« Nuits Silencieuses » de Till Lindemann / La nuit, je mens en allemand

Le chanteur de Rammstein est publié pour la première fois en français.

L’actualité francophone de l’auteur-compositeur Till Lindemann n’est donc pas seulement son duo avec Zaz. Initialement paru en 2013, Nuits Silencieuses est son deuxième ouvrage, après Messer en 2002 et 100 Gedichte l’an dernier. Mais c’est bien la première fois que sa poésie est transcrite dans la langue de Molière, grâce à la traductrice Emma Wolff.

Les trois ouvrages de Till Lindemann sont tous des recueils de poèmes et l’on y reconnaît sans peine sa verve saillante, ses mots tranchants comme des lames et son humour au goût de sang et de larmes. C’est un sacré défi de prendre ses poèmes plein de sperme et de boue, de les agripper telle une anguille et de les coucher sur papier comme on récite un haïku qui parle de cul.

Trois fois par jour on doit manger

Ne pas oublier de faire les courses et pisser

Pour Noël envoyer des paquets

Une fois par semaine baiser

Important
Till Lindemann

Une chose est sûre : la collection L’Iconopop (aux éditions de l’Iconoclaste) a une fois de plus fait des merveilles. Ce petit ouvrage fougueux bénéficie d’une mise en images gothique de Matthias Matthies, d’un avant-propos stimulant et d’une note finale de la traductrice. Tous apportent leur éclairage à la littérature noire d’encre de Till, qui fait mal mais qui soulage comme un exutoire barbare.

Comment peux-tu rêver

que je te dise

ce que j’ose à peine penser

Je t’aime

Pour tous les afocionados de Rammstein qui, comme moi, sont restés bloqués sur leur dernier concert avec eux, ce livre est une évidence tant il prolonge leur univers. Pour tous les autres et les curieux, l’ouvrage se verra comme une sorte d’hommage posthume de Till à son père alcoolique, écrivain et poète pour enfants, qu’il haïssait tant.

Nuits Silencieuses est disponible dans la collection L’Iconopop, dirigée par Cécile Coulon et Alexandre Bord.

Un amour, une promesse
Je disais que je reviendrais auprès de toi
Hélas, je dois rompre ma promesse
J’ai sa balle dans le corps

Un amour, deux pistolets
L’un vise mon visage
Il dit que je t’aurais volé
Que tu m’aimes, ça il ne le sait pas

Sable rouge et deux cartouches
L’une meurt dans le baiser de la poudre
La deuxième ne doit pas rater sa cible
Elle est maintenant fichée profondément dans ma poitrine

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *