Chaque année c’est la même chose, on attend le dernier Woody Allen. On se souvient pourtant de combien on avait souffert devant Blue Jasmine l’an passé mais on se dit “oh allez, t’façon, un Woody Allen ça fait jamais de mal!”. Ce qui est vrai. Ca ne fait pas de mal un Allen, tout est d’ailleurs fait pour que ça nous fasse du bien. Mais moi, quand le cinéma ne me met pas des claques dans la tronche, ça me plait beaucoup moins… Retour donc, sur Magic in the Moonlight.
Stanley Crawford (Colin Firth) est un célèbre prestidigitateur à la renommée internationale. Tellement doué que son ami d’enfance, Howard Burkan, l’invite dans le sud de la France pour percer un étrange mystère. En effet, une jeune femme, Sophie Baker (Emma Stone) fait sensation avec ses images mentales qui lui permettent de lire l’avenir, d’entrer en contact avec les esprits, mais aussi de tout deviner d’une personne avant même qu’elle n’ouvre la bouche… Stanley Crawford, en bon scientifique ne croit rien de tout ça et se met en tête de démasquer l’imposture. Pourtant, il pourrait bien être surpris…
Colin Firth et Emma Stone forment un joli couple qui, grâce aux dialogues de Woody Allen nous font régulièrement esquisser des sourires. Stanley Crawford est un misanthrope, un scientifique rationnel qui ne peut pas croire en un monde invisible, en un autre monde. Sa renommée de prestidigitateur l’empêche de croire à la magie : il sait que tout n’est que truc et astuce. Sophie Baker quant à elle est une jeune et jolie femme, un peu ingénue, venue d’on-ne-sait-où dans le Michigan, issue d’une classe pauvre et qui, aux yeux de Stanley, manque cruellement de culture. Cependant, elle est aussi un petit brin de fraicheur au milieu des réflexions insupportables de Stanley.
Le film fonctionne clairement grâce à ce couple, très bien interprété, et au décalage qui découle de leurs conversations. Alors que Stanley est sans cesse dans l’ironie, Sophie est avant tout très “premier degré” avant de finalement rentrer dans son jeu ce qui donne lieu à des joutes verbales très réjouissantes pour le spectateur.
Le film est esthétiquement très beau. Woody Allen et son directeur de la photographie ont fait un travail remarquable. Seulement voilà, une nouvelle fois, les éclats du soleil dans les cheveux des personnages, qui s’impriment sur la caméra pour gêner le spectateur et qui nous font dire “olalal on est aveuglé c’est trop beau c’est magique”, Malick l’a déjà fait. Et mieux. Et pour dire quelque chose. Heureusement, la musique rattrape un peu tout ça avec des airs très jazzy de la fin des 30’s (l’histoire se passe en 1928). Seulement, une nouvelle fois, Allen en fait trop, en met partout pour ponctuer tous ses plans, toutes ses répliques et finit par nous en lasser.
C’est peut-être ça finalement l’avenir de Woody Allen. Faire tellement du Woody Allen à toutes les sauces qu’il finira par lasser le spectateur, si ce n’est déjà fait.
Pour des raisons évidentes nous tairons la fin qui n’est que dans la douce lignée de ce qu’il a entrepris jusque là…
Magic in the moonlight est un petit bonbon sucré tout mignon et tout mielleux qu’on savoure bêtement pendant 1h30, sans trop réfléchir. Seulement, petite, j’ai toujours préféré les têtes brûlées aux sucettes vanille/fraise alors clairement, ce dernier Woody Allen n’est pas pour moi. Et pourtant, je peux déjà parier que l’an prochain je serai de nouveau dans une salle de cinéma pour voir son dernier film. Et que j’en sortirai en grommelant que “nianiania c’est nul” avant de lui trouver certaines qualités et de tout simplement me dire que ce n’est pas pour moi… A suivre donc.