WHISKY OR NOT WHISKY #47 / THE STROKES

Sept ans après le très décevant Comedown Machine, les new yorkais de The Strokes reviennent avec un nouveau LP en ce début de printemps, The New Abnormal. Un album de saison aux accents de Synth Pop qui nous ramène – parfois – aux roots plus « garage » du groupe. Relativement habile pour briser la monotonie du confinement.

Autant casser le suspense d’entrée de jeu : The Strokes ne refera pas d’album aussi novateur et aussi ingénieux que Is This It, sorti en 2001. Si certes le band a marqué d’une croix blanche les années 2K, il propose dorénavant des albums sensiblement ressemblants qui nous laissent systématiquement un arrière goût de déjà vu. C’est certainement – et par ailleurs – la raison pour laquelle les membres du groupe se sont lancés dans des projets plus personnels depuis quelques années. A ce sujet, on pense – entre autre – au concept solo du chanteur et pilier Julian Casablancas, The Voidz.

Néanmoins, The New Abnormal vient relever le niveau des précédents opus, en étant – quelque part – relativement homogène. Il évite les morceaux inégaux tout en jonglant avec une certaine originalité en fonction des pistes.

Pour ce nouvel album, The Strokes s’est entouré du producteur Rick Rubin, que l’on connait notamment pour avoir accompagné Mars Volta, System Of A Down ou encore Kanye West. Une collaboration qui porte ses fruits, puisque les neuf chansons de ce New Abnormal parviennent à accrocher notre oreille tout en nous donnant l’envie de réécouter les neuf titres.

D’entrée de jeu, The Adults Are Talking est entraînant, accompagné par les riffs distordus mais toujours aussi efficaces de Nick Valensi. On bascule ensuite vers une Pop plus synthétique, Brooklyn Bridge to Chorus, où Casablancas nous chante à travers des nappes résolument kitsch : « I want new friends, but they don’t want me ». Puis arrive Bad Decisions, un morceau plus post-punk qui renoue avec les racines de New Order : nous notons d’ailleurs que le groupe reprend la mélodie de Dancing With Myself de Billy Idol dans ce morceau.

Le grand moment de bravoure arrive avec At The Door, qui reste assurément la piste la plus électronique de l’album. Au moyen d’un auto-tune maîtrisé, nous avons presque l’impression que Casablancas nous refait le coup du featuring avec les Daft Punk. Nous accorderons également une mention spéciale au titre Eternal Sunshine qui – comme son nom l’indique – annonce un été aux allures lancinantes. C’est ici le morceau le plus enthousiaste du LP, à l’inspiration proche d’un Two Door Cinema Club, où le chanteur nous rappelle : « life is such a funny journey ».

The New Abnormal s’impose comme un tout cohérent. La conclusion arrive peu à peu, et de façon progressive. Why Are Sundays So Depressing ? est certainement le titre le plus « stroksien », que ce soit dans le rythme – qui nous ramène à un opus tel que Room On Fire – comme dans la nonchalance du chant et la mélancolie des paroles. L’aventure se termine avec Ode To The Mets, épilogue explicite et logique à la vue de la construction de ce LP. Casablancas nous y martèle pendant près d’un tiers de la chanson : « It’s the last one now/ I can promise you that/I’m gonna find the truth when I get back ».

Illustré par l’œuvre Birds on Money de Jean Michel Basquiat, The New Abnormal est donc un album entêtant qui réussit à nous faire planer le temps de neuf chansons. A l’introduction impulsive, l’album guide avec précision notre envie irrépressible de danser tout en sachant ralentir la cadence au moment opportun. A la fois énergique et langoureux, ce LP nous fait patienter de manière sympathique dans un éventuel espoir qui est actuellement de retrouver les parcs ou les plages après le confinement. Un sentiment de rêve qui est loin d’être gagné…

J.M.

The New Abnormal de The Strokes (RCA Records, Avril 2020) est disponible en intégralité sur YouTube

 

 

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