C’est pas parce que ça fait un mois qu’on est en 2016 que les sons de l’année dernière doivent être snobés : c’est parti pour une petite rétrospective des sons pop / rock / électro que vous auriez pu louper.
Jacques – Tout est magnifique (EP)
Le truc de Jacques, c’est d’être plusieurs (Jacque + Jacque = Jacques), d’avoir une coupe de cheveux de moine, mais surtout d’utiliser des sons du quotidien, du monde réel, et d’en faire de la musique. Un peu à la manière de Psapp, oui, mais en plus… techno. Techno “transversale”. Des grincements, des oiseaux, des klaxons, du verre qui se brise, tout y passe, car tout est musique. Tout dépend du point de vue. Un EP rafraîchissant composé de quatre morceaux qui revisitent le naturel et l’artificiel, sorti le 23 mars 2015. Eh oui c’pour ça, faut se dépêcher là, allez (non, faites comme vous voulez). À écouter absolument : « L’incroyable vie des choses », une petite leçon de musicalité de dix minutes un peu à la manière de Ross qui joue des claviers dans Friends, mais en… comment dire ? Réussi.
The Soft Moon – Deeper
Entre post-punk et shoegaze glaçant, les trois gaillards originaires d’Oakland qui composent The Soft Moon explorent nos turpitudes et nous poussent dans nos propres retranchements avec le bien nommé Deeper. Un troisième album sorti le 31 mars 2015 aux basses envoûtantes et aux zestes bien corsés de noise : c’est sombre, c’est torturé, bref, c’est le pied. C’est d’ailleurs aussi l’avis de nombreux réalisateurs américains, puisque leur single « Black« est utilisé dans les séries Gotham et How To Get Away With Murder. Dernièrement, (l’excellente) cinquième saison d’American Horror Story a également fait honneur au groupe en incluant un titre de leur (excellent) premier album. Autant dire que pour qui se plaît à contempler l’obscurité avec de la musique de qualité, l’écoute de Deeper et des précédents albums du groupe est une forte recommandation, si ce n’est une obligation.
Nova Heart – Nova Heart
Envie de pop-rock léger teinté d’un peu de disco tourmenté ? C’est comme si c’était fait avec le premier album du duo formé par Rodion, bidouilleur italien de sons électroniques, et Helen Feng, la “Blondie de Chine”, connue pour son groupe d’indie Ziyo?? (plus tard renommé Free the Birds??) et Pet Conspiracy, son autre projet plus électro-rock. Une collaboration internationale réussie puisque l’album, sorti le 30 avril 2015, donne à la fois envie de danser et de réfléchir profondément au sens de la vie (ou presque).
Jacco Gardner – Hypnophobia
Quelque part entre Air et The Strangles (perso on me dit ça je dis banco direct hein), le génie multi-instrumentiste originaire des Pays-Bas signe un second album léché aux airs de bande originale de film des 60’s, oscillant entre une pop baroque catchy et des variations rêveuses façon « Initials B.B ». De quoi totalement invalider la phrase « de la musique comme on n’en fait plus de nos jours ». Sorti le 4 mai 2015, Hypnophobia n’est donc clairement pas un album pour bouger son boule, mais ça tombe bien, ce n’est pas ce qu’on lui demande.
Aufgang – Summer (EP)
Avant ils étaient trois, maintenant ils sont deux, mais ça ne les empêche pas de faire toujours plus de trucs cool. Malgré le départ de Francesco Tristano en 2014, le pianiste de jazz et compositeur libanais Rami Khalifé ainsi que son comparse nanterrien Aymeric Westrich n’ont pas chômé pour enfanter un EP électro-pop à l’ambiance irrémédiablement estivale, sorti le 4 septembre 2015. Le duo a même créé un site interactif dédié au clip de « Summer », qui évolue en fonction du temps qu’il fait chez soi, avec pour personnage principal The Dude, du Big Lebowski – ce qui prouve qu’ils ont bon goût. Bref, 4 titres aussi malins que rafraîchissants, avec en bonus un superbe remix de « Summer » par Rone !
Colder – Many Colours
Many Colours est un album qui donne des sueurs froides, tant par son angoisse contagieuse (écoutez « Turn Your Back« et on en reparle) que par sa sensualité. Disons que si on cherche quelque chose d’un peu plus classe et torturé que Tiga pour ambiancer un coït, Colder est plus qu’approprié. Union d’une électro aux teintes froides et d’influences dub langoureuses, le troisième album du français Marc Nguyen Tan, sorti le 6 novembre 2015, reste entre feu et glace, jonglant tout en souplesse entre sobriété et badinerie. Et si le besoin de rab se fait sentir, c’est possible de retrouver encore plus de flottement avec la profusion de remixes présents sa page SoundCloud. Parfait pour ces soirées d’hiver aux températures incertaines…
Fishbach – Fishbach (EP)
Quand on me propose de l’électro-pop française (eh oui encore) éraillée aux relents vintage, je demande à voir. Mais vous savez ce que ça ferait d’écouter un hybride de Niagara et de Desireless sur Radio Nostalgie en 2096 ? Ben voilà, Fishbach c’est environ ça : un mélange aussi pénétrant que curieux. Derrière la voix diablement rocailleuse, si tourmentée qu’elle en paraît âgée, Flora, une chanteuse au passé punk de seulement 17 ans. L’EP mélancolico-déjanté de quatre titres est lui aussi sorti le 6 novembre de l’année dernière, et même en 2016, il est définitivement à mettre entre toutes les oreilles.
FEWS – The Zoo (Single)
Du post-punk psychédélique tout frais et très prometteur tout droit sorti de Londres, c’est ce que promet FEWS, groupe aux origines suédoises dont on ne sait pas encore grand chose. Produit par Dan Carey, producteur et mixeur au CV truffé de grands noms (Tame Impala, Django Django, Sia, Franz Ferdinand, LaRoux…), le groupe mystère a dévoilé son single tout en nervosité en novembre 2015. Le label Play It Again Sam (qui produit Soulwax, Mogwai et Dinosaur Jr, entre autres) a d’ailleurs bien entrevu leur potentiel puisqu’un album va bientôt voir le jour. Quand ? On ne sait pas. Mais on guette. Très fort.