The Mercy Stone est une nouvelle tentative de mariage entre le Metal et la musique classique et pour une fois, ça marche. Décryptage
Quand on me dit crossover musique classique – rock, en général, j’imagine le pire : Rondo Venezziano, Apocalyptika reprenant Metallica au violoncelle (oui, je trouve ça nul, j’ai le droit non?), les mêmes Metallica faisant un concert avec un orchestre au grand complet, le Metal Symphonique… bref je n’accroche pas trop au genre qui consiste à jouer du Metal avec un orchestre et encore moins à celui consistant à jouer de la musique classique avec une guitare électrique. Il y a des mariages qui ont du sens, et d’autres qui n’en ont pas. Le problème en l’occurence, c’est que ces expériences consistent à utiliser des instruments qui ne sont pas ceux pour lesquels les morceaux ont été composés. Oui mais, imaginez qu’un compositeur décide de créer une partition destinée à être interprétée par un orchestre de musique classique mais en essayant de lui insuffler un esprit Rock ou Metal. Qu’est-ce que ça pourrait bien donner ?
The Mercy Stone, fusion réussie entre classique et metal
The Mercy Stone est un groupe de douze musicien qui abat les cloisons entre Rock, Jazz et Classique en interprétant une composition originale destinée à un orchestre acoustique mais pensé comme du Rock ou du Metal. Le groupe comprend des instruments amplifiés et d’autres acoustiques, des instruments issus du monde du rock (guitare, basse électrique) et d’autres qu’on est plus habitués à voir dans des orchestres philharmoniques ou des ensembles de jazz (notamment un saxo très présent). Ce projet un peu fou a été fondé en 2016 à l’initiative du guitariste et compositeur Scott Grady. Après avoir consacré plusieurs années à l’étude et à la composition dans une formation académique, Grady s’est attaqué à un projet contemporain qui puisse réconcilier fans de classique oldschool (pléonasme), de jazz débridé et de rock déjanté. Conscient des pièges d’un crossover de styles opposés, Grady a longtemps bossé son projet et recherché à y intégrer des influences très variées, aussi bien géographiquement que stylistiquement et bien sûr les propres goûts, eux-mêmes plutôt éclectiques, du compositeur. Le résultat de cette expérience, c’est un premier album, sorti début septembre 2017 : Ghettoblaster.
Malgré toutes les bonnes intentions, on cherche où sont le Rock ou le Metal . A l’oreille, The Mercy Stone c’est essentiellement du Jazz et de la musique classique. Peut-être faut-il creuser sous les instrus, peut-être que l’exercice est un poil trop intellectuel et “scientifique”. Ou peut-être que le Metal, c’est une musique qui doit être amplifiée ? Peut-être qu’on préfère écouter un groupe de metal jouer du metal avec des instruments faits pour le metal qu’un orchestre classique faire de même, tout simplement parce que le son qu’on aime dans le metal passe par des câbles pour être amplifié par des amplis et recraché par des enceintes, les potards dans le rouge et les oreilles en sang! C’est en tout cas ma vision du truc.
Toutefois, comme il ne faut pas jeter bébé avec l’eau du bain, The Mercy Stone est un projet plutôt cool et émouvant et malgré un concept un peu académique on ne peut reprocher à l’auteur ni aux interprètes de sacrifier la finalité sur l’autel de la nécessité. The Mercy Stone s’apprécie en soi, qu’on cherche ou non y trouver des traces de Rock ou de Metal, juste parce que la musique est cool et l’idée, ma foi, plutôt originale et bien conduite.