Eurovision : le film / 12 points pour l’Islande !

L’Eurovision est annulée cette année, pour cause de pandémie et pour la première fois de son histoire sexagénaire.

The Story of Fire Saga tombe à point nommé pour jouer les remplaçants. On y suit Lars (Will Ferrell) et Sigrit (Rachel McAdams), deux musiciens amateurs. Ils forment le duo Fire Saga et rêvent de gagner le concours Eurovision de la chanson, comme leurs idoles du groupe ABBA. Enfin, c’est surtout le rêve de Lars, qui souhaite ainsi rendre fiers son père et leur petit village islandais.

Contrairement à ses comparses John C. Reilly (Les frères Sisters) et Steve Carell (Little Miss Sunshine, Foxcatcher), Will Ferrell n’a pas encore opéré de vrai virage dramatique. Il se complaît dans un rôle d’homme-enfant qui a ses moments, mais qui atteint ici ses limites. Heureusement, Rachel McAdams apporte une honnêteté rafraîchissante à un film qui suit agréablement les rythmes balisés d’une underdog story.

Ferrell, qui est aussi co-scénariste, se moque gentiment mais prend tout de même le soin d’expliquer les règles aux néophytes. Sa passion du concours lui vient de sa femme, qui est suédoise. Car la Suède (le pays d’ABBA) est à l’Eurovision ce que le Brésil est à la Coupe du Monde de foot : un éternel favori. Et l’Islande est véritablement le seul pays nordique à n’avoir jamais gagné. Quand on voit leur candidat de l’an dernier, la frontière entre parodie et réalité semble mince.

Dan Stevens (Downton Abbey) est impayable dans le rôle du chanteur Alexander Lemtov, qui raille l’homophobie du pays de Poutine. Lors des remises de points, les candidats russes sont réellement sifflés depuis plusieurs années, en réaction aux lois discriminatoires de leur pays.

Au tournant des années 2000, l’Eurovision est officieusement devenue une auberge espagnole gay-friendly, en partie grâce aux victoires de l’artiste trans Dana International et du groupe de métal finlandais Lordi. Le film a bien saisi cet esprit outsider, à l’opposé des médias français qui n’y voient qu’une kitscherie désuète où l’on perd depuis 40 ans. Mais l’important n’est pas de gagner, et la réalité rattrape souvent la fiction.

En 1991, la France sélectionne Amina, avec une chanson aux sonorités arabes et aux paroles poétiques contre la guerre en Irak qui vient d’éclater. Sa prestation détonne : ce n’est pas un live devant des millions de téléspectateurs, c’est un showcase à la Maroquinerie. Après la distribution de points, Amina termine première ex-æquo. Mais une règle (obsolète depuis) vient la départager et lui attribue la seconde place, faisant ainsi gagner… la Suède. On connaît la chanson.

« Eurovision Song Contest: The Story of Fire Saga » est disponible sur Netflix.

 

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