Sur l’autoroute, dans la Twingo noire, nous filons vers le soleil qui se couche, vers la musique qui remplit l’air fraîchissant de l’Hippodrome de Hyères. Deux jours trois soirs, une grosse vingtaine d’artistes, nous ne regrettions pas d’avoir fait le déplacement. No Ceremony /// arrive de Manchester et nous de Marseille. Le désavantage du groupe qui se produit sur scène au moment où l’on arrive sur un lieu de festival, c’est qu’il se retrouve absorbé par les questions suivantes : ça marche comment les bières? Ça s’achète où les tickets? Ils sont valables sur les 3 sites et les 3 soirs? Une fois cette problématique réglée, le festival peut commencer. Nous avons déjà raté L’Amateur,Jagwar Ma et Zombie Zombieparce que le Var c’est quand même pas vraiment à côté. Il dit que No Ceremony /// c’est juste de la chanson électronique bien agencée. Moi je dodeline en me disant que j’aimerais bien être la chanteuse blonde d’un groupe de mecs qui s’habilleraient en noir. Le concert s’achève, le public semble enthousiaste et désireux d’en découdre avec la suite. Migration des foules vers le bar. Assis dans l’herbe nous regardons le programme des soirées à venir. Je ne connais presque rien et je suis ici comme vierge, impatiente et attentive. Lui en revanche attend davantage de confirmations par le live, tout en se préparant à de grosses découvertes. Nos attentes seront comblées.
Quand le festival commence.
Les membres du groupe prenant la suite sont en place. Le public s’est levé de nouveau. C’est une entrée de comédie musicale que nous offre Willy Moon dans une course glissée à la Richard Beymer. C’est son style Gene Vincent gominé qui marque et interpelle d’abord, puis vient ensuite la voix. Bien posée en musique, elle semble forcée dans les échanges avec le public, comme un bagarreur qui veut montrer qu’il sait parler du fond de la gorge. Des ambiances rock et swing agrémentées de samples surprenants : oui, nous aussi on a bien reconnu le Wu-Tang Clan sur Yeah Yeah. Le ressenti globale sur la prestation reste tout de même léger. Changement de décor et d’ambiance : SBTRKTentame son set. C’est là que l’on commence à sauter comme des cabris, que les bras se lèvent et que l’on tape du pied fort sur le sol asséché. Des plages instrumentales assez dub qui rallongent les morceaux et une bonne interaction avec le public. C’est hypnotique, comme la chaleur, l’odeur des pins et le rosé… nous n’avons plus qu’une envie : nous ruer vers la mer.
De l’absolue nécessité d’avoir une auto
De l’Hippodrome à la plage de l’Almanarre : plus de 3 kilomètres de distance d’après Google Map. Les festivaliers à pieds témoignent et tablent sur 15 km entre les deux lieux. La Villa Noailles est elle à plus de 7 kilomètres de là, 25 km selon d’autres. Pour certains ce premier soir, il faudra marcher beaucoup pour connaître le plaisir fou de danser sur Disclosure, les pieds dans l’eau. Une énergie et un groove qui appellent au déhanchement. C’est cependant, à notre avis, un set qui se prêtait plus à une clôture de soirée : transition un peu difficile avec Pearson Sound. Nous déclarons forfait, la route et le vin viennent de nous tuer: dormons. Et une voiture au Midi Festival, c’est plus qu’un moyen de locomotion. Pour ceux qui seraient, comme nous deux, mal organisés, c’est aussi un bon plan hôtel. Ce premier soir, achevés et du sable plein les espadrilles, nous aurions pu regretter de n’avoir nulle part où dormir. Mais sur la plage de l’Almanarre rabattre les sièges de la Twingo noire donne au Midi Festival un vrai goût d’aventure. En revanche le soleil se lève tôt et se lève fort dans le Var. L’auto reste qui plus est le meilleur plan pour dénicher des spots sieste sous les pins, trouver de quoi s’alimenter et s’hydrater, cramer dans les embouteillages et faire l’amour en embuant les vitres.
Profiter du Sud
Comme dans Midi Festival on entendait surtout midi, nous étions fous comme en vacances. Quand on a nappé ses bottes de boue à Dour ou porté un ciré en capote aux Eurockéennes, on se dit que quand même, le Midi Festival ils s’emmerdent pas, et nous non plus. Avec ses filles en mini-shorts et ses garçons torses nus, la plage de l’Almanarre ressemble le dimanche à un Spring Break qui tape, au son de Magic Crew, (même si on n’a jamais su qui mixait vraiment). Le soleil, le vent qui permet de ne pas mourir d’une insolation combinée à une sérieuse gueule de bois, l’horizon sur lequel dansent 1000 véliplanchistes et kitesurfeurs… Un son électrique, grisant. On a dansé sur du Grimes, du Washed Out et même… du Beyoncé. L’Almanarre ou le paradis des corps languissants.
En prendre pour son grade
Après le classique apéro-pinède non loin de l’Hippodrome, nous arrivons pour la fin de Arthur Beatrice et attendons surtout le grand Thurston Moore, tout de cheveux vêtu. Dès le début (et surtout au début), on a comme l’impression d’assister à un concert donné en 1991, avec un peu moins de violence peut-être mais une grande énergie musicale. Thurston Moore et sa violoniste s’appliquent à faire vibrer les amplis. Nous commençons à transpirer quand Bon Iver arrive sur scène munit d’artillerie lourde et d’un décor complet. Un vrai contraste avec le grunge un peu sale de Thurston Moore. Tout d’un coup l’ambiance se tamise, le soleil termine de se coucher, et Bon Iverr et son chanteur Justin Vernon nous emmènent loin d’ici… Un concert magnifique, bien qu’assez plombant. Nous quittons l’Hippodrome agréablement groggys pour continuer la soirée sur la plage. Ce sont des cris délirants et à moitié hystériques qui nous accueillent à l’Almanarre. Sur scène Amine Edge est en communion avec son public. Comme drogué, je me retrouve seul, les yeux fermés, bougeant mon corps, tel un punk à chien devant le caisson dans la foret, à part que là c’est les pieds dans le sable, et la mer à moins d’un mètre. Lorsque je ré-ouvre les yeux, je réalise qu’une heure et demie s’est écoulée, la braise incandescente s’est éteinte dans ma main.
Dire au revoir
La dernière soirée, à la Villa Noailles a des airs de fin de colonie de vacances. On espère faire durer le plaisir. Nous aimons la classe grinçante de Gabriel Bruce et ses choristes plus qu’enthousiastes. L’énorme découverte de la soirée (et du Midi Festival) c’est pour moi Palma Violets, quatre anglais presque à peine sortis de l’adolescence. Elle tombe amoureuse. La comparaison avec Joy Division est presque inévitable mais ce groupe new rock wave punk a troqué le noir et la brume pour un univers coloré et chargé d’acide. L’interlude qui précède Money est vraiment long et le hot-dog beaucoup trop cher ( 3 tickets ) mais une fois les anglais de Manchester sur scène, le public s’abandonne. Pour la suite, la prestation énergique de Nite Jewels nous laisse en revanche un peu indifférents malgré cette « Second of Love » entonnée par l’ensemble du public, même ceux cachés dans la pinède. Nous nous baladons et profitons du site de la Villa Noailles. Frànçois & the Atlas Mountain s’installent sur scène. Ils sont visiblement heureux d’être là, et nous offriront même un hommage chaleureux à Animal Collective présents sur cette scène de la Villa en 2007. Ils nous délivrent ensuite une bien jolie performance, faite de chansons douces et planantes ou de rythmes hypnotiques propres et sans accrocs. Camille, un peu déçue par cette clôture, pense que le titre « Soyons les plus beaux » pourrait finir chanté par les Enfoirés, au même titre que « Tout le bonheur du monde ». C’est un peu la fin du festival qui la rend triste je crois. Il s’achève dans un feu d’artifice, à plus de 10 sur scène avec la participation du duo Zombie Zombie et d’un Étienne Jaumet au saxophone totalement survolté. Des rumeurs d’after qui tombent à l’eau, il est temps pour nous de reprendre la voiture pour Marseille. Sur la route, penser à s’arrêter en station pour aspirer les aiguilles de pin qui jonchent le sol de la Twingo noire qu’il faut rendre aux parents. Sans hésiter, se dire que l’on reviendra l’an prochain.
Palma Violets – Best of Friends | Clip
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