Blackthorn de Mateo Gil – USA – 1H32. Sortie le 31 août 2011.
Dans les montagnes boliviennes vit James Blackthorn, un « gringo » éleveur de chevaux qui n’aspire qu’à rentrer dans son ouest natal retrouver son fils. Mais derrière ce cow-boy vieillissant se cache en réalité Butch Cassidy, passé pour mort depuis plus de 20 ans. Alors qu’il s’apprête à quitter le pays, sa route croise celui d’un ingénieur espagnol traqué, avec qui il entamera un long périple.
Blackthorn est le premier long-métrage de Mateo Gil, acolyte scénariste d’Amenabar, s’inscrivant dans cette veine du néo-western (L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, True Grit) et de ces codes que l’on pensait oublié, tout en lui apportant une touche étrangement mélancolique. Car si l’introduction dénote d’un choix très classique dans le traitement, celui-ci est immédiatement contrebalancé par les paysages verdoyants de l’Amérique du Sud, bien loin des plaines désertiques de John Ford. Le décor posé, on comprend alors rapidement que les contrastes, les antagonismes et évidemment la résistance ou l’adaptation seront les thèmes qui porteront le métrage de bout en bout.
Respectueux de l’héritage de ses ainés, le réalisateur ne fait pas pour autant une redite du genre, s’intéressant d’avantage à la fin d’une époque. Terminées les conquêtes et la découverte : il est temps pour Butch de laisser derrière lui ses velléités de rébellion. Loin d’être devenu un personnage cynique ou taciturne, Sam Shepard interprète avec brio un criminel apaisé, presque solaire, dont les valeurs inchangées lui ont probablement permis de rester en vie jusqu’à présent.
Shepard porte d’ailleurs le film sur ses épaules, éclipsant un Eduardo Noriega un peu fade. Leur relation sera donc reléguée au second plan, l’intérêt de Blackthorn résidant essentiellement dans le cheminement de son héros. A mesure qu’il s’aventure dans des contrées de plus en plus arides – jusqu’à la magnifique traversée du désert de sel de Uyuni – les souvenirs de son ancienne amitié avec le Kid lui reviennent en flash-back et il semble alors enfin prendre conscience de son âge. Entre mythologie et réalité, Butch Cassidy évolue en effet dans un monde sans cesse en mouvement, où peu à peu chevaux et colts laissent place aux avancées techniques et sociales. Gil n’omet pas pour autant de pointer les conséquences néfastes de l’émergence de ce capitalisme, tant sur l’homme que sur la nature qui l’entoure, mais sans jamais appuyer son propos de démonstration indigestes.
Manquant parfois d’aspérités, Gil nous livre en tout cas avec Blackthorn un western poétique et gracieux sur l’achèvement d’un parcours, qui ne marque pas une fin définitive mais plutôt la naissance d’une nouvelle ère, pleine de promesses.
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