La duchesse Elisabeth de Wittelsbach vit une vie insouciante en Bavière quand elle doit accompagner sa mère et sa soeur Hélène à Bad Ischl car doivent être annoncées les fiançailles de la dite Hélène et de leur cousin, l’empereur d’Autriche François-Joseph Ier. Mais il choisira son autre cousine, qui deviendra l’Impératrice que nous connaissons tous.
On connaît tous Sissi, et on a tous vu au moins 15 fois les films avec Romy Schneider (si ce n’est pas le cas, quittez la grotte que vous habitez, au moins pour le kitsch de tout ça) alors forcément, la comparaison se pose d’elle même. Et je vous le dis d’emblée, vous pouvez oublier tout de suite les films cuculs des années 50 parce que là on est sur une autre ambiance. La scène d’ouverture pose tout de suite les choses, Sissi est une ado rebelle qui a éconduit plusieurs hommes auxquels sa mère veut la marier parce qu’elle veut « un homme qui nourrisse (s)on âme ». Ici, il n’y a pas d’amour inconditionnel entre une mère et sa fille, mais plutôt une mère qui ne sait pas quoi faire de sa cadette, qui tourne au sherry dès le matin pour calmer son ulcère et qui dit clairement à sa fille qu’elle est moche, inutile et qu’il va falloir se marier fissa.
Dès le début, et sur les 6 épisodes qui composent la série, on va suivre la vie de la jeune impératrice, ce qu’elle a subi à son arrivée à Vienne et comme tout le monde a voulu brider son esprit rebelle, mais, et c’est aussi là que la série devient bien plus intéressante que des intrigues de palais, on se rend compte aussi de toute la colère du peuple qui grondait, de ceux qui voulaient la mort de l’Empereur et sa famille, et comment son frère Maximilien a songé à profiter de la guerre entre la France/Angleterre contre la Russie (ouais encore eux, décidément) pour prendre le pouvoir. Alors je ne suis pas une experte en histoire, et encore moins de l’histoire autrichienne, mais apporter tout ce contexte historique rend l’histoire aussi très prenante et permet de découvrir aussi quel impact ont pu avoir certaines décisions d’Elisabeth.
Ce qui est également appréciable, c’est la qualité de l’écriture de chaque épisode et la nuance apporté à chaque personnage. Encore une fois, la comparaison évidente qu’on pourra faire avec les films, sera la « méchante » archiduchesse Sophie, dont on se rend compte que, plus que méchante, cette femme était avant tout dévouée à sa famille et son empire et que cela primait sur tout, et sur la relation qu’elle pouvait avoir avec ses enfants. Mais les personnages secondaires bénéficient aussi d’une belle qualité d’écriture, surtout l’archiduc Maximilien ou Léontine qu’on pense comtesse avant que ne soit dévoilée sa vraie nature. Tous les personnages ont le même but, pouvoir accéder au bonheur, soit par la trahison, soit par une fidélité sans faille à l’Empire. Dernière comparaison avec les films, et pas des moindres, la photo de toute la série est très sombre quand les films étaient très lumineux, les robes très « bonbon » alors qu’ici on baigne dès le début dans une ambiance feutrée, et peu seront les passages où la lumière sera très présente. La série nous rappelle que le destin de l’impératrice n’était pas bonheur et petits gâteaux, mais beaucoup de larmes et de rappel à sa condition de femme qui n’était là que pour produire des héritiers à la couronne.
Le casting est le dernier point fort de la série. Devrim Lingnau est une Sissi très émouvante et tout dans la nuance et Philip Froissant fait un François-Joseph bien meilleur que Karlheinz Böhm, beaucoup plus habité et tiraillé entre son amour pour sa femme et son devoir en tant qu’empereur et qui ne peut plus se permettre le moindre faux pas suite à l’entre de son Empire dans une guerre qu’il ne voulait pas. Pour compléter ce casting, on retient aussi les performances des excellent.es Almila Bagriacik, Melika Foroutant, incroyable archiduchesse Sophie qui a su me tirer des larmes et l’excellent Johannes Nussbaum, Iznogoud de la série qui voulait devenir Kaiser à la place du Kaiser.
En bref, si vous aimez les films/séries avec des gens portant des costumes magnifiques, où on se soucie du détail, bien écrits et avec un casting plus que bon, je ne peux que vous conseiller Die Kaiserin sur Netflix. A l’heure actuelle, nous ne savons pas si la série sera renouvelée pour une nouvelle saison, mais vu que la première se termine sur un cliffhanger, l’espoir est permis. La série permet également de dépoussiérer un sujet maints fois abordé, mais aussi d’oublier la purge que nous avait sorti TF1 l’an dernier, de nous réconcilier avec Sissi et d’oublier tout le côté gnangnan qui a fait la renommée de Romy Schneider.