[Série] WandaVision / Le zapping réussi de Marvel

Pas besoin d’être un fan du MCU (Marvel Cinematic Universe) pour apprécier les surprises de leur nouvelle création

Faisons simple : WandaVision est l’histoire de Wanda et Vision, un couple bien sous tous rapports, bien qu’un peu spécial. Elle est une mutante magicienne, aussi connue sous le nom de Scarlet Witch. Lui est un robot à la force et l’intelligence surhumaines. Les voici installés à Westview, une paisible bourgade de l’Est des Etats-Unis, où ils vont tenter de s’intégrer en cachant leurs pouvoirs.

Vous aurez reconnu des similitudes avec Ma Sorcière Bien-Aimée, la série culte des années 60. WandaVision débute comme un hommage à cette époque d’apparence bénie mais où déjà couvent la Guerre Froide, le McCarthysme, et autres joyeusetés qui tiraillent la société américaine.

Vous trouvez ça tiré par les cheveux ? Pas tant que ça quand on sait que les héros de comics approchent déjà de leur centenaire (Vision est apparu pour la première fois en 1940). Dans un format carré et noir & blanc, les deux premiers épisodes de WandaVision sont des exercices de style en paranoïa où, derrière les rires de sitcom, on se prend à guetter les indices que quelque chose est sacrément détraqué.

« Méta »physique des tubes (cathodiques)

Plus on avance dans WandaVision, et plus les épisodes se modernisent, nous faisant entrer dans une dimension complètement « méta », c’est-à-dire remplie d’auto-références et de questionnements existentiels. Mais d’où vient ce show bizarre que l’on suit déjà depuis une heure ? Les personnages secondaires sont-ils conscients de vivre dans une série dont l’esthétique évolue de jour en jour ? Elizabeth Olsen (qui incarne Wanda avec l’ironie et l’empathie adéquates) a-t-elle demandé conseil à ses frangines avant de jouer dans ce remake de La Fête à la maison ?

Alors oui, à un moment on retombe sur les rails d’un blockbuster avec explications scientifiques, apparitions du S.H.I.E.L.D. et tutti quanti. Mais on imagine mal Disney payer pour une saison entière de Rabbits ou Too Many Cooks.

 

Martin Scorsese avait malgré lui lancé un débat en déclarant que les films Marvel n’étaient pas vraiment « du cinéma ». Il est vrai que la saga « Infinity » est ce qui s’apparente le plus à une série télé sur grand écran : 3 saisons (également appelées « phases »), des grands méchants « fil rouge » (Ultron, puis Thanos) et des films « Avengers » jouant le rôle de season finales.

WandaVision assume cette dimension ultime, celle où Disney/Marvel absorbe et englobe toutes nos références ciné ou télé. Elle en est le trou noir, l’oeil du cyclone. Il y a là le sentiment que quelque chose s’est perdu et que nous sommes condamnés à revivre inlassablement de vieilles histoires : la moitié de la population mondiale qui disparaît à la fin d’Avengers : Infinity War, c’était déjà The Leftovers. Cette ville de Westview où tout le monde joue la comédie, c’est The Truman Show croisé avec Pleasantville. Ces habitants qui vivent sous cloche, c’est Under The Dome ou Wayward Pines… Wanda et Vision eux-mêmes sont des personnages traversés par le deuil et l’impossibilité de vivre normalement. En ces temps de confinement, la fiction est devenue leur refuge, et le nôtre.

Vous pensez qu’on pousse Mémé dans les orties ? C’est que cette série serait bien triste si elle n’était pas diablement divertissante, assumant jusqu’au bout son statut d’objet à la fois référencé (ah ce générique façon Malcolm ! oh ces fausses pubs qui ponctuent chaque épisode !) et chargé d’annoncer la suite (l’apparition surprise d’un personnage ouvrant clairement la voie aux « multivers »). On pense à Buffy et les vampires dans cette manière rigolarde d’aborder la fiction sans trop crouler sous les clins d’oeil. Ce n’est pas un hasard si Joss Whedon, son créateur, était aussi le réalisateur des deux premiers films Avengers.

Enfin, l’ultime bonne idée de WandaVision est qu’elle ne se binge pas mais s’attend épisode par épisode, patiemment, comme avant. Et chaque vendredi, vous l’aurez compris, on est conquis.

« WandaVision » est disponible sur Disney+. L’ultime épisode sortira le vendredi 5 mars.

 

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