassinat. Bertrand est exécuté par Ray qui maquille le meurtre en règlement de comptes sordide en installant le corps de Bertrand et celui d’une prostituée (Rita) dans la chambre du motel Printania, tenu par les Langlois (Michel Beaune et Catherine Lachens) et appartenant à Achille.
Stanislas Borowitz, se faisant passer pour Michel Cerrutti, le soi-disant frère de Rita, met les pieds dans le plat en essayant de faire chanter Achille. Le truand ne se laisse pas faire et demande à Ray et Massard de gérer le problème « La police les paye au mois, vous aussi? ». Les flics pensent s’être débarrassés de Cerrutti en lui mettant sur le dos la mort de Mario, un mac travaillant pour Achille. Mais Cerruti s’échappe pendant la reconstitution, donnant lui à une série de cascades mémorables et une belle poursuite en voiture. Cerruti refait alors surface en incendiant le motel Printania, pour en chasser le démon…

Achille demande Ray et Massard d’enquêter sur Cerruti. Ils réalisent rapidement qu’il n’est pas celui qu’il prétend être après avoir interrogé la mère de Rita « la vieille n’a pas de fils. Mais alors, Rita n’a pas de frère! Mais s’il n’a ni mère ni sœur, c’est qui ce type? ».

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Parallèlement à son action d’intox avec Achille, Borowitz mène des actions de sape sur les activités de l’Auvergnat. Dynamitage de casino et de voitures, interception de cargaison de drogue « le pépé a été pris de malaria, et il a vidé le petit lapin dans les chiottes, et il a tiré la chasse ». En mettant son nez dans les affaires louches des truands, Borowitz veut pousser tout le monde à la faute et faire le ménage derrière. On n’est ni dans un épisode des experts, ni dans un Columbo. On parle donc de nettoyage par le vide. Si on a pas de preuve on les fabrique et au bout du compte on rentre à Paris, mission accomplie, tous les méchants rongeant les pissenlits par la racine. Certes, c’est un peu fastoche, mais c’est du solide.

La scène d’ouverture où Belmondo arraisonne trois brave loubards avec son gros 357 Magnum à canon long dans un holster annonce la couleur. « Ce genre de truc, on ne devrait pas avoir à s’en servir. D’autant qu’on peut obtenir les choses autrement, tenez par exemple, en demandant. Messieurs veuillez avoir l’obligeance d’ôter vos pantalons. Je voudrais voir ce que vous portez en-dessous, il parait que la soie revient à la mode. »

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