Whisky Zap: Disney+ ou l’art de la censure

La plateforme de Mickey propose son contenu agrémenté de quelques « mises à jour ».

Il y a une semaine débarquait chez nous (enfin !) Disney+, pour la modique somme de 7 euros/mois ou inclus dans votre abonnement Canal+. On a accès à tout le catalogue Disney depuis Blanche-Neige, ce qui fait beaucoup ! Et pour ses premiers films d’animation en particulier, la firme de tonton Walt a cru bon de nous avertir de représentations raciales quelque peu…dépassées.

Vous avez remarqué que la présentation de Peter Pan est agrémentée d’un petit avertissement. Même chose pour Les Aristochats, Dumbo et Le Livre de la Jungle. Car dans les années 40, 50, 60… les minorités raciales étaient assez largement stigmatisées à l’écran, en plus de l’être dans la société. C’est ainsi que le film de 1948 La Mélodie du Sud est toujours introuvable. Pourtant il remporta un Oscar de la meilleure chanson et un prix spécial pour son acteur principal James Baskett, le tout premier homme Noir lauréat d’un Oscar.

Petit florilège:

Ce message disclaimer a-t-il lieu d’être ? Chacun en sera juge. Plus récemment, Aladdin avait également subi son lot de critiques vis-à-vis de sa représentation « folklorique » du Moyen-Orient, notamment les paroles de la chanson d’ouverture Arabian Nights qui évoquaient initialement « l’Arabie » comme un pays où l’on te « coupe l’oreille si on n’aime pas ta tête ». Bref, on peut comprendre que Disney couvre ses arrières, pour ne pas froisser son public et ternir son image. Le procédé est plus douteux quand Mickey s’attaque à carrément changer des images.

 

Je les avais toujours trouvés marrants ces crocos du Roi Lion, dans la chanson de Simba Je voudrais déjà être roi. Il faut croire que leur look était trop simple, ou trop ressemblant à celui d’un autre artiste. La séquence de quelques secondes fut donc refaite.

Dans Lilo & Stitch, la petite fille échappe à sa grande soeur en se réfugiant dans un sèche-linge. Ce qui, avec le recul, ne semble pas une très bonne idée de cachette pour des enfants. Il fut donc décidé de transformer l’objet en lui rajoutant une…boîte à pizza ?

Pixar (qui appartient à Disney) n’est pas en reste, puisqu’ils ont carrément supprimé une scène de Toy Story 2. Située pendant le générique de fin, on y voyait Papy Pépite jouer les producteurs de cinéma. Accompagné par deux Barbie dans sa « loge », il leur promet de les embaucher pour Toy Story 3. La générosité du papy n’est évidemment pas sans sous-entendu lubrique: un humour déjà limite, mais devenu rédhibitoire après la vague #MeToo. Et ce encore plus quand on sait que John Lasseter, ex-patron de Pixar et réalisateur du film et du premier Toy Story, a depuis été viré pour agressions sexuelles.

N’empêche que j’aimais bien ces faux bêtisiers à la fin des Pixar. Dommage qu’il n’y en ait plus depuis Monstres & Cie.

Toujours chez Pixar, Knick Knack est un de leurs premiers excellents courts-métrages. Un bonhomme de neige y tente par tous les moyens de quitter sa bulle de plastique pour rejoindre sa copine la figurine sirène. Il faut dire qu’elle a de sérieux arguments. Forcément, le film perdit une grande partie de son humour quand le studio décida de lui faire subir une réduction mammaire drastique.

Il ne faudrait pas que nos chères têtes blondes voient des poitrines généreuses. Ou des fesses en l’occurrence dans Splash, comédie romantique culte où un jeune Tom Hanks tombe sous le charme d’une sirène jouée par Daryl Hannah. Quand celle-ci sort de l’eau en apparence humaine, elle est évidemment nue et le film joue de ce décalage tout en cachant ses parties intimes par sa longue chevelure. Pas suffisamment pour notre époque on dirait, puisqu’on lui a ajouté une extension capillaire numérique. Décidément, les sirènes posent des problèmes à Disney. Fais gaffe, Ariel.

Ce changement-là a eu lieu exprès pour Disney+. Ça me fait rire, et ça me fait un peu peur.

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