Charles Bukowski, écrivain de l’ivresse

Et si, aujourd’hui, nous faisions preuve d’une audace folle. Oui, intrépides que nous sommes, nous allons traiter d’un sujet hautement inattendu sur ce blog. Évoquons donc l’immense Charles Bukowski.

À vrai dire, quand on parle de Bukowski, on fait rapidement l’association avec l’alcool. Et ce n’est pas seulement en raison du nom de cet incroyable outil d’enrichissement culturel que vous consultez actuellement. Non, si la simple évocation de Charles Bukowski entraîne l’esprit dans des contrées fiévreuses aux vapeurs enivrantes, c’est parce qu’il est l’écrivain de cet état second.

Bukowski ne connaît pas demi-mesure, tout est intense avec lui. Quand il aime, il aime farouchement c’est ainsi. La littérature n’échappe évidemment pas à la règle. Fante, Dostoïevski, Céline, Rimbaud, parmi d’autres, sont ses missels. Et franchement, est-ce qu’on s’arrête de lire ou d’écrire parce qu’on aime ça ? Non, c’est pareil avec la bière. Certes, on pourrait se dire que la vie de Chinaski n’est qu’une très longue cuite jalonnée de paragraphes et autres strophes. Cette autodestruction à coup de divers breuvages, il la clame d’ailleurs dans son œuvre. Toutefois, réduire Bukowski à l’état de pochtron est aussi pertinent que de définir à Beethoven par sa surdité.

« I’m still alive / and have the ability to expell / wastes from my body / and poems. »

Bukowski est l’écrivain de l’ivresse dans tout ce qu’elle comporte, de l’euphorie à la gueule de bois. Pour Charles, la vie est à prendre dans sa globalité, des sommets au tréfonds. Il est sans concession et sans filtre en dépit des conséquences. Il émane une pureté de Bukowski. Peu importe d’évoquer les immondices ou d’exprimer la beauté, il prend ce bas monde dans sa globalité. On aime comme on déteste chez Bukowski, c’est-à-dire de manière authentique et avec simplicité. « Enivrez-vous » clamait un autre Charles B., « de vin, de poésie ou de vertu » précisait-il. Faut croire que le message a été pris au pied de la lettre.

Permettez-moi d’en revenir à l’attrait de Bukowski pour Rimbaud (je les aime vachement ces deux, c’est pour ça). J’ai dans l’idée que le rapprochement entre eux n’a rien de loufoque. Alors que ce cher Arthur a mis la poésie au centre de sa vie, du moins temporairement, Bukowski a mis la vie au centre de sa poésie, constamment. Parce que c’est bien ça son sujet de prédilection à Charles. La vie, cette putain de vie, celle qui fait de nous un « vieux dégueulasse », un ivrogne pour qui la bagarre au bar n’est qu’une occupation comme une autre. Oui cette putain de vie, qui nous fait pleurer tant on aime, tant nos paradoxes nous rongent et nous détruisent. La vie, enfin, celle que les écorchés affrontent avec une acuité si douloureuse. Et c’est bien cette sensibilité exacerbée que l’on retrouve dans les bouquins de Bukowski.

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