« Oasis ou la revanche des ploucs » / Le père Noel (Gallagher) est-il une ordure ?

Cet essai intelligent et bien troussé propose une approche politique du groupe mancunien.

Quiconque a entendu parler de Manchester sait à quel point la ferveur des supporters continue de marquer la ville. United ou City, choisis ton camp. Et il faut croire que cette fois le destin est du côté des frères Gallagher : tout sourit à leur club de Manchester City, champion d’Angleterre pour la 7e fois et finaliste de la Ligue des Champions samedi prochain à Porto.

 

Liam le cadet et Noel l’aîné ont grandi dans cette banlieue industrielle où les perspectives d’avenir sont aussi déprimantes qu’un ciel gris au mois de mai. Malpolis, mal élevés, ils ont gardé l’arrogance de ceux qui n’ont rien à perdre.

Liam & Noel (photo : Rankin)

L’essai de Nico Prat et Benjamin Durand « Oasis ou la revanche des ploucs » relate leur ascension. À la moitié des années 90, leur deuxième album « (What’s the Story) Morning Glory? » s’écoule à 22 millions d’exemplaires. Wonderwall, She’s Electric, Champagne Supernova, Don’t Look Back in Anger … qu’est-ce que j’ai pu le saigner celui-là. Un disque-hymne, devenu par hasard la bande-son du monde. Déjà un aboutissement pour les frères, eux qui n’ont jamais caché leur admiration pour un autre groupe british non-londonien : les Beatles de Liverpool.

« You don’t have to be great to be successful. Look at Phil Collins. »

Noel Gallagher

Cette volonté fédératrice, on la retrouve à chaque couplet, à chaque refrain chanté par Liam. Comme si Noel le songwriter voulait nous embarquer avec lui, loin d’un quotidien morose. Sally can wait ? Wonderwall ? On cherche encore le sens exact de certaines paroles, mais peu importe : ça fonctionne.

« Oasis ou la revanche des ploucs » offre une perspective étonnante : comment cette apogée de la Britpop s’est synchronisée avec le renouveau d’un pays qui dit adieu à 10 ans de Thatchérisme. Coïncidence ? Un an après Morning Glory, Tony Blair débarque, les Spice Girls aussi, et le Royaume-Uni remporte l’Eurovision pour la dernière fois de son histoire.

« Everyone knows that if you’ve got a brother, you’re going to fight. »

Liam Gallagher

Mais chaque médaille a son revers : on a beau ne pas y croire, l’argent et le succès n’assurent pas d’être heureux. Les querelles reprennent le dessus et en 2009, le jour de leur concert à Rock en Seine, Noel annonce la terrible nouvelle : Oasis n’est plus.

It is with some sadness and great relief…I quit Oasis tonight. People will write and say what they like, but I simply could not go on working with Liam a day longer.

Chacun s’est consolé depuis avec les carrières solo des deux frangins. En tout cas, le livre de Durand et Prat reste un incontournable pour tous les fans de la première heure, tant il fourmille d’anecdotes. Et pour les quasi-néophytes comme moi, il constitue une parfaite entrée en matière dans les ambitions et déchéances du groupe. And after all… we were all just bricks in the (wonder)wall.

« Oasis ou la revanche des ploucs » est disponible en librairie jeudi 20 mai ou sur le site de Playlist Society.

 

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